Une plantation convenablement effectuée a les plus heureuses
répercussions sur la réussite d’une culture fruitière.
Or, pour effectuer une plantation dans les meilleures
conditions, il faut d’abord faire un choix judicieux des arbres à planter selon
le terrain, l’emplacement à garnir, les débouchés prévus, etc. ...
Mais il faut également préparer, avec beaucoup de soin, le
sol dans lequel on veut planter.
Cette préparation comporte parfois des travaux préliminaires
d’assainissement et d’amendement. Mais il arrive fréquemment que
ces travaux ne s’imposent pas au planteur. Celui-ci n’a alors à se préoccuper
que de l’ameublissement du sol et de son amélioration chimique.
L’ameublissement s’obtient par le défoncement du terrain. En
principe, ce défoncement doit être d’autant plus important que les arbres sont
susceptibles de s’enraciner plus profondément.
L’amélioration chimique se réalise par l’application d’une
fumure de fond assez copieuse, qu’il est tout indiqué d’incorporer au sol au
cours du défoncement.
Selon les conditions particulières dans lesquelles est faite
la plantation, la manière d’opérer diffère assez nettement.
C’est pourquoi il convient de distinguer :
1° Le cas où l’on désire constituer un verger,
c’est-à-dire planter d’arbres une parcelle ou un champ dans lequel ceux-ci
seront distancés les uns des autres et conduits sous la forme haute tige
ou plein vent ;
2° Le cas où, plantant dans un jardin ou ailleurs, on a
l’intention d’occuper le terrain de la façon la plus rationnelle, de pratiquer une
culture intensive comportant une taille annuelle, des pincements d’été, des
traitements, etc., les arbres soumis à des formes taillées étant très
rapprochés les uns des autres.
Dans le premier cas, on fait un trou à l’emplacement de
chaque arbre, préalablement déterminé.
Dans le second cas, on défonce profondément toute la
surface.
Dans les deux cas, on profite de l’occasion pour appliquer
une fumure de fond destinée à pourvoir aux besoins de l’arbre pendant
ses premières années de végétation.
1° Défoncement par trous.
— Bien qu’on puisse fort bien faire des trous
circulaires, l’usage prévaut de les faire carrés.
Dans les bons sols, les dimensions peuvent être de 1 mètre
ou 1m,20 de côté sur 0m,60 ou 0m,80 de
profondeur, tandis que, dans les terres médiocres, il faut porter les
dimensions à 1m,50 et même 2 mètres de côté et augmenter aussi, si
possible, la profondeur.
La terre végétale, d’abord enlevée, est mise à part en un
tas ; puis on enlève la terre du sous-sol, dont on fait un autre tas.
Le fond du trou étant bien ameubli, à la bêche ou à la
pioche, on y dépose les plaques de gazon ou les herbes qui se trouvaient en
surface.
Puis on bouche en partie le trou en y jetant alternativement
des pelletées de terre prises à chacun des deux tas et en mélangeant à la terre
du fond les engrais composant la fumure de fond, soit :
Une demi-brouettée de fumier de bovins à demi décomposé ;
2 à 3 kilogrammes de corne en copeaux ;
2 à 3 kilogrammes de scories de déphosphoration ;
400 à 500 grammes de sulfate de potasse.
Le mélange doit être aussi homogène que possible.
On laisse en dépôt une partie de la bonne terre pour pouvoir
la placer autour des racines lors de la plantation.
Dans le cas où l’on a, à proximité, une quantité suffisante
de bonne terre, on peut combler les trous uniquement avec celle-ci. On en fait
donc des emprunts et on remplace cette terre provenant du sous-sol.
Certains planteurs, qui ont beaucoup d’arbres à planter,
réalisent le défoncement par trous à l’aide d’explosifs. Le travail ainsi
effectué permet évidemment de gagner du temps, mais il ne peut être question
d’introduire la fumure de fond que si l’on déblaie les trous pour les remplir
ensuite dans les conditions indiquées ci-dessus.
2° Défoncement en plein.
— On peut avoir à effectuer ce travail soit sur une
plate-bande, le long d’un mur où l’on veut planter un espalier, soit dans un
carré d’une certaine importance.
Lorsqu’il s’agit d’un carré, on le divise en un certain
nombre de bandes parallèles que l’on défonce successivement.
Les engrais composant la fumure sont, d’abord, uniformément
répandus à la surface. On peut mettre, par exemple, par 100 mètres carrés
de surface :
1.000 kilogrammes de bon fumier de bêtes à cornes ;
10 kilogrammes de corne en copeaux ;
30 kilogrammes de scories de déphosphoration ;
7 à 8 kilogrammes de chlorure de potassium.
On ouvre alors, à l’extrémité de la première bande, une
jauge de la profondeur voulue, dont on met la terre en dépôt à proximité. On
défonce, tranchée par tranchée, cette première bande, puis les suivantes en
mélangeant bien les couches du sol et du sous-sol, les engrais et les
amendements, en tenant la jauge bien ouverte et la profondeur uniforme.
Lorsqu’on termine la dernière bande, on comble la tranchée
qui reste ouverte avec la terre mise en dépôt au début du travail.
Il est toujours préférable de planter dans un sol raffermi.
Pour obtenir ce résultat, il faut faire les trous ou effectuer le défoncement
un mois et demi à deux mois avant la plantation. Celle-ci devant s’effectuer
vers fin novembre ou début de décembre, on doit donc se préoccuper de préparer
le terrain dès les premiers jours d’octobre.
E. DELPLACE.
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