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Réparation de la porcelaine

Quand un objet a été cassé en morceaux et que l’on peut le réparer sans agrafes, il faut se mettre à l’œuvre le plus tôt possible. Les arêtes des morceaux cassés sont encore nettes et propres, et la réparation en sera facilitée d’autant, car la colle aura plus de prise.

Si, cependant, les débris à recoller étaient sales, il faudrait au préalable les laver avec de l’eau savonneuse, ou un peu de potasse, et les brosser consciencieusement, puis les mettre à sécher.

S’il s’agit d’un plat ou d’une assiette cassée en de grands morceaux, on peut généralement assembler rapidement ceux-ci ; lorsque les débris sont nombreux et petits, le travail de réajustement devient plus minutieux : on rassemble les fragments en plusieurs groupes différents comprenant chacun deux ou trois morceaux, puis on assemble ces groupes pour reconstituer l’objet entier.

Suivant la nature de la pièce endommagée, on utilisera une des colles dont il est question plus loin. La colle de Givet, bien préparée au bain-marie, ou de la colle forte liquide suffisent le plus souvent pour effectuer certaines réparations rapides ; la gomme-laque peut également être employée avec succès. On utilisera de préférence la gomme-laque en paillettes, car la manipulation de la gomme-laque en bâton offre quelques inconvénients, en raison de son caractère inflammable ; il est indispensable, en effet, que la gomme fonde sans prendre feu, car, si elle brûle, elle ne colle plus.

Le silicate de soude du commerce convient également bien aux réparations de la porcelaine ; on enduit, au moyen d’un pinceau, les surfaces à rapprocher et on les réunit en les pressant fortement.

Il est indispensable, pendant la période de séchage, de maintenir les morceaux en place et les serrer énergiquement les uns contre les autres, à l’aide de ficelle, de fil de fer, de poids, de cales en bois, ou par tout autre moyen permettant d’obtenir l’immobilisation complète des fragments rapprochés et collés.

On peut, par exemple, mettre la pièce à réparer sur une planche de bois, puis poser tout autour un certain nombre de vis et insérer entre chaque vis et la pièce des petits coins de bois qui maintiendront solidement l’objet. Il faut également résister à la tentation d’examiner la réparation à peine achevée, avant que la colle n’ait eu le temps de sécher complètement. Or la plupart des produits couramment employés demandent jusqu’à huit jours avant d’être complètement secs. Ce n’est qu’après séchage complet qu’il conviendra de gratter les bavures à l’aide d’un canif qui sera manié très délicatement.

Voici, pour terminer, quelques recettes de colles et ciments :

Ciment au lait caillé.

— Ce produit, une fois bien sec, résiste au feu et à l’eau bouillante :

Lait caillé écrémé 80 grammes.
Blancs d’œufs 20
Gousses d’ail 6

Prendre du lait caillé bien écrémé, afin qu’il ne reste aucune particule graisseuse, et des blancs d’œufs desquels aura été éliminé toute trace de jaune. Mélanger très intimement, puis incorporer les gousses d’ail préalablement bien pilées au mortier. Passer au tamis afin d’ôter les particules solides, puis ajouter doucement, tout en continuant à délayer, de la chaux vive en poudre jusqu’à obtention d’un ciment presque solide. Pour l’emploi, mettre ce produit dans un mortier et le pilonner en y ajoutant de l’eau pure, en quantité suffisante pour obtenir une pâte fluide de consistance crémeuse. En enduire les morceaux à recoller, ajuster soigneusement, serrer avec force et laisser sécher lentement à l’ombre si possible.

Ciment chinois.

— Cet enduit se compose de :

Alun pulvérisé 10 grammes.
Chaux éteinte en poudre 110
Sang frais 80

Mélanger l’alun à la chaux, puis battre vigoureusement au fouet du sang frais de lapin ou de volaille, et l’incorporer en remuant. Lorsque le mélange est bien homogène, ajouter un peu d’eau fraîche pour éclaircir très légèrement, et rendre l’emploi plus facile.

Cette colle s’utilise comme le ciment au lait caillé.

Ciment au chlorure de zinc.

— Ce produit résiste à l’action de l’eau bouillante et convient particulièrement aux réparations d’objets en verre ou en marbre :

Chlorure de zinc 200 grammes.
Borax 6
Oxyde de zinc 19

On fait dissoudre l’oxyde de zinc dans le chlorure de zinc (esprit de sel décomposé) de façon à obtenir une pâte de consistance moyenne, à laquelle on incorpore le borax.

Ce produit ne se conserve pas, aussi faut-il le préparer au moment de s’en servir.

Colle américaine.

— Elle est excellente pour recoller les objets transparents, mais elle nécessite l’emploi du chloroforme, que l’on se procure assez difficilement.

Caoutchouc para pur 15 grammes.
Mastic en larmes 3
Chloroforme 12

La dissolution du caoutchouc dans le chloroforme doit se faire loin du feu, dans un flacon hermétiquement fermé. On aura coupé le caoutchouc, aussi pur que possible, en menus fragments, afin de rendre la dissolution plus rapide ; le mastic est ajouté ensuite ; la préparation de cette pâte est assez longue et demande une quinzaine de jours.

Ciment au blanc d’œuf.

— Faire bouillir une lame de verre dans de l’eau, puis la tremper vivement dans l’eau froide, et la piler aussitôt (elle est devenue très friable). Tamiser, mêler la poussière de verre avec du blanc d’œuf, en broyant de façon à rendre le mélange aussi ferme que possible.

J. D.

Le Chasseur Français N°602 Octobre 1941 Page 496