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Trimorphisme diamétrique

En parcourant les standards des races canines (on devrait plutôt dire variétés canines, car les races se réduisent à un petit nombre), nous lisons : tête plutôt courte, tête plutôt large, etc., etc. ..., chaque fois nous objectons par rapport à quoi ?

Le trimorphisme diamétrique a été présenté par le professeur Baron, qui considérait que cette question était à la portée de tous et qu’il ne fallait pas être savant pour bien comprendre.

Le corps des mammifères, disait-il, renferme des éléments-longueurs, des éléments-largeurs, des éléments-épaisseurs, et c’est une grave erreur que d’évaluer les lignes corporelles au moyen d’une seule et même unité.

Lorsqu’on possède bien le sens de la forme, on explique très bien la nuance qui peut exister entre deux chiens de races différentes, et, avec de l’expérience, entre deux chiens d’une même race et aussi d’une même famille.

Prenons la tête. Vous vous servez de sa longueur pour mesurer les axes longitudinaux (bras, avant-bras, cuisse) et de sa largeur pour mesurer les axes latitudinaux (diamètre du cou, largeur de la poitrine, largeur du bassin).

Trois chiens peuvent être bien proportionnés, avoir des lignes harmoniques et appartenir à trois types différents.

Le premier peut être longiligne, le deuxième, médioligne, et le troisième, bréviligne.

La canimétrie (étude des rapports linéaires que présente un corps de chien) a entassé énormément de chiffres, mais beaucoup d’esprits y trouvent nature à critique impitoyable autant que facile, car, n’ayant aucune culture zootechnique de base, ils ne comprennent pas. Ils ont poussé l’idiotie jusqu’à déclarer qu’à côté de chez eux, dans les expositions, on a jugé par mensuration.

Impossible de faire comprendre, même à ceux qui peuvent comprendre, mais qui, par parti pris, ne veulent pas comprendre, que les mensurations prises sur des sujets excellents et champions ne servent qu’à établir Proportions et Indices.

Il ne s’agit pas de dire un chien est cob, il faut dire pourquoi ; on ne peut l’affirmer qu’avec les mensurations précitées longueur, largeur, épaisseur.

Alors, et seulement alors, vous obtiendrez des résultats très intéressants, à savoir que trois chiens : le premier, un épagneul, le deuxième, un lévrier, le troisième, un bouledogue, sont tous trois également canoniques.

Ceux qui jugent empiriquement et qui classent bien font usage du « Triple Canon », parce qu’il est simple. Un chien étant devant eux, ils portent certainement la longueur de sa tête tout le long de ses lignes longitudinales, la hauteur le long de ses lignes verticales et la largeur de la tête sur ses axes corporels transversaux.

Loin de nous toute idée de demander qu’on mensure la tête de tous les chiens, mais seulement de ceux qu’un premier impressionnisme met au premier rang, et ce afin d’obtenir des standards cotés afin de fixer les idées.

La méthode zootechnique qui est admise et officielle pour juger tous les animaux domestiques se démontrerait en canine incapable de supplanter l’empirisme, voilà ce qui étonnerait nos petits-neveux et qui donnerait une triste idée des dirigeants cynophiles ou prétendus tels en un siècle où tout se résout et progresse par le chiffre.

Trop de snobs, pour sacrifier à la mode, ont voulu créer des modèles nouveaux, qui violentent la nature ; ceux-ci sont heureusement très instables, parce qu’en rupture de ban vis-à-vis de la physiologie et de l’anatomie d’utilisation, et disparaissent rapidement.

La science exacte, déclarait Baron, n’a pas pour mission de révolutionner l’esthétique intuitive ; ce qu’elle a de mieux à faire, c’est de s’appuyer sur celle-ci et de chiffrer tout bonnement le Testimonium grosso modo du coup d’œil instinctif.

Dr HÉROUT,

Vétérinaire.

Le Chasseur Français N°602 Octobre 1941 Page 462