Le Studio.
— Devant l’afflux des populations dans les grandes
villes, qui s’est poursuivi au détriment des campagnes, surtout depuis la fin
du siècle dernier, les architectes se sont efforcés de loger le plus de monde
possible dans un espace limité. Après avoir augmenté autant que possible
(suivant les possibilités techniques ou les règlements) le nombre d’étages des
immeubles, ils ont réduit la surface de chaque logement. D’abord, en conservant
à peu près le plan classique d’un appartement normal, on a diminué de plus en
plus les dimensions de chaque pièce. Plus récemment, on a souvent adopté une
solution plus originale : chaque appartement, en dehors des minuscules
servitudes indispensables, se réduit à deux ou même une seule pièce, de
dimensions normales, mais groupant plusieurs utilisations successives, à la
fois salon et salle à manger, ou salon et chambre à coucher, ou tout ensemble.
Ces pièces, multiples, sont décorées de noms nouveaux, living-room ou studio,
et le principe en est parfois adapté aux petits appartements anciens, par la
suppression d’une cloison de séparation.
L’équipement électrique de ces chambres à usages multiples
n’est pas toujours très facile à réaliser. En s’inspirant évidemment des
directives que nous avons examinées précédemment pour les pièces classiques, on
s’efforcera de satisfaire à tous les besoins successifs. Mais il peut y avoir
quelques difficultés ; par exemple : la table où l’on prend les repas
doit toujours être brillamment éclairée ; mais son emplacement, rarement au
centre de la pièce, est-il bien déterminé ? ... Autre exemple :
il reste désirable d’éclairer la tête du lit ; mais celui-ci, qui doit se
transformer en divan dans la journée, est souvent rangé le long d’un mur, et,
s’il n’est pas dans une encoignure, mais au milieu du panneau, on sera souvent
contraint, par raison de symétrie, de fixer une applique de chaque côté du
divan, c’est-à-dire une à la tête, et une au pied du lit ! ...
D’ailleurs, s’agissant de pièces qui, en dehors de leur
usage quotidien, doivent servir de réception, on adoptera plutôt les solutions
luxueuses, en multipliant les foyers lumineux. Et, en général, le technicien
éclairagiste devra céder le pas au décorateur ou ensemblier.
Dans ces conditions, le mieux, pour l’installateur électricien,
sera de prévoir un certain nombre de prises de courant, permettant d’alimenter
soit de petites lampes portatives, soit des appareils semi-fixes ;
plusieurs de ces prises de courant, sinon toutes, étant commandées par un
interrupteur unique, placé près de la porte, de façon à pouvoir éteindre tout
d’un coup, quand on veut sortir rapidement. Naturellement, ces prises de
courant, judicieusement placées, seront dissimulées autant que possible ;
on recourra de préférence à l’appareillage encastré ; et, à défaut de
cheminées, on les fixera contre le chambranle des portes, comme les
interrupteurs, ou contre l’embrasure des fenêtres, où elles ne risquent pas
d’être masquées par un meuble. Généralement, on les met à peu près au même
niveau que les interrupteurs (environ 1m,50 du sol) ou un peu plus
bas ; mais on peut aussi les abaisser à la hauteur des plinthes, pour
dissimuler plus facilement les fils souples, surtout pour les appareils
semi-fixes, munis d’un petit interrupteur individuel, et qu’il n’est donc pas
nécessaire de débrancher chaque fois.
Le bureau.
— C’est encore le meuble de bureau, ou table de
travail, qui doit être particulièrement bien éclairé ; pourtant, le
problème est tout différent de celui de la table de salle à manger. Ici,
d’abord, le meuble de bureau est rarement placé au centre de la pièce ;
ensuite, il ne sert le plus souvent qu’à une seule personne (nous
n’envisagerons que les appartements privés à l’exclusion des locaux industriels
ou commerciaux, qui abritent de nombreux employés). On se contentera donc en
général d’un éclairage local, par une bonne lampe portative.
Cependant, l’ensemble de la pièce, sans exiger un éclairage
intense, ne doit pas rester tout à tait sombre : tant à cause des efforts
d’accommodation fatigants, chaque fois qu’on lève les yeux, des papiers blancs
fortement éclairés vers le fond de la pièce obscur ; que pour les
nécessités de pouvoir circuler dans cette pièce, ou d’y recevoir des visiteurs.
On peut réaliser un éclairage général modéré, avec un appareil indirect
accroché au plafond.
Une autre solution, pratique surtout quand le local n’est
pas très grand, consiste à employer une lampe portative spéciale, qui, tout en
donnant un bon éclairage localisé sur la table de travail, diffuse une partie
de son rayonnement dans toute la pièce, sans éblouir les personnes assises. Un
seul foyer lumineux est ainsi suffisant : naturellement, il devra être un
peu plus puissant, mais on sait que cela est plus économique que d’avoir deux
ampoules plus faibles souvent allumées ensemble.
Il existe de telles lampes portatives, où l’ampoule est
complètement enveloppée d’une verrerie, dont la partie inférieure forme
diffuseur, éclairant bien la surface de la table, tandis que la partie
supérieure, plus foncée (décorée ou teintée) sert d’abat-jour. Dans d’autres
modèles de lampes de travail, l’ampoule est entourée d’un réflecteur ouvert
vers le haut, renvoyant une partie de la lumière sur le plafond, pour assurer
l’éclairage général indirect ; ce réflecteur en matière translucide diffuse
le reste du rayonnement lumineux, qui est rabattu sur le plan de la table par
un large abat-jour, protégeant bien les yeux contre tout éblouissement. Pour
donner les meilleurs résultats, ces lampes à double usage sont munies
d’ampoules assez puissantes, de 75 à 100 watts.
Cabinets de débarras.
— Les cabinets de débarras, nombreux surtout dans les
constructions anciennes, et généralement très appréciés des maîtresses de
maison, sont souvent négligés par les installateurs électriciens. C’est une
erreur, d’autant plus qu’il s’agit souvent de cabinets « noirs », où
il faut s’éclairer, même en plein jour. Mais, naturellement, l’installation
électrique y sera réduite au minimum, une simple ampoule dépolie fixée au
plafond, ou suspendue au bout d’un morceau de fil souple.
J. KAEPPELIN,
Ingénieur E S. E.
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