Le logement des poules.
— Le logement a beaucoup plus d’influence qu’on ne le
suppose généralement sur la productivité des basses-cours, et cela pour
plusieurs raisons que je voudrais essayer de mettre en évidence, afin de
répondre à plusieurs correspondants qui m’ont fait part de leurs doléances.
L’un d’eux m’écrit :
« Je possède un lot de Wyandottes, issues de
primées, qui reçoivent une nourriture équilibrée pour la ponte intensive.
Malgré cela, leur rendement en œufs est minime, puisque la moyenne ne dépasse
pas 125 alors qu’elle devrait largement dépasser 160 œufs ... »
Les conditions d’alimentation et de sélection étant
observées, la carence ovigène ne peut provenir que de la défectuosité du
logement. Ou bien les poules sont intoxiquées durant la nuit et le jour par des
gaz nocifs résultant de l’inconfort du local et du défaut d’aération, ou bien
elles sont incommodées par les courants d’air froids ou d’autres causes
d’insalubrité.
Un autre correspondant de Dénezé sur-la-Lude demande :
« La manière de confectionner les couvertures en
paille de seigle, réputées les meilleures pour les poulaillers, étant donné que
l’on ne trouve personne de compétent pour les établir. »
Principes généraux à observer.
— Quel que soit le type de poulailler adopté, qu’il
soit en dur, en bois ou en rustique, sa superficie doit être telle que trois
volailles adultes disposent d’un mètre carré de couvert, ce qui, pour des logements
mesurant respectivement 2 x 3 mètres, 3 x 3 mètres,
3 x 4 mètres, 4 x 4 mètres, 4 x 5 mètres,
porterait les affectifs à 18, 27, 36, 48 et 60 pondeuses. Cela n’est pas
superflu pour les poulaillers sans annexe, mais, s’il y a un abri comme
dépendance, dans lequel on pourra installer des pondoirs, des perchoirs, des mangeoires,
des fosses à poudrer et à gratter pour les jours de mauvais temps, les
populations pourront être doublées, si les conditions de salubrité et de
confort sont observées. Il faut, par-dessus tout, éviter les émanations délétères
de gaz lourds et confinés, provenant de la respiration, ainsi que les odeurs
ammoniacales des fientes, qui intoxiquent les oiseaux pendant la nuit et même
pendant le jour, en cas de mauvais temps.
Isolement et aération.
— La couverture exerce un rôle capital sur la
régularité de la température à l’intérieur des poulaillers, celle-ci ayant
tendance à monter au point d’incommoder gravement les volailles durant l’été,
ou de tomber trop bas en hiver, ce qui suffit pour enrayer la ponte. Pour
obtenir une température supportable en toute saison, il faut établir un écran
protecteur entre la toiture proprement dite et l’intérieur du poulailler.
Quels que soient les matériaux utilisés, que la
couverture soit en tuiles, en ardoises, en tôle, en zinc, en fibrociment, etc.,
il faut intercaler une couche d’air isolatrice, en établissant sous la toiture
un plafond ou un faux plancher en bois, en plâtre, en carreaux, en toile huilée,
etc. ...
D’autre part, ainsi qu’on le voit sur la coupe ci-contre, on
devra ménager, au-dessus des perchoirs P, une ouverture O servant
d’échappement aux gaz chauds, plus ou moins viciés, qui seront ensuite évacués
par la cheminée d’aération venant sortir au travers de la toiture.
Le renouvellement de l’air se fera, comme les flèches
l’indiquent, par le vasistas V, maintenu constamment entr’ouvert. L’appel
d’air froid et pur, venu de l’extérieur, en F, tombera en F’ au fond du
poulailler, en vertu de sa densité. Il chassera naturellement les gaz chauds et
impurs, plus légers, lesquels s’échapperont, soit en G’, soit en O, sans que
les volailles en soient incommodées, puisque le léger courant d’air produit
sera chaud.
Mobilier.
— Les poules ont le défaut de vouloir occuper les
situations les plus élevées sur le bâton de leur échelle sociale, afin de
pouvoir fienter sur leurs congénères. Pour éviter ces incongruités, les
perchoirs devront toujours être placés de niveau, comme en P, constitués
par de forts liteaux de 5 x 7 centimètres de section, et à
angles arrondis, de manière que les pattes des volailles puissent reposer bien
à plat, sans crispation, à la façon, de celles des perroquets, tout en évitant
la déformation des bréchets au contact des arêtes vives. On compte qu’il faut 1 mètre
courant de perchoir par 6 ou 7 poules, avec un espacement de 30 centimètres
d’axe en axe. Les liteaux devront reposer dans de simples encoches, afin de
rester démontables, pour faciliter les mesures de défense contre la vermine.
Au-dessous des perchoirs P, placés à 1m,20
du sol, on installe une planche à crottes R, avec une certaine obliquité,
de manière à pouvoir la nettoyer rapidement à la raclette en ramenant les
excréments dans une boîte à ordures portative. En S se trouve la fosse
dite à poudrer, contenant des cendres de bois non lessivées, additionnées d’un
peu de fleur de soufre et de poudre de pyrèthre. C’est là que les volailles se
débarrasseront de leurs poux de corps.
Les nids ou pondoirs, placés sur deux rangs superposés en N,
du côté de la baie vitrée, seront au nombre de 1 pour 7 poules, ou de 1
pour 4 poules si l’on fait usage de nids trappes. Leurs dimensions
habituelles seront 45 centimètres de profondeur, 35 centimètres de
largeur et 30 centimètres de hauteur.
Couvertures en chaume.
— Le chaume est sain, hygiénique et isolant. C’est le
matériau idéal le plus économique, laissant échapper la vapeur d’eau et les gaz
délétères, tout en s’opposant aux déperditions de chaleur pendant l’hiver, et à
la surchauffe solaire pendant l’été. C’est pour cela que les couvertures en
chaume ou glui sont recherchées pour les constructions rustiques de la basse-cour
et du jardin. On recherche pour cela la belle paille de seigle battue et triée
à la main.
La pose du chaume ne présente guère de difficultés et l’on
n’est pas obligé de recourir à des ouvriers spéciaux. En effet, considérons le
gros œuvre d’une bâtisse quelconque (voir fig.) pourvue de sablières sur les
murs latéraux et d’une panne faîtière avec deux pannes médianes reposant sur
les pignons de ladite construction.
Sur les pannes s’appuieront naturellement des chevrons
espacés de 60 centimètres environ, formant deux versants inclinés à 45°
par exemple. Des liteaux cloués parallèlement, à 40 ou 50 centimètres de
distance, serviront à supporter le chaume.
Pour couvrir, on commence par le bas de chaque côté. On
étale un premier lit de paille en bordure, faisant saillie au dehors, sous une
épaisseur de 10 centimètres. Cette première couche de paille est
ligaturée, poignée par poignée, après l’antépénultième liteau. On procède par
nœuds, simple comme la fabrication du paillasson, mais, au lieu d’utiliser des
ficelles, il vaut mieux se servir de fil de fer doux. On augmente la durée de
la couverture si on sulfate la paille par trempage dans un bain de sulfate de
cuivre à 20 p. 100.
Le premier lit fixé, on étale une deuxième couche de glui,
en retrait d’un liteau, ce qui porte l’épaisseur totale du chaume à 20 centimètres.
On ligature, puis on pose de nouvelles couches de paille, se superposant
partiellement ainsi de suite jusqu’en haut et des deux côtés.
Pour terminer, on étale, sur chacun des versants, en S,
à la truelle, une couche de ciment de Vassy, qui, en faisant une prise
immédiate, formera un enduit protecteur jouant le rôle des tuiles faîtières.
Avec un sécateur ou une cisaille, il n’y a plus qu’à couper correctement le
chaume dans le bas, en C. Les eaux pluviales viendront s’égoutter à cet
endroit, sans ruisseler sur les murs de la construction.
Ainsi établies, les toitures en chaume ont une très longue durée,
et le vent n’a pas plus de prise que sur les autres genres couverture. Elles
sont en outre parfaitement étanches, chaudes, isolantes, à l’abri des sautes de
température.
C. ARNOULD.
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