Un projecteur cinématographique ressemble plus ou moins à la
lanterne magique de notre enfance ; il comporte toujours une
lanterne, sorte de boîte métallique portant des ouvertures d’aération, et
dans laquelle est placée une source lumineuse puissante, dont les rayons
éclairent les images du film à projeter.
À l’avant de cette boîte se trouve l’objectif formé
de lentilles assurant la projection de l’image sur l’écran, avec un fort
grossissement ; cette image est renversée, et, pour être vue dans
sa position normale sur l’écran, elle doit donc être placée à l’envers derrière
l’objectif.
Pour obtenir l’illusion du mouvement, le film portant les
images ne doit pas rester fixe derrière l’objectif ; il doit être entraîné
d’un mouvement saccadé identique à celui auquel il était soumis dans la
caméra de prise de vues. Cet entraînement est obtenu par une griffe
simple ou double s’engageant dans les perforations du film, et actionnée
elle-même par une manivelle entraînée à la main, ou, plus généralement, par un
moteur électrique.
En même temps qu’il entraîne la griffe, le moteur fait
tourner un obturateur rotatif se déplaçant entre le film et l’objectif.
L’obturateur ne laisse passer la lumière que pendant le moment où le film est
arrêté, et interrompt le faisceau lumineux lorsque le film est entraîné de la
hauteur d’une image, de façon à cacher ce déplacement à l’œil du spectateur. On
est, d’ailleurs, amené à produire des obturations intermédiaires du flux
lumineux servant à diminuer plus spécialement le scintillement gênant.
Lorsque le mécanisme d’entraînement est actionné plus ou
moins vite, le film est entraîné plus ou moins rapidement, et, pendant une
seconde, on projette un nombre d’images successives également plus ou moins
grand ; normalement, ce nombre est de 16.
Pour obtenir une impression satisfaisante du mouvement, il
faut que la cadence de projection corresponde exactement à la cadence de prise
de vues, et la manœuvre de réglage doit ainsi être exécutée avec beaucoup de
soins.
Le film projeté est enroulé sur une bobine dite
dérouleuse ; il est entraîné par un tambour rotatif muni de dents
s’engrenant dans les perforations, et passe dans un guide métallique, ou couloir,
muni d’une fenêtre disposée derrière l’objectif, avec un cadre presseur
à ressort. La griffe d’entraînement saccadé est placée dans ce couloir,
de sorte que, dans son passage derrière l’objectif, et à la sortie du couloir,
le film se déplace d’un mouvement saccadé.
À sa sortie, le film vient passer à nouveau sur un tambour
denté d’entraînement, et, enfin, s’enroule sur une grande bobine inférieure enrouleuse
destinée à le contenir après la projection.
Les bobines dérouleuse et enrouleuse, les tambours
d’entraînement supérieur et inférieur (ils sont souvent combinés en un seul)
sont animés d’un mouvement de rotation continu, alors que le film se
déplace d’un mouvement saccadé derrière l’objectif.
Pour rendre possible un mouvement régulier du film, il est
donc nécessaire de ménager une boucle supérieure et une boucle inférieure
du film à l’entrée et à la sortie du couloir guidant le film devant la fenêtre
de projection. Si ces boucles n’étaient pas maintenues, il en résulterait des
saccades continuelles ; la projection ne pourrait être fixe, les
perforations du film et le film lui-même risqueraient d’être détériorés.
L’entretien et la manipulation d’un projecteur exigent donc des précautions
mécaniques, optiques et électriques.
Le film est éclairé généralement par une ampoule à
incandescence placée à l’intérieur de la lanterne, et analogue aux ampoules
d’éclairage électrique ordinaires, mais avec un seul filament beaucoup plus
gros, ou même avec plusieurs, de façon à réaliser une lumière plus intense, et
à obtenir un meilleur rendement.
La puissance de ces ampoules s’évalue en watts, comme celle des
ampoules d’éclairage. De même qu’il y a des ampoules d’éclairage de 25 et de 40 watts,
il y a des lampes de projection de 200 ou de 500 watts, par exemple. Une
lampe de 500 watts permet évidemment d’obtenir une image de plus grande
surface, ou plus lumineuse, qu’une lampe de 200 watts, mais la proportion
des effets lumineux ne correspond pas toujours exactement à celle des
puissances ; le résultat final dépend de la construction du projecteur, et
de l’adaptation mécanique et optique de la lampe ; on ne peut donc songer
à remplacer, dans un projecteur, une lampe de modèle déterminé indiqué par le
fabricant par une lampe plus forte, pour obtenir un résultat meilleur, sans
autre modification.
En général, l’usager ne dort manipuler une lampe que
lorsqu’il est nécessaire de la remplacer, et cette opération est maintenant
devenue très simple; toute ampoule porte un culot muni d’ergots évitant les
fausses manœuvres, et assurant automatiquement la position exacte de la lampe
neuve, devant remplacer l’ancienne ampoule au filament brûlé.
Un projecteur est un appareil électrique, dont le moteur et
la lampe d’éclairage sont alimentés, en général, par le courant d’un secteur de
voltage déterminé, de 110 à 220 volts par exemple.
Souvent l’appareil comporte, d’ailleurs, plusieurs bornes
permettant le fonctionnement avec des tensions différentes.
Le filament de la lampe à incandescence du projecteur s’use
normalement comme celui d’une ampoule d’éclairage ; mais la lumière
produite est beaucoup plus intense, et la durée de service correspondante est
aussi plus réduite.
La durée de service normale d’une lampe à incandescence est
de mille heures ; celle d’une lampe de projection ne dépasse pas une
centaine d’heures, et peut même être très inférieure. Ce fait est dû à ce que,
pour obtenir un rendement lumineux très supérieur, le filament de la lampe de
projection est traversé par un courant d’une tension très supérieure à la
tension normale ; on dit que la lampe est survoltée. Il en résulte
une certaine dépense correspondant à l’usure inévitable de la lampe ;
cette dépense est faible, car la durée de projection continue nécessaire est,
en réalité, réduite.
Il existe, d’ailleurs, sur tous les projecteurs, une manette
ou un bouton moleté, en relation avec un rhéostat qui permet de faire varier la
tension d’alimentation de la lampe, et, par suite, l’intensité lumineuse
obtenue.
Il y a toujours intérêt à agir sur cet organe de réglage
de façon à diminuer le plus possible la tension appliquée. En ramenant la
luminosité à la limite inférieure utile, on augmentera, dans une grande
proportion, la durée de service de l’ampoule, et ainsi on réduira les frais
d’entretien.
Ne croyons pas, à ce propos, qu’il soit indispensable
d’utiliser une lampe puissante pour obtenir une projection agréable sur un
écran assez réduit. Une image trop brillante ne met pas un film en valeur,
et son observation peut même devenir désagréable pour le spectateur, sinon
fatigante pour ses yeux.
L’intensité de l’éclairement doit être en rapport exact avec
les dimensions de l’écran utilisé ; la largeur de cet écran dépend, d’ailleurs,
rappelons-le, des dimensions de la salle où a lieu la projection, de même que
du nombre des spectateurs, et ne peut être choisie arbitrairement.
Pour des projections sur un écran dont la largeur est de
l’ordre de 1m,30, il suffit d’une lampe de 250 à 400 watts, au
maximum, pour assurer une excellente luminosité. Si la largeur est de l’ordre
de 1m,50 à 2 mètres, il suffit d’une lampe de 400 à 500 watts ;
pour des protections dans des salles de grandes dimensions, sur un écran de 3m,
50 de base, une lampe de 750 watts devient seulement nécessaire.
La quantité de chaleur dégagée par le filament de ces lampes
survoltées est beaucoup plus grande que celle produite par le filament d’une
lampe d’éclairage ordinaire. Si cet échauffement devenait trop considérable, il
déterminerait donc une détérioration de la lampe, et même du film. Dans les
modèles de projecteurs de moyenne ou forte puissance, il a fallu prévoir un
système de refroidissement spécial par aération et ventilation forcées évitant
une accumulation de chaleur.
On emploie généralement un petit ventilateur actionné par le
moteur électrique d’entraînement, et qui produit un courant d’air refroidissant
l’ampoule et le film lui-même. L’air, échauffé par les parois de l’ampoule,
s’échappe de la lanterne par des ouvertures du couvercle, et on peut prévoir un
boîtier garni d’amiante entourant l’ampoule et évitant la transmission de la chaleur
aux parois de la lanterne.
En diminuant la tension d’alimentation de la lampe à l’aide
du bouton de réglage, comme nous l’avons expliqué précédemment, on augmente la
durée de service du filament, on diminue en même temps l’échauffement, et par
suite les inconvénients qui en résultent.
Le film est traversé par un flux lumineux intense qui
produit un échauffement plus ou moins sensible. Lorsque le film se déplace
normalement dans un appareil bien ventilé, il ne reste pas derrière l’objectif,
sur le passage du flux lumineux, un temps suffisant pour être chauffé d’une
manière dangereuse. Mais s’il y a arrêt dans l’entraînement, soit
volontairement, pour obtenir une projection fixe d’une vue déterminée, soit
pour une cause accidentelle, l’échauffement peut devenir assez considérable
pour produire une détérioration plus ou moins grave de l’image, et même amener
une carbonisation du support.
Les projecteurs perfectionnés comportent donc un
dispositif de sécurité ; un système protecteur, constitué généralement
par un volet réduisant la transmission des radiations calorifiques, s’abaisse
automatiquement dès que le film s’arrête. Dans les modèles simplifiés ne
comportant pas ces perfectionnements, il est indispensable d’éteindre
immédiatement l’ampoule dès que l’entraînement du film est arrêté pour une
raison quelconque.
Seuls, les modèles perfectionnés permettent la projection
fixe sans danger sur de grands écrans, et, dans ce cas, le moteur électrique
actionnant à la fois le dispositif d’entraînement et la turbine de
refroidissement ne doit pas être arrêté pour la projection fixe. Un dispositif
de débrayage commandé par un levier ou un bouton permet de supprimer la liaison
entre le moteur et le mécanisme d’entraînement, sans interrompre le
fonctionnement du ventilateur.
Il s’agit là de précautions absolument indispensables nécessaires
à la bonne conservation du film.
De même, si la pièce métallique qui guide le film dans le
projecteur est salie ou couverte de particules de film provenant d’usure
normale, il en résulte des rayures plus ou moins graves ; le nettoyage
fréquent du couloir-guide au moyen d’une petite pièce de bois recouverte de
toile ou de peau, ou d’une lame métallique gainée, est indispensable.
Un autre danger consiste dans les projections d’huile
provenant d’un graissage trop abondant du mécanisme. Ne graissez pas trop vos
projecteurs ; cette simple négligence suffirait à tacher entièrement des
films de grande valeur, et à les rendre presque inutilisables.
A. RONGERE.
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