Faidherbe.
— Voici cinquante ans que mourait le général Faidherbe.
Connu surtout comme militaire, son rôle colonial fut pourtant singulièrement
important. Il fit autant pour le développement de l’A. O. F. que
Lyautey pour le Maroc. C’est lui qui assit notre domination au Sénégal, et qui
établit le plan, dont il commença l’exécution, de notre pénétration au Niger et
dans la boucle du grand fleuve. Faisant en toutes circonstances preuve d’un
esprit réaliste et d’une large compréhension libérale et humanitaire, ce fut un
grand Français et l’un des plus grands coloniaux des temps modernes.
Une grande exploration peu coûteuse.
— Ce fut celle du grand explorateur Binger, du Niger au
golfe de Guinée, qui dura deux ans, et ne coûta que 23.200 francs.
Binger, homme d’un calme et d’un sang-froid remarquables,
d’un bon sens robuste, sachant apprécier du premier coup d’œil choses et gens,
d’initiative réfléchie, aimait à raconter comment il s’y était pris.
Il avait dû faire des approvisionnements en France (pharmacie,
batterie de cuisine, campement, instruments scientifiques) ; en cours de
route, il avait dû se procurer des marchandises, des animaux porteurs, des
serviteurs (à deux exceptions près, il avait acheté des esclaves qu’il avait
libérés). Il dut faire de nombreux cadeaux pour services rendus, acquitter des
droits de passage, et subsister deux ans avec sa petite caravane. Cependant, en
arrivant à Kong, il lui restait encore pour 10.000 francs de marchandises,
qui en valaient plus de 40.000 sur place.
C’est ce qu’avait justement calculé Binger : la valeur
des choses augmente considérablement dès qu’on avance à l’intérieur. Tout de
même, il lui avait fallu déployer beaucoup d’astuce et beaucoup de méthode pour
réussir une pareille performance jamais renouvelée : 23.000 francs
pour obtenir une colonie à la France.
Les premiers colonisateurs.
— On ignore généralement que, cent ans avant
l’expédition océanique de Christophe Colomb, des Dieppois entreprenants avaient
déjà créé de nombreux établissements sur les côtes du Sénégal et de la Guinée.
Dès 1404, un chambellan de Charles VI, Jean de Béthencourt, découvrait les
îles Canaries, où il installait des comptoirs vite florissants. En 1497, le
Français Cabot reconnaissait à son tour les côtes septentrionales du Nouveau
Monde, y précédant Jacques Cartier, que François 1er envoyait
en mission en 1534 dans les mêmes parages. Et nous ne parlons pas des croisés
qui furent, à leur manière, des colonisateurs, eux aussi.
|