Le cadre de réception avait été complètement abandonné
depuis plusieurs années, et, en général, tout poste de T. S. F.
récent fonctionne uniquement sur antenne, celle-ci étant d’ailleurs, à tort ou
à raison, réduite souvent à un simple morceau de fil isolé tendu n’importe
où !
Nous voyons cependant apparaître de nouveau, peu à peu, des
postes à cadre, mais bien différents des appareils d’autrefois, et établis
également suivant des principes très différents.
Les postes à cadre modernes sont des appareils dont le
principal mérite est d’être autonomes, de pouvoir fonctionner sans
aucune installation extérieure, et surtout de présenter des qualités
antiparasites particulières. La plupart de ces appareils sont, d’ailleurs,
des modèles mixtes pouvant fonctionner à volonté, soit sur cadre, soit
sur antenne.
Un cadre peut également être utilisé avec un récepteur
ordinaire destiné à la réception sur antenne, et sur prise de terre :
mais l’efficacité des résultats obtenus est quelquefois moins complète. Il ne
faut pas croire, d’ailleurs, que l’emploi du cadre constitue une panacée
universelle permettant, en tous les cas, d’améliorer la réception, et d’éviter
complètement les perturbations parasites !
Il faut se rendre compte, tout d’abord, que l’action
antiparasite du cadre est beaucoup plus difficile à obtenir avec un poste
secteur qu’avec un appareil d’ancien modèle à batteries, ou même de modèle plus
récent, également à batteries.
Un poste batteries n’est, en effet, relié, par principe, à
aucune ligne d’alimentation, et il est complètement autonome ; les
perturbations parasites ne peuvent lui parvenir directement, et seulement par
des effets d’induction. L’action directive du cadre est alors très nette et
rend possible l’élimination, ou, tout au moins, l’atténuation, des parasites, à
condition seulement qu’ils parviennent d’une direction bien déterminée.
Avec le poste-secteur, qu’il s’agisse d’un appareil pour
courant alternatif ou du type « tous courants », pour courant
alternatif ou continu, les conditions sont assez différentes. Le réseau
d’alimentation, surtout s’il est aérien, constitue un véritable collecteur
d’ondes, ce qui explique, en particulier, pourquoi il est souvent possible
d’obtenir des réceptions d’émissions lointaines sans antenne apparente et avec
une simple prise de terre. Ce collecteur d’ondes « invisible » est
généralement plus efficace que le cadre lui-même, et l’effet directif devient
alors beaucoup moins net.
Les fils du secteur ne recueillent pas seulement les ondes
radiophoniques, mais aussi les perturbations de toutes sortes, atmosphériques
ou industrielles. Dans certains cas, il ne servirait donc à rien d’utiliser un
récepteur à cadre avec un poste secteur, si l’on ne prenait pas certaines
précautions.
À ce propos, un récepteur « tous courants » est
certainement plus sensible aux parasites provenant du secteur qu’un appareil
pour courant alternatif. Un poste à courant alternatif comporte, en effet, un
transformateur d’alimentation, dont l’enroulement primaire est relié au
secteur, et les enroulements secondaires servent pour le chauffage des
filaments et l’alimentation haute tension. Si le transformateur est bien
construit, et comporte même un écran entre les enroulements, il arrête déjà, en
grande partie, les parasites haute fréquence, en laissant passage, évidemment,
au courant d’alimentation normal.
Rien de plus facile, d’ailleurs, que de disposer sur la
prise de courant d’alimentation un filtre éliminant vers la terre, en grande
partie, les perturbations haute fréquence. Un tel filtre peut être formé, sous
sa forme la plus simple, de deux condensateurs, de 5/1000 de microfarad à 2 microfarads,
essayés à 500 volts pour un secteur de 110 volts ou à 1.000 volts
pour un secteur de 220 volts. Une armature de chacun des condensateurs est
reliée à un fil du secteur par l’intermédiaire d’un fusible ; les
armatures libres sont connectées ensemble, et à une bonne prise de terre.
On trouve dans le commerce des bouchons-filtres simples
s’adaptant sur le câble d’alimentation, entre la prise de courant murale et le
« bouchon » à fiches d’alimentation du récepteur ; ces
dispositifs portent une borne qu’il suffit de relier à la prise de terre par un
conducteur. On trouve des modèles plus complexes et plus coûteux, mais ils ne
donnent pas toujours des résultats très supérieurs.
Il est impossible, a priori, d’affirmer qu’un
bouchon-filtre évitera sûrement la transmission des oscillations parasites
haute fréquence vers le récepteur ; il s’agit de cas d’espèces, et seule
l’expérience peut renseigner utilement. En tout cas, lorsqu’on veut utiliser un
cadre pour éliminer ou atténuer l’action des parasites, il est nécessaire, avec
un poste secteur, d’essayer un dispositif de ce genre, arrêtant au passage les
courants parasites du réseau, et dont l’emploi est toujours très simple.
L’essai d’un cadre peut également être fait sans grands
frais, rappelons-le, en utilisant un appareil quelconque destiné normalement à
être relié à une antenne et à une prise de terre, et en reliant cet appareil
ordinaire à un cadre récepteur simple, dont on trouve facilement des modèles
dans le commerce, et qui peuvent même être construits aisément par un
sans-filiste n’ayant aucune notion technique.
Les premiers cadres employés étaient destinés à être
utilisés avec des appareils destinés à fonctionner uniquement sur cadre. Il ne
doit plus en être de même aujourd’hui, puisqu’on doit pouvoir les adapter à un
poste à antenne à réglage unique.
Le cadre utilisé est donc accordé avec plus ou moins de
précision, au moyen d’un condensateur variable de 0,5/1000 de microfarad monté
en parallèle sur l’enroulement. Mais, le circuit ainsi formé n’est pas relié
directement aux bornes d’entrée terre et antenne du récepteur ; on
intercale dans la connexion de la borne d’antenne une capacité ajustable de liaison,
de l’ordre de 0,1/1000 de microfarad.
Bien souvent, il existe même sur le récepteur différentes
bornes de prise d’antenne destinées à des antennes de différentes longueurs et
les bornes pour les antennes longues comportent en série de petits condensateurs
d’adaptation. Ces condensateurs peuvent jouer le rôle de la capacité de liaison
précédente, et il suffit même, dans ce cas, de relier simplement les deux
bornes du cadre aux bornes « terre » et « grande antenne »
du poste, sans avoir aucun condensateur additionnel à employer.
Comment se sert-on d’un récepteur ordinaire auquel on a
adapté un cadre ? La recherche des émissions s’effectue comme si le poste
était connecté normalement à l’antenne et à la prise de terre, et en agissant
sur le bouton de réglage unique ordinaire. Une fois l’audition de l’émission
cherchée obtenue, tout au moins dans des conditions minima, on améliore ce
premier résultat, en agissant sur le condensateur d’accord spécial du cadre.
Il ne faut pas oublier l’action directive de ce
dernier ; le plan du cadre doit être dirigé dans la direction du poste
émetteur, dont on veut entendre l’émission, et, pour éviter l’action des
parasites, il faut, au contraire, le diriger perpendiculairement à la direction
supposée des perturbations parasites. Il y a donc une certaine orientation de
compromis qu’on trouvera par la pratique, en orientant le cadre à la main, et
en cherchant comment varient l’intensité et la qualité de l’audition suivant la
position.
Comme nous venons de le rappeler, la construction d’un cadre
d’essai est une opération extrêmement facile, même sans aucune connaissance
technique particulière. Un cadre est un simple enroulement de grande surface en
fil de cuivre isolé ; pour le réaliser, on peut utiliser du fil isolé au
coton ou à la soie de 8/10 de millimètre de diamètre, qu’on enroulera sur un
support non métallique quelconque, par exemple sur un cadre en bois de 70
centimètres de haut et de 20 centimètres de large. Pour la réception des
« petites ondes », c’est-à-dire des émissions de 200 à 500 mètres
de longueur, on enroulera 12 spires écartées de 15 millimètres ;
pour la réception des ondes longues, c’est-à-dire des émissions de 1.000 à
2.000 mètres, on emploiera 40 à 45 spires qui seront, de même, reliées à
des bornes disposées sur le socle de l’appareil.
Le système est ainsi peu coûteux, et il suffit de relier ses
bornes aux bornes « antenne » et « terre » du récepteur,
pour déterminer dans quelles conditions ce procédé peut améliorer la réception.
A. RONGÈRE,
Ingénieur Radio.
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