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Au jardin potager en octobre

    En octobre qui ne fume bien
    Ne récolte rien.

Ce dicton de nos provinces s’applique parfaitement à nos jardins potagers. Déjà, des carrés se trouvent libres, ne les laissez pas à l’abandon ; amenez du fumier que vous enterrerez en bêchant à plat à grosses mottes ou, mieux, en billons ou dos d’âne.

L’automne est dans toute sa splendeur, nous avons des journées radieuses et nous pouvons admirer, dans toute leur beauté, les tons superbes du feuillage de nos arbres d’ornement et d’alignement. Ne pestez pas quand, après les premières gelées, un coup de vent amène ces feuilles mortes dans un coin du jardin ; ramassez-les, faites-en un tas que vous recouvrirez de branchages. Bientôt, vous les utiliserez pour garantir les légumes ou les silos, et pour mélanger au fumier des couches.

Êtes-vous à proximité de landes ou de taillis ? Faites prévision de grandes tiges de fougères ou de genêts, qui vous serviront également de protection contre le froid.

C’est le moment du grand nettoyage ; ne laissez rien perdre ; faites un tas de détritus avec les feuilles de légumes que vous allez abriter : carottes, betteraves, choux, etc. ..., avec les débris du jardin, d’agrément : tiges de dahlias, de cannas et autres plantes estivales déjà mordues par les froids. Ajoutez-y les herbes des allées, la dernière tonte des pelouses, les feuilles mortes. Étalez en couches et, de 25 en 25 centimètres, épandez de la chaux.

Faites aussi provision de chaux agricole ou de chaux de carbure ; vous l’épandrez au moment du bêchage, à raison de 50 kilogrammes environ aux 100 mètres carrés.

Même en climat tempéré, abritez les légumes usuels. Vous ignorez ce que vous réserve l’hiver ; sauf dans le Midi et l’Ouest, vous savez par expérience combien il est pénible d’aller déterrer des légumes sous une épaisse couche de neige. C’est pour cette raison que, bien qu’ayant au jardin, des légumes à revendre, vous avez été obligé d’en acheter très cher au marché ; prenez donc vos précautions.

Préparez un silo, dans un endroit bien sain, pour y abriter dès les premiers froids : carottes, betteraves, radis, navets, choux-navets ; cependant, laissez ces légumes sur place si la température se maintient clémente.

Ayez toiles et paillassons à proximité de vos derniers haricots verts pour les abriter des premières gelées ; si vos haricots secs ne sont pas encore tous rentrés, profitez d’une belle journée pour les arracher par peignées et les suspendre dans votre grenier.

Glissez des feuilles sèches entre les chicorées et les scaroles, que vous consommerez en premier lieu et recouvrez de grandes fougères. Pour manger plus tard, vous en arracherez avec une petite motte et les mettrez côte à côte dans un coffre que vous recouvrirez d’un châssis.

Il ne faut plus attendre pour arracher les chicorées de Bruxelles (endives) et les chicorées sauvages améliorées qui nous donneront la barbe-de-capucin. Arrachez-les avec soin, laissez deux centimètres au collet, égalisez l’extrémité des racines et mettez en jauge en terre bien saine ou à la cave, avec 8 centimètres d’intervalle entre les rangs et deux doigts entre les racines. Recouvrez le tout de terre. Vous récolterez tout l’hiver.

Continuez de faire blanchir ; céleris, cardons, bettes à cardes ; il faut environ quinze jours pour que les côtes soient à point. Si vous ne voulez pas mettre les céleris à côtes à la resserre aux légumes, creusez une petite fosse profonde de 30 centimètres ; arrachez la plante avec une motte et enterrez-la dans cette petite tranchée que vous garnirez de feuilles sèches et vous recouvrirez le tout de bruyère, genêt et fougère. Sous châssis, plantez avec motte de gros pieds de bettes à cardes ; pendant l’hiver, les côtes se développeront peut-être moins, mais vous serez heureux, bien que vous en ayez mis en conserve, de pouvoir en récolter de fraîches.

Coupez, mais laissez provisoirement sur le terrain les potirons, courges, giraumons ; récoltez les derniers melons, piments, cornichons, ainsi que les dernières tomates. Peut-être celles-ci ne sont-elles pas complètement mûres ? Mettez-les sur un lit de paille en plein soleil et recouvrez-les d’un châssis ; ou encore, placez-les sur une tablette de serre. Nous en avons conservé très longtemps en arrachant les pieds et en enlevant les feuilles, le reste de sève des tiges aidant à la maturation. Les petites tomates vertes, les petits melons peuvent se mettre à confire avec les derniers cornichons et piments.

Mettez des châssis sur les fraisiers remontants, ce sont les dernières fraises, comme les premières du reste, que l’on trouve les meilleures.

Débuttez les asperges ; coupez les tiges à quelques centimètres et brûlez-les ; elles servent de refuge aux larves de la mouche de l’asperge et du criocère, dont vous avez déploré les dégâts pendant l’été. Coupez également les vieilles tiges d’artichaut, supprimez les œilletons s’ils sont trop nombreux, puis faites un bon labour, que la terre soit en bon état pour le buttage du mois prochain.

Parmi les divers moyens de destruction des Altises (ou puces de terre), dont nous aurons l’occasion de vous entretenir, le plus sûr, et qui est en même temps préventif, consiste à déposer quelques poignées de paille aux emplacements qui ont été les plus envahis ; tous les insectes parfaits viendront y trouver refuge et vous les détruirez en mettant le feu à la paille, en hiver.

Souvent, les feuilles de tomates sont atteintes de brunissure, celles de pommes de terre de mildiou ou risquent d’avoir quelques doryphores ; celles des haricots ont de la rouille ; ne jetez pas ces feuilles aux détritus ; brûlez-les.

Semis.

— À bonne exposition, semez encore : cerfeuil, cresson alénois, épinards, pour récolter en mars-avril, mâche et enfin des pois comme nous le disions le mois précédent.

Si-vous disposez de cloches, semez, en sol bien terreauté, des laitues et des laitues romaines ; vous éclaircirez et repiquerez les plus forts plants en tenant compte de la grosseur que les variétés peuvent atteindre.

Dans certaines régions, on sème l’oseille, comme l’épinard, en rayons ou à la volée ; quelle que soit la méthode employée, il est nécessaire d’éclaircir. On peut alors repiquer les plus beaux plants.

Sous châssis et sur une vieille couche que vous n’avez pas l’intention de renouveler tout de suite, semez des radis ronds rosés à bout blanc.

Plantations.

— Continuez la plantation et le renouvellement de toutes vos bordures, celle des fraisiers, de l’ail, des oignons blancs provenant de semis faits au mois d’août. Cependant, dans les régions du Centre, de l’Est et du Sud-Est, où parfois les hivers sont très rigoureux et où le gel et le dégel soulèvent les plants, il est préférable d’attendre février.

Comme le mois précédent, plantez, sur côtières ou en plates-bandes abritées, les diverses laitues d’hiver, les choux de printemps semés en août.

Marcel EBEL.

Le Chasseur Français N°602 Octobre 1941 Page 474