Accueil  > Années 1940 et 1941  > N°603 Novembre 1941  > Page 536 Tous droits réservés

Navigation d’amateur

Cruiser bimoteur de 10m,40

Voici un cruiser à la ligne élégante, qui ne manquera pas de séduire de nombreux lecteurs, et d’entrer dans les projets qu’on forme pour ... l’« après-guerre ».

La construction peut être menée à bien par un ou plusieurs amateurs aidés, pour le montage de la charpente, par un professionnel. Seuls, bien entendu, des amateurs ayant déjà une solide pratique du travail du bois pourraient entreprendre cette importante construction. Le prix de revient est à peu près impossible à fixer. Le cours des bois est très instable et le choix des essences dépendra des disponibilités financières. On peut réduire les frais au minimum, en choisissant des bois bon marché, un clouage en galvanisé, deux moteurs d’occasion et des aménagements intérieurs très simples. Là encore, nous recommandons aux amateurs qui seraient tentés d’entreprendre la confection de ce cruiser d’en construire la réduction à l’échelle du 1/10. Les pièces peuvent être taillées au couteau dans du bois tendre, ou prises dans des feuilles de contreplaqué. Si les pièces sont trop minces pour être clouées, elles seront simplement collées à la colle à bois. L’essentiel est de pouvoir mener à bien le montage de la charpente et le bordage de la coque et du pont, les aménagements intérieurs pouvant être réservés seulement pour la construction en grandeur vraie.

Ce cruiser, habitable pour quatre personnes, convient aussi bien pour la mer que pour la rivière. Le confort qu’on y trouve permet de vivre complètement à bord pendant la croisière d’été. On pourrait y habiter toute l’année, comme dans un house-boat, en fermant complètement la timonerie centrale.

Voici comment ont été conçues les installations intérieures. On trouve en partant de l’avant : un poste à matériel servant de puits aux chaînes et dont le panneau ouvre sur le pont ; un w.-c.-toilette ; avec armoire à linge à tribord et penderie à vêtements à bâbord. Ce cabinet de toilette communique avec la cabine avant, confortable, éclairée par quatre hublots et une claire-voie, et comprenant deux canapés-lits avec caissons en dessous. De la cabine, on accède à la vaste timonerie centrale, complètement couverte, fermée sur la partie avant par des panneaux vitrés assurant à l’homme de barre une large visibilité. Le gouvernail est commandé par une roue placée contre la cloison à l’avant de la timonerie. À l’arrière, on trouve les deux moteurs, et, au-dessus des planchers qui les recouvrent, deux fauteuils fixes confortables. De chaque bord, des tanks à eau douce assurent une provision de 150 litres.

De la timonerie, on descend dans la cabine arrière. Celle-ci peut servir de salon dans le cas d’un seul couple à bord, la cabine avant étant alors réservée pour la nuit.

La cabine arrière communique avec la cuisine comprenant fourneau à deux feux, évier, table, étagère, et sur l’autre bord un w.-c.-toilette qui pourrait être supprimé dans le cas envisagé tout à l’heure. Enfin, tout à fait sur l’arrière, on trouve un petit cockpit, et en dessous quatre réservoirs à essence disposés pour pouvoir être vidangés à la mer en cas de danger, et assurant une provision de 350 litres de carburant. Ce carburant pourrait aussi bien être du gasoil dans le cas de moteurs de type Diesel. Ceux-ci seront choisis d’après les intentions du propriétaire ; vitesse, genre de tourisme, rayon d’action, etc. Une batterie d’accus assure l’éclairage intérieur et les feux de position et, éventuellement, l’alimentation d’un poste de T. S. F. Comme annexe, une pram de 1m,80 peut trouver place, suspendue à des portemanteaux à l’arrière ou renversée sur le toit de la cuisine.

Rappelons que ces maisons flottantes ne paient aucun impôt et que, pour la navigation maritime, les carburants et denrées alimentaires sont dédouanés. Nous connaissons ainsi quelques ménages, devenus « bohémiens de la mer », pour lesquels l’achat d’un yacht a été non une dépense de luxe, mais une solution économique et un moyen de vivre à meilleur compte.

A. PIERRE.

Le Chasseur Français N°603 Novembre 1941 Page 536