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Le cocker spaniel

Dans toutes les races de chiens anglais, voici la plus précieuse, j’entends par là celle dont on peut retirer le plus de profit. Aucune ne fera tirer plus de gibier à son maître.

Le Cocker gagnerait à être connu, car il n’est pas d’animal de chasse plus actif, plus intelligent, meilleur compagnon que lui. Ce n’est pas un chien d’arrêt, car il n’arrête pas, mais qu’est-il besoin ? Ne compense-t-il pas cela par les meilleures qualités ?

Son ardeur est extrême, rien ne lui résiste, ni les broussailles, ni les ronces les plus épaisses, sous lesquelles il se glisse en rampant comme un chat, à moins qu’il n’y pénètre en boulet de canon, s’aidant des pieds et des dents pour se frayer un passage.

Au marais, bien que sa petite taille ne l’y serve guère, il barbote avec plaisir, se tire des herbes les plus enchevêtrées, méprise la glace et les ajoncs. Rien ne l’arrête, il se fait à tout, est bon à tout.

Dès qu’il sent une piste, il l’indique par le frétillement de sa petite queue, la suit doucement quand il est dressé, arrive près de l’animal qu’il fait lever en le bousculant, donne un coup de voix pour avertir le chasseur, attend le coup de fusil et, tranquillement, va chercher la pièce, qu’il rapporte gaillardement à son maître. Nous avons chassé longtemps et chasserons encore, nous l’espérons du moins, avec des Cockers ; nous y avons acquis la conviction qu’aucun chien ne comprend plus aisément que lui les ordres qu’on lui donne et le travail qu’on lui fait faire.

Que de fois ne lui arrive-t-il pas, dans sa quête ardente, de s’arrêter une seconde pour regarder son maître, savoir où il est. Puis il repart de plus belle, grimpant les talus, descendant au fond des fossés, perçant les haies, tournant, bondissant avec une activité sans égale, il ne laisse aucune touffe sans s’enquérir de ce qu’elle peut contenir ; il est d’ailleurs servi dans ce travail par une très grande finesse de nez.

Si on lui parle, il s’approche, s’assied sur son derrière, avance les oreilles, penche un peu la tête et vous regarde avec des yeux presque humains.

Il est peut-être très utile en plaine, il y est surtout très amusant sur les cailles, qu’il fait lever sans qu’elles aient le temps de ruser. Au bois, il fera sortir de la broussaille, où il se cantonne, le lapin le plus roublard. La chasse à la bécasse est un plaisir divin avec lui, surtout si l’on est deux ; et, au marais, à condition que l’eau ne soit pas trop profonde, il fera tuer dix fois plus de pièces qu’un autre chien. Avec lui, plus de gibier coureur ; le râle, la poulette n’ont qu’une chose à faire pour se soustraire à ses attaques ; s’envoler, tandis qu’ils rusent indéfiniment avec le chien qui arrête ferme.

Si, après la chasse, nous le voyons à la maison, nous pouvons sans fausse honte lui faire les honneurs du salon ; tout le monde sera ravi de sa gentillesse, de ses caresses presque félines et de son amour pour le jeu. C’est un compagnon comme il n’y en a pas.

Tous les chasseurs qui n’ont qu’un chien devraient avoir un Cocker, puisqu’il s’adapte à tous les terrains et à toutes les chasses et qu’il y excelle : à plus forte raison celui qui a un chenil bien composé, je goûte certes beaucoup plus la chasse au lapin avec un couple de Cockers qu’avec les Bassets.

D’ailleurs, le Cocker se dresse comme on veut, à chasser devant son maître, comme un chien d’arrêt, à rabattre le gibier, à le suivre sur la piste, tout cela selon les goûts du maître.

Mais la première manière est maintenant la plus usuelle ; il faut pour cela l’habituer à ne pas s’éloigner de plus de 10 mètres. Le dressage au down au coup de fusil et au départ du gibier est exigé. On y arrive assez facilement en usant de patience. Il possède de naissance des dispositions au rapport.

Le Cocker est maintenant un petit chien de 0m,35 à 0m,40, le plus vif des Épagneuls de taille réduite.

Il a la tête ronde, le museau maigre. Moins carré que celui du Clumber, le nez large avec une truffe noire, la cassure du front assez marquée, face et front complètement ras, l’œil grand, vif, intelligent et doux, couleur noisette ; les oreilles de longueur moyenne, larges, plantées un peu haut, le cou fort et musculeux, le corps moins long et moins bas que celui du Clumber et du Basset, plus compact, plus resserré ; les épaules obliques et fines, la poitrine profonde, le dos et les reins larges épais, la queue attachée bas, longue, mais toujours coupée au tiers et portée horizontalement ; les cuisses larges, très musculeuses ; les jambes fortes, osseuses, courtes et robustes, bien garnies de poils ; le pied ferme, arrondi, pas trop grand, ni trop ouvert, ni trop serré ; les poils soyeux, longs, ondulés, formant de belles franges.

Les couleurs les plus répandues sont le bleu-rouan, le noir et blanc, le rouge, le golden, le blanc-orange.

Les défauts à éviter sont : l’œil clair, le nez pâle (défaut capital), l’oreille crépue, laineuse ou dure, la queue croquée, la huppe sur le front (défaut capital).

J. B. S.

Le Chasseur Français N°603 Novembre 1941 Page 525