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Automobile

Conduite et entretien des gazogènes.

Nous avons eu l’occasion, dans ces colonnes, d’entretenir nos lecteurs sur les gazogènes : à bois, au charbon de bois, à l’anthracite, etc. ...

Aujourd’hui, nous allons dire quelques mots sur leur conduite et leur entretien. Pour simplifier la question, nous prendrons comme exemple les gazogènes à tuyère, fonctionnant au charbon de bois, ceux-ci étant de beaucoup plus nombreux que les appareils alimentés au bois. D’ailleurs, les lignes qui suivent peuvent également s’y rapporter sans que, pour cela, les considérations exposées varient beaucoup.

Conduite.

— Avant chaque sortie, vérifier la bonne fermeture de la porte du foyer. Jeter un regard à l’état du joint. Remplir le générateur de combustible en le tassant à l’aide d’un ringard, afin qu’aucun espace ne reste vide autour de la tuyère. Fermer la porte de la trémie.

Pour la mise en marche sur l’essence, avoir soin de mettre l’avance à l’allumage sur plein retard. Pour passer sur les gaz, ne pas emballer le moteur, afin de créer une bonne dépression dans la tuyauterie. Avec l’anthracite, bourrer la tuyère, avant l’allumage de l’anthracite, de braise menue ; repousser celle-ci à l’aide d’un morceau de bois rond jusqu’au nez de la tuyère. Cette braise facilite l’allumage de l’anthracite, toujours plus difficile à enflammer. Allumer le combustible en introduisant une torche ou topette préalablement trempée dans un mélange d’essence et d’huile par le trou de la tuyère. L’allumage se produit très rapidement.

Pour la marche normale au gaz, mettre toute l’avance à l’allumage, tout en réglant la commande de l’air de façon à obtenir le maximum de puissance et les plus franches reprises. En cas d’arrêt n’excédant pas une vingtaine de minutes, la remise en route doit pouvoir se faire directement sur les gaz. Si l’on prévoit un arrêt prolongé, une heure ou plus, on pourra soulever légèrement la porte de la trémie de façon qu’il se produise un léger tirage entretenant un petit foyer. Pour le départ, on tassera si possible le combustible par la porte de la trémie avec le ringard, ceci afin de faire disparaître toute poche qui aurait pu se produire. On fermera la porte de la trémie. On piquera le feu par la tuyère, puis on partira sur l’essence pour passer au plus vite sur les gaz. Pour la marche au ralenti, diminuer l’entrée de l’air avec la manette. Si le mélangeur est pourvu d’un aspirateur, on mettra tout d’abord en route celui-ci. Ouvrir auparavant la vanne ou papillon de l’aspirateur. On allumera à la tuyère à l’aide de la torche, comme indiqué plus haut. Au bout de deux ou trois minutes, la torche ou topette est présentée au tube de refoulement de l’aspirateur. Le gaz doit flamber en ronflant avec une belle flamme bleuâtre. Si celle-ci reste pâle et sans vigueur, c’est qu’il y a probablement une voûte au-dessus du foyer ; la faire disparaître avec le ringard. Le gaz étant reconnu bon, on peut alors partir directement sur lui ; fermer l’air, arrêter l’aspirateur, fermer alors la vanne ou papillon de l’aspirateur, mettre le contact, lancer le démarreur, accélérer à fond et, en même temps, ouvrir progressivement l’air du mélangeur. Le moteur doit partir habituellement en un point bien déterminé de la manette d’air. Le repérer pour l’avenir.

Si le combustible est humide le soir, à l’arrêt, laisser ouverte la porte de la boîte à poussières. Pour se rendre compte de la hauteur du combustible dans la trémie, ne pas regarder de trop près par la porte du haut, le gaz étant toxique. Allumer auparavant le gaz qui s’en échappe en jetant une allumette enflammée. Le besoin de rechargement du générateur se manifeste par un échauffement de la partie supérieure de la trémie, le moteur devient moins nerveux. Pour recharger, le mieux est d’arrêter le moteur (ceci n’est cependant pas obligatoire) et procéder au rechargement en ayant soin toujours de bien tasser le combustible au ringard.

Une ou deux fois par jour, on pourra, afin de faire tomber les cendres, secouer la grille, si celle-ci est mobile, dans un mouvement de va-et-vient.

Entretien.

— Les joints des portes sont constitués par une tresse d’amiante enduite de graisse graphitée (graisse Belleville), logée dans une gorge. Ce sont eux qui sont le plus souvent en défaut, et il importe d’y veiller. Lorsqu’on ouvre la porte, la tresse doit présenter une surface lisse et brillante. Si une région est terne, rugueuse, grise, le joint n’est pas étanche en ces points. Il faut serrer sans forcer les vis ou volant servant au serrage. Lorsqu’on a des doutes sur l’étanchéité des joints et des appareils, on peut procéder de trois façons :

    1° Faire tourner le moteur et présenter une flamme devant chaque joint ou partie suspecte des appareils : soudure, soufflure, cassure, etc. ... Si la flamme s’incline et est en quelque sorte aspirée, c’est qu’il y a défaut ;

    2° Vider le gazogène et faire brûler dans le générateur un combustible dégageant beaucoup de fumée (papier, paille, copeaux légèrement humides) ; fermer toutes les portes quand le combustible est allumé : tout joint ou endroit qui laisse sortir de la fumée doit être réparé ;

    3° Mettre l’installation pleine de gaz légèrement en pression en introduisant un bouchon de liège dans le trou de la tuyère, au moment où le gazogène vient de s’arrêter. En approchant une flamme de la fuite, le gaz brûle. Notons que toute fuite est redoutable. Il s’y produit, en effet, une entrée d’air. Si celle-ci a lieu en un point où le gaz est chaud, on brûle une partie du gaz, qui devient inerte ; la voiture ne tire plus et le gaz arrivant trop chaud à l’épurateur détériore les toiles. Il est vrai que le filtre de sécurité doit parer, s’il est en bon état, à cet accident. Pour changer un joint, après avoir enlevé le joint défectueux, gratter sans rayer les surfaces et mettre en place le joint neuf imprégné de graisse Belleville, sans excès cependant, car un abus de graisse entraînerait un manque d’étanchéité.

Chaque matin, ouvrir la porte du foyer du générateur. Ceci fait, on secouera énergiquement la grille pour faire tomber les cendres, puis on vidangera avec soin le cendrier. Ensuite, on débarrassera la grille de toutes scories, laitier, mâchefer, etc. ..., qui pourraient s’y être déposées. De temps à autre, vidanger complètement le générateur par la porte. Dans le cas où on serait en présence de combustible humide ou d’anthracite présentant des traces de goudron, on pourra recharger le générateur jusqu’à la hauteur totale du foyer (tôle épaisse), avec du charbon de bois bien sec et dépoussiéré, provenant de décrassages précédents. Puis on achèvera le remplissage avec le combustible habituel en tassant toujours au ringard. Certains appareils, fonctionnant au charbon de bois, ne sont pas pourvus de cendriers, les cendres s’amassant au fond du générateur. Dans ce cas, vidanger chaque matin le générateur.

Nettoyer, tous les deux ou trois jours, la boîte à poussières suivant le combustible employé et le kilométrage parcouru. Veiller à l’étanchéité du ou des joints de porte.

L’encrassement des manchons filtrants en toile qui sont généralement employés a pour conséquence un manque de tirage du moteur. On est obligé de réduire l’air lors même que la tuyauterie et la grille sont propres. Dans le cas où les manchons seraient encrassés ou colmatés, les retirer. Brosser les toiles en utilisant une brosse assez dure. Employer également une brosse à verre de lampe ou à bouteilles pour le nettoyage entre les manchons. Cette opération est à effectuer tous les 500 kilomètres environ.

Le colmatage des toiles a pour cause : 1° un gaz trop refroidi par suite de la température ambiante ou d’une trop grande longueur de tuyauterie. Remèdes : calorifuger les tuyaux et la boîte à poussières. On peut même prévoir un fourreau amovible, en moleskine ou en drap, à la façon d’un couvre-radiateur. Le retirer quand la température est devenue plus clémente. On peut aussi prévoir une tuyauterie montée en court-circuit commandée par un volet appelé « by-pass ».

Dans le deuxième cas, combustible trop humide. Avant chaque sortie, vérifier la propreté du témoin. Dès que la ouate se ternit, vérifier aussitôt les toiles des manchons.

Avec l’anthracite, plus ou moins sulfureux ou humide, il est sage de changer les manchons tous les 10.000 kilomètres, plus souvent au besoin.

Des toiles défectueuses mettent en jeu la longévité du moteur. Tous les 500 kilomètres, on devra également vérifier le bon état et la propreté du filtre de sécurité, ainsi que son joint. Avec l’anthracite, il se dégage souvent des produits volatiles qui se condensent sur les toiles métalliques et freinent le passage des gaz. On aura, dans ce cas, deux filtres de sécurité, qu’on échangera à intervalle convenable. Celui au repos trempera dans l’essence pour se nettoyer ; un coup de brosse sera suffisant au moment de sa mise en service. Tous les mois, démonter la tuyauterie et bien la ramoner ou, mieux, la nettoyer intérieurement au moyen d’un jet d’eau.

Toujours tenir les appareils en parfait état. Extérieurement, peindre le foyer et la sortie des gaz avec de la peinture genre aluminium résistant à la chaleur. La trémie, l’épurateur, la boîte à poussières sont à peindre en noir.

Dans le cas de tuyère à circulation d’eau, il y a lieu de prendre certaines précautions. On pourra au choix :

    1° Laisser le générateur allumé toute la nuit en laissant la porte de la trémie légèrement ouverte, comme il est dit plus haut. Les départs, le matin, en seront facilités d’autant ;

    2° Utiliser un « Anti-gel » à verser dans l’eau du radiateur.

Dans notre prochaine causerie, nous examinerons les différentes pannes qui guettent le gazogène.

G. AVANDO.

Le Chasseur Français N°602 Octobre 1941 Page 471