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Le goéland argenté

Le goéland argenté, que l’on appelle aussi goéland à manteau bleu, ne prend son plumage définitif qu’à trois ans. Il est alors d’un blanc pur avec le manteau bleuâtre, avec les grandes rémiges noires vers le bout et terminées de blanc ; son bec est jaune d’ocre avec une tache rouge vers le milieu de la mandibule inférieure. Il a les pieds vert livide, l’iris et les paupières jaunes. Quand il est jeune, il a la tête et le cou grisâtres, tachetés de brun, le reste du corps brun clair, tacheté de teintes plus claires. De la première mue à trois ans, la livrée s’éclaircit peu à peu.

Ce goéland est originaire des régions tempérées de l’Europe et se montre sédentaire sur toutes les côtes de France. Il y est cependant plus commun en hiver qu’en été, époque où la plupart retournent vers le nord pour y nicher. Ceux qui restent se réfugient alors dans les parties les plus abruptes et les plus solitaires du littoral, ou sur les îlots avoisinants, et déposent les œufs dans les anfractuosités du sol, sur une simple couche d’herbes ; ces œufs, au nombre de deux ou trois, sont gris avec des taches brunes.

Cet oiseau vit de poissons et de crustacés, il détruit aussi les œufs des autres oiseaux de mer. Il est très commun, et c’est surtout dans le Midi l’espèce la plus abondante. C’est un oiseau méfiant, mais il l’est bien moins que le goéland à manteau noir, car il donne plus facilement dans les pièges et appâts. Il n’est pas très difficile de le tuer, mais, comme tous ses congénères, il porte admirablement le coup.

Il nous est arrivé souvent d’en dénicher ; on les habitue facilement à la captivité à cause de leur voracité, en leur donnant de la viande, mais ils deviennent rapidement carnivores. Cet oiseau est de nature sournoise et querelleur, mais poltron. Il poursuit les chiens, leur mord la queue, pince les mollets à l’homme et fuit à toutes jambes devant qui lui fait face ... surtout si c’est un animal ou un oiseau plus gros que lui.

J.B.S.

Le Chasseur Français N°604 Décembre 1941 Page 580