La jeunesse est inquiète ; en ces heures critiques,
l’aboutissement de ses études vers les carrières libérales s’avère difficile.
L’heure est propice pour lui rappeler qu’une route, moins incertaine, reste
plus que jamais ouverte aux activités qu’attire, dans le goût du risque, le
choix de la carrière des affaires.
Ici, la proportion des « situations » accessibles
est en raison directe des initiatives du commerce même, lesquelles sont
illimitées.
Mais, ce choix une fois fait, un bagage normal
d’enseignement secondaire ne suffit plus pour l’adaptation nécessaire. Avant la
présente guerre, grâce aux incessants progrès techniques, la fabrication était
devenue plus facile ; la vente et la recherche des débouchés l’étaient
moins ; la valeur des nouvelles méthodes de distribution restait inconnue
ou méconnue, parce que tenait ce préjugé : que le commerce s’apprend dans
un bureau et par routine.
Si, présentement, la possibilité du négoce et du profit
semble simplifiée pour quiconque a quelque chose à fabriquer ou à vendre, le
temps reviendra — aux jours de la paix — où le champ des affaires
s’élargira à nouveau pour embrasser le monde entier, et où la technique
commerciale retrouvera ses complications à l’infini, exigeant des connaissances
chaque jour plus précises et plus étendues.
S’il est démontré qu’il y a désormais une « science des
affaires », la nécessité des écoles où l’on apprend, selon des méthodes
rationnelles, ne l’est pas moins.
Les jeunes gens, bacheliers ou non, ne doivent pas
sous-estimer la valeur et l’intérêt de l’enseignement commercial supérieur. Il
embrasse des facultés variées, concrètes, mais surtout d’ordre
utilitaire : langues étrangères, branches du droit les plus indiquées,
économie sociale et politique, géographie et histoire économique, mathématiques
financières, comptabilité, technologie, étude des transports, règles de la
publicité, de la vente et du dessin spécialisé, mécanisme général des
opérations commerciales, dans leur cadre habituel et avec les personnes
physiques et morales qui les traitent, organisation et gestion des entreprises
et leurs relations avec des tiers (rédaction, secrétariat), sténodactylo,
mécanographie, accessoires modestes dont l’utilité se généralise en les
ennoblissant.
Ce programme, le même pour toutes les écoles supérieures de
commerce françaises (combien trop peu nombreuses à côté de celles que depuis
longtemps comptent d’autres pays !), on peut le trouver, sauf que la
guerre ait amené certaines fermetures provisoires, à Alger, Bordeaux, Clermont-Ferrand,
Dijon, Le Havre, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Paris, Reims,
Rouen et Toulouse.
Reconnues par l’État français (dont le ministère contrôlant
l’enseignement technique signe le diplôme supérieur sanctionnant les études),
leur règlement, pour une sélection véritable, a été réformé, leur plan d’action
unifié, par le décret du 19 mai 1937, modifié depuis par diverses
décisions ministérielles.
Désormais, l’admission se fait au concours (avec places
limitées), pour ceux des jeunes gens et jeunes filles qui, non bacheliers,
doivent présenter des titres limitativement prévus. Les candidats doivent être
âgés de dix-sept ans au 31 décembre de l’année du concours. Celui-ci a
lieu courant octobre, après la session des baccalauréats. Une section préparatoire
au concours fonctionne obligatoirement dans toutes les écoles supérieures de
commerce.
Le régime des écoles comporte deux ans d’études. Certaines
ont un internat. L’État, les départements, les villes peuvent allouer des
subventions aux élèves.
L’École Supérieure de Commerce de Montpellier est celle de
la Xe région économique (Bas Languedoc). Fondée en 1897, elle
s’honore du patronage officiel de l’Université et de la collaboration des
doyens et professeurs des Facultés. Elle ne reçoit que des externes. Les droits
d’inscription annuels y sont de 1.410 francs (1.000 francs pour la
section préparatoire).
Le but principal des écoles supérieures de commerce est de
former les cadres supérieurs et moyens pour les formes du grand négoce, les
services commerciaux de l’industrie, des banques, des assurances, des chemins
de fer, compagnies de navigation et autres entreprises de transports ou de
distributions, des sociétés de colonisation.
Mais leur enseignement est aussi de la plus grande utilité
pour la préparation à l’expertise comptable, pour l’accès à certaines carrières
administratives (contributions, douanes, crédit agricole, professorat des
écoles techniques, rédactorat des préfectures, administration centrale des
ministères, P. T. T., etc.), pour les officiers ministériels et les
avocats. Ainsi s’explique-t-on de plus en plus, notamment depuis ces dernières
années, mais surtout actuellement, que les bacheliers s’y inscrivent en nombre,
pour en suivre les cours en même temps que ceux des Facultés.
Le rôle bienfaisant des écoles supérieures de commerce n’est
pas niable. Les jeunes gens assurés d’avance de succéder à leurs parents,
eux-mêmes chefs d’entreprises, y trouvent l’adaptation rationnelle et
scientifique dont la nécessité ne se discute plus.
À ceux, moins favorisés, qui ont à chercher l’emploi d’une
formation de chef de service, agent de maîtrise et collaborateur éclairé, que
dégage et consolide ce haut enseignement commercial, le diplôme d’État E. S. C.
vaut, dans la riche variété des débouchés possibles, un placement rémunérateur,
que facilitent des associations d’anciens élèves, jalouses de leur mission de
solidarité post-scolaire de premier plan.
Jean LE GUIDE.
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