Nous avons, dans un article précédent intitulé : Les
perdrix de volières, indiqué que cette appellation était donnée aux perdrix
n’ayant jamais connu la liberté, par opposition aux perdrix sauvages qui, au
cours de tout ou partie de leur existence, n’ont pas été tenues captives.
Pendant longtemps, l’on n’a pu élever en volière que des
perdrix familières. Chaque fois que l’on y avait mis des perdrix sauvages,
elles s’étaient tuées contre les grillages en s’élançant fortement du sol,
cherchant à s’échapper, ou, quand elles ne se tuaient pas, du moins ne
reproduisaient-elles pas, car elles vivaient dans un continuel état
d’inquiétude.
Quand mon père eut inventé l’entrave, comme je l’ai expliqué
le mois dernier, cela lui permit de faire des essais avec des couples de
perdrix sauvages et, en quelques années, il créa la méthode Dannin pour la
reproduction des perdrix qui est définie de la façon suivante : cette
méthode consiste à mettre dans des parquets non couverts des couples de perdrix
sauvages entravées et à les y laisser s’y reproduire naturellement.
Si le terrain est bien aménagé, les oiseaux sans tare et la
nourriture choisie, on arrive à d’excellents résultats.
La méthode est basée sur les lois de la reproduction des
perdrix en liberté. Qu’arrive-t-il au moment de la pariade ? Les oiseaux
se choisissent, puis, une fois accouplés, s’éloignent des autres couples, car
il leur faut un terrain suffisant où glaner leur subsistance. C’est ce qu’on
appelle la loi de densité, en vertu de laquelle un territoire, au printemps, ne
peut contenir plus d’un certain nombre de couples. Dans cette méthode, en
plaçant les couples dans des parquets voisins les uns des autres, mais avec une
matière opaque à la base pour qu’ils ne puissent se voir et dans lesquels on
les nourrit, on arrive à mettre, sur un terrain d’un hectare divisé en
parquets, soixante-quinze couples de perdrix.
Ces perdrix entravées pondent, couvent et élèvent leurs
jeunes comme en liberté.
On peut, quarante-huit heures après qu’ils sont éclos,
reprendre les jeunes et leurs parents dans les parquets et lâcher aux champs
toute la compagnie.
À cette époque, il n’y a pas à craindre que le grand nombre
d’oiseaux les fasse passer sur les chasses voisines. En effet, le sol est
riche, à ce moment, de nourritures de toutes sortes, ce qui assure largement la
subsistance des compagnies et, en outre, les perdreaux se fixent bien au sol
parce qu’ils y sont mis très jeunes en liberté.
Un des principaux avantages de ce procédé est que les
compagnies bien cantonnées restent isolées comme les compagnies naturelles et
ne se mettent jamais en bandes comme le font les perdrix élevées avec les
poules de ferme.
Parc de reproduction de perdrix.
— Un parc pour la reproduction des perdrix comporte
deux sortes de parquets : les parquets de conservation pour l’hiver et les
parquets de reproduction.
Le but de la figure est de montrer un ensemble des
enclos nécessaires pour que vingt couples de perdrix y fondent chacun une
famille.
Les parquets de conservation (au centre) occupent une
surface de 320 mètres pour vingt perdrix, soit 16 mètres carrés par
oiseau. Les parquets de reproduction nos 1 à 20 ont une surface
de 80 mètres carrés pour un couple de perdrix.
Si l’on veut faire un plus grand nombre de ces parquets, il
est bon d’augmenter aussi le nombre des parquets de conservation, car il vaut
mieux, en principe, ne pas avoir de bandes d’oiseaux dépassant le chiffre de 25.
Choix du terrain.
— Il n’est pas indifférent de placer les parquets à un
endroit ou à un autre, non plus que de les établir sur un sol quelconque. Comme
exposition, on choisira un terrain exposé à l’est, sinon au midi. On étudiera
le régime des vents, afin que les parquets ne soient pas mis à trop grand vent,
ce qui nuirait aux perdrix. Le sol ne sera pas compact, mais perméable ;
les terrains sablonneux ou de terre légère sont toujours les meilleurs.
Si l’on n’avait la possibilité que de s’établir sur un
terrain peu perméable, il faudrait assurer l’écoulement rapide des eaux au
moyen de fossés remplis de bourrées légèrement recouvertes de terre. Mieux
vaut, cependant, éviter ce genre de terrain.
En outre, il ne faut pas que les parquets soient dans un
bas-fond où ils risqueraient d’être humides ; la reproduction des perdrix
exige des terrains très sains.
Achat des perdrix.
— Les meilleures perdrix pour la reproduction sont les
perdrix françaises, quand elles viennent de propriétaires les ayant capturées
sur leurs terres, et qu’elles n’ont pas séjourné trop longtemps dans de petits
parquets.
Cependant, cette catégorie de perdrix est extrêmement rare
et l’on aura intérêt à acquérir des reproducteurs d’Europe centrale, car ils
donnent de très bons résultats.
C’est d’octobre à décembre que l’on se procure les perdrix
destinées à reproduire en parquets ; soit qu’on les capture sur chasse,
soit qu’on les achète au dehors.
Après les avoir entravées, on place les coqs et les poules
séparés par sexe dans les parquets de conservation et ils n’en sortent qu’à la
mi-février pour être mis par couples dans les parquets de reproduction.
Signalons que les croisements entre femelles de Bohême et mâles français
réussissent très bien.
René DANNIN.
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