Nous avons vu que poissons, œufs, lait, fromages, légumes
secs et fruits gras étaient très riches en matières azotées et pouvaient
avantageusement remplacer la viande dans les menus. Mais certaines préparations
culinaires, qui permettent d’associer plusieurs aliments courants, peuvent
aussi jouer un rôle de remplacement vis-à-vis de la viande. Voici quelques-unes
de ces recettes :
I. Soupes à base de lait ou d’œufs pour repas sans
viande.
1° Soupe à l’œuf.
— Pour six personnes, mettre à bouillir 2 litres
d’eau (ou de préférence 2 litres d’eau de cuisson de légumes
quelconques : haricots verts, carottes, navets, choux-fleurs, etc.) ;
saler ; quand l’eau bout, laisser tomber en pluie une cuillerée de petites
pâtes par personne (ou l’équivalent de vermicelle) ; baisser le feu et
laisser cuire cinq minutes. Pendant ce temps, bien battre 2 ou 3 œufs dans
une soupière, ajouter une noix de beurre ; verser le potage petit à petit
en tournant constamment (si on ajoute le potage en trop grande quantité à la fois,
le potage se « brosse »).
Cette soupe, abondante, qui contient suffisamment de
matières azotées d’origine animale (œufs) et végétale (pâtes) peut
s’accompagner de mets pauvres en azote.
EXEMPLE. — Soupe à l’œuf, pommes de terre en robe des
champs au beurre, fruits aqueux : pommes ou prunes, constitue un menu
complet, suffisant et économique surtout entre mars et septembre où les œufs
frais sont bon marché.
2° Soupe à l’oseille.
— D’une part, faire blanchir une grosse poignée
d’oseille lavée et triée ; d’autre part, faire cuire quelques pommes de
terre ; passer le tout au moulin à légumes ; ajouter 1 litre et
demi de lait pour six personnes. Saler. Laisser cuire quelques minutes. Verser
sur des croûtons frits (ou mieux dorés à sec dans une poêle) et ajouter un
morceau de beurre (on peut préparer une soupe à goût différent, à valeur
nutritive sensiblement égale en remplaçant l’oseille par du cresson que l’on
hache très menu).
Cette soupe, comme la précédente, peut s’accompagner de mets
pauvres en azote.
EXEMPLE. — Soupe au lait et à l’oseille, carottes sauce
poulette, noix et dattes.
3° Soupe au lait et au riz.
— Dans 1 litre de lait bouillant, salé, jeter 4 cuillerées
de riz bien lavé. Laisser cuire trente-cinq à quarante minutes en remuant de
temps en temps. Au moment de servir, ajouter un peu de lait — ou de
bouillon de légumes — pour obtenir la consistance désirée. Servir avec des
mets peu azotés.
4° Potage beauceron.
— Faire frire des croûtons, ou mieux les faire rôtir à
sec dans une poêle (ils sont ainsi bien plus digestibles), les corps gras cuits
étant lourds à certains estomacs et peu recommandés pour les enfants
spécialement. Quand ils sont bien dorés, verser dessus du lait bouillant
légèrement salé.
Servir avec des mets peu azotés.
EXEMPLE. — Potage beauceron, haricots verts sautés au
beurre, amandes fraîches ou fruits séchés cuits.
5° Potage au quaker-oat ou aux flocons d’avoine.
— Dans 2 litres d’eau de cuisson de légumes
bouillante et salée, verser en pluie 6 cuillerées à soupe de flocons
d’avoine ; laisser cuire doucement en remuant pendant cinq minutes. Verser
encore bouillant sur 2 œufs bien battus et additionnés d’une noix de
beurre.
Les flocons d’avoine sont très riches à la fois en aliments
simples azotés, en hydrates de carbone, en sels minéraux et en vitamines. En
ajoutant œufs et beurre, on augmente encore la proportion d’albuminoïdes et on
fournit des corps gras.
EXEMPLE. — Potage au quaker-oat, salade russe (mélange
de toutes sortes de légumes préalablement cuits à l’eau ou à la vapeur),
fromages frais.
II. Quelques mets à base de lait, de fromage ou d’œufs
pour repas sans viande.
1° Gratin dauphinois.
— Pour 1 kilogramme de pommes de terre, prendre 1 litre
de lait et 150 grammes de fromage râpé (suffisant pour 6 personnes),
éplucher les pommes de terre, les couper en rondelles très minces, les disposer
par couches alternées avec le fromage dans un plat creux un peu profond allant
au four ; saupoudrer de sel et de poivre, mettre de place en place
quelques morceaux de beurre, verser le lait et mettre au four. Faire gratiner
une heure, jusqu’à ce que le dessus soit pris en croûte bien dorée, tandis que
l’intérieur est devenu crémeux et onctueux.
Par le lait et le fromage qu’il contient, ce mets est
suffisamment azoté pour remplacer un plat de viande ; les pommes de terre
apportent, d’autre part, une forte proportion d’hydrates de carbone. C’est là
un « plat de résistance », capable de fournir un grand nombre de
calories, et qui doit être accompagné d’autres mets peu azotés et pauvres en calories.
EXEMPLE. — Beurre et olives, gratin dauphinois, salade
de poireaux, dattes ou confitures.
2° Gnoquis.
— Faire bouillir 3/4 de litre de lait ; y jeter en
pluie 5 cuillerées de semoule fine et laisser cuire dix minutes. Retirer
du feu et ajouter 3 œufs. Bien tourner et incorporer 60 grammes de
fromage râpé. Bien mélanger le tout et laisser reposer deux heures environ.
Sur un plat beurré, étendre le mélange ou à volonté en faire
de petits tas réguliers. Saupoudrer de fromage râpé et poser quelques noisettes
de beurre, ici et là. Mettre gratiner au four et servir bien doré.
Par le lait, le fromage, les œufs qu’il contient, ce mets
est suffisamment azoté pour remplacer un plat de viande ; la semoule
apporte en plus d’un peu d’azote végétal une forte proportion d’hydrates de
carbone. C’est là aussi un « plat de résistance », suffisant pour 6 personnes,
qui doit être accompagné de mets peu azotés et pauvres en calories.
EXEMPLE. — Salade de tomates, gnoquis à la semoule,
haricots verts sautés au beurre ; fruits crus.
3° Macaroni au gratin et au lait.
— Pour six personnes, faire bouillir 1 litre de
lait légèrement salé, ajouter 3/4 de livre de macaroni et faire cuire sept à
huit minutes. Beurrer, d’autre part, un plat allant au four, y disposer une
couche de macaroni, une couche de fromage râpé, terminer par une couche de
fromage, ajouter le lait qui peut rester de la cuisson des macaronis, un peu de
beurre, et faire gratiner au four jusqu’à ce que le dessus soit bien doré.
Ce mets peut encore remplacer la viande : lait, fromage
et macaroni apportent assez d’azote animal et végétal ; d’autre part, les
macaronis contiennent une forte proportion d’hydrates de carbone. Pour bien
équilibrer le menu, ajouter à ce « plat de résistance » des légumes
et fruits peu nourrissants, mais riches en sels minéraux, vitamines et
cellulose.
EXEMPLE. — Radis et beurre, macaronis au gratin et au
lait, épinards en purée, confitures (hiver) ou fruits crus (été).
4° Soufflé au fromage.
— Pour six personnes, prendre 4 œufs, 2 cuillerées
de farine bien pleines, 1/2 litre de lait, 30 grammes de beurre, 100 grammes
de fromage râpé. Faire une pâte avec le beurre fondu, la farine, le lait tiède.
Ajouter la moitié du fromage. Quand la pâte est refroidie, mettre les jaunes
d’œufs, le reste du fromage, les blancs battus en neige. Verser dans un moule
beurré profond et faire cuire à four assez chaud. Servir quand le dessus est
bien doré.
Ce plat est très nourrissant et suffisamment azoté. Ajouter
des légumes frais et des fruits.
EXEMPLE. — Salade de laitue, soufflé au fromage ;
petits pois au beurre ; fruits crus.
A. PEYREFITTE.
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