À l’heure où la pénurie de charbon se fait cruellement
sentir, où le gaz et l’électricité sont parcimonieusement distribués, chaque
ménagère a le devoir de restreindre sa consommation de combustible. Le meilleur
procédé pour y parvenir est d’utiliser une caisse « norvégienne »,
grâce à laquelle on arrive à réaliser une économie de combustible pouvant
atteindre 70 p. 100 !
Tout le monde sait en quoi consiste cet appareil, qui
se compose essentiellement d’une caisse doublée intérieurement d’une épaisse
couche de matière isolante, avec un emplacement réservé au centre pour
l’ustensile servant à la cuisson des aliments. Grâce à cette couche isolante,
ce récipient conserve longtemps la chaleur qu’il a reçue sur le feu, et la
cuisson des aliments continue de s’effectuer sans feu à l’intérieur de la
caisse norvégienne.
Comment établir notre appareil ? Il convient de choisir
d’abord l’ustensile qui sera utilisé en permanence pour la cuisson des
aliments; une marmite ou un fait-tout de préférence ou tout autre récipient de
forme analogue, sans queue, et muni de poignées n’offrant pas une trop grande
saillie. Le meilleur, dans le genre, est la marmite à deux compartiments, ou marmite
pour la cuisson à la vapeur des légumes, qui permet, tout en préparant la soupe
dans le fond, de cuire en même temps dans le compartiment supérieur les légumes
d’un ou de plusieurs repas. Il importe d’utiliser toujours le même ustensile,
car son logement à l’intérieur de la caisse doit l’emboîter aussi exactement
que possible.
La caisse de bois doit avoir 20 centimètres de plus en
tous sens que l’ustensile choisi, de façon à ménager un intervalle de 10 centimètres
(fig. 1), qui sera garni de la matière isolante. Celle-ci sera constituée,
suivant les possibilités, de chiffons de laine, de plumes, de papier
tassé ; mais notre préférence va à la sciure de bois sèche.
Nous ne dirons rien de la construction de la caisse, ni de
son aspect extérieur : si le bois s’y prête, elle sera rabotée et peinte
ou ripolinée ; sinon, les planches seront recouvertes d’un papier peint
masquant les défectuosités, voire d’un calicot, ou d’une simple serpillière
bien tendue, que l’on pourra peindre.
Il nous faut une caissette intérieure, destinée à maintenir
constamment en forme le logement de notre fait-tout ou marmite ; nous
choisirons pour cela un carton assez fort (celui des cartons à chapeaux ou à
habits convient parfaitement). Nous le plaçons à plat et taillons un cercle à
oreilles, légèrement plus grand que le fond et les anses du fait-tout ;
puis, une bande de la hauteur totale de ce fait-tout, le couvercle et sa
poignée compris et de longueur suffisante pour entourer complètement cet
ustensile. Assemblons fond et côté de notre caissette de carton (coudre au fil
de laine pour éviter les déchirures) et assurons-nous que notre fait-tout y
entre aisément.
Effectuons alors la mise en place : au fond de
la caisse de bois tassons une couche de sciure de 10 centimètres, posons
dessus notre caissette de carton, les oreilles en diagonale (fig. 2). Tout
autour, continuons à tasser la sciure jusqu’en haut, soigneusement, et sans
excès, afin de ne pas faire gondoler le carton (on a intérêt à placer le
fait-tout à l’intérieur pendant cette opération). Fermer l’intervalle occupé
par la sciure à l’aide d’une toile cousue d’une part au bord du carton et
clouée de l’autre aux parois de la caisse.
Il ne reste plus maintenant qu’à confectionner un coussin
carré qui constituera la couche isolante supérieure : coussin bourré de plumes,
de chiffons, voire de sciure. Notre caisse norvégienne est prête a être mise en
service.
Pour l’usage, commencer la cuisson des aliments de la façon
habituelle, puis, au bout d’un certain temps d’ébullition (voir tableau
ci-après), retirer la marmite du feu et l’introduire dans la caisse ; recouvrir
aussitôt du coussin. Il ne reste plus qu’à laisser la caisse norvégienne
remplir son office ; au bout d’un temps que vous donne également le
tableau, ôter le coussin, retirer la marmite, les aliments sont cuits à point,
et encore tout bouillants. La durée du séjour dans la caisse peut du reste être
prolongée d’une heure sans inconvénient.
NATURE DES ALIMENTS |
TEMPS d’ébullition sur le feu. (en minutes) |
CUISSON dans la marmite. (en heures) |
Bouillon de légumes |
30 |
4 |
Nouilles, pommes cuites |
3 à 5 |
1/2 |
Carottes |
20 à 25 |
2 à 3 |
Haricots verts, petits pois |
10 à 20 |
2 à 3 |
Choux |
15 |
1 |
Légumes secs (haricots, pois, lentilles) préalablement
trempés |
30 à 40 |
4 à 5 |
Pommes de terre |
10 |
2 |
Pot-au-feu |
30 à 40 |
3 à 4 |
Avec la marmite à deux compartiments, le procédé est
identique : les légumes du compartiment supérieur cuisent en même temps
que ceux de la soupe, et la ménagère peut, en allumant un seul feu pendant un
peu plus d’une demi-heure, pour la mise en train, réaliser ce tour de force
d’avoir sa soupe prête et tous les légumes destinés aux repas de la journée
cuits en même temps ! Ce seul exemple est suffisamment éloquent pour
montrer l’économie du procédé.
J. L.
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