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Nos oiseaux de cage

Oiseaux de pays.

Les Alaudidés nous fournissent quelques très agréables oiseaux d’appartement. Dans les régions méridionales de la France, surtout dans le Roussillon et la Provence, la calandre ordinaire est très appréciée comme oiseau de cage. Il en est de même en Espagne. Comme extérieur, ce n’est certes pas un oiseau extraordinaire. Cette grosse alouette, la plus grande de toutes, est fauve rougeâtre avec des taches longitudinales noires. Elle est d’un blanc jaunâtre en dessous. On remarque une tache noire de chaque côté du cou et des grivelures à la poitrine. Très modeste livrée, en vérité, mais l’oiseau a d’autres charmes. Son chant naturel est surprenant. Ce qualificatif me paraît être le seul convenable, car, si ce chant est vigoureux, riche même, il n’est pas positivement agréable. Mais, à côté de ce chant naturel, il y a le chant acquis, le chant d’imitation, et, en cela, la calandre est vraiment extraordinaire. Elle imite tout et elle surpasse même l’original. Elle imite tous les oiseaux, depuis le cri de la pie, du corbeau, des rapaces, jusqu’au chant du canari. Elle apprend aussi tous les airs qu’on lui siffle. Elle reproduit même les bruits qui lui parviennent de la rue ou de l’appartement : le ronflement du dormeur, les cris d’animaux, le bruit de la scie, etc.

J’en ai vu souvent dans l’Aude et, dans mon enfance, je me suis souvent arrêté devant une cage accrochée sur la façade d’une maison, près de l’échoppe d’un savetier ou de l’atelier d’un artisan. Car il ne saurait être question, le jour du moins, de conserver la cage dans l’intérieur d’un appartement, la calandre vous fendrait le crâne.

Cette cage est tout à fait spéciale. Elle n’est grillagée que sur trois faces, le fond étant constitué par une cloison pleine, et le dessus par une toile tendue. Deux ouvertures circulaires sont pratiquées sur la façade principale pour que l’oiseau passe la tête, une glace est fixée à l’intérieur, et il est vraiment curieux d’observer les attitudes de la calandre devant ce miroir.

En liberté, elle se nourrit de graines qu’elle a eu soin de dépouiller de leur enveloppe et d’insectes. En captivité, on la nourrit aussi de graines, mais on ajoute à ce régime de la pâtée de rossignol.

La calandre n’a pas toujours un caractère facile. Elle est très irritable. Il faut donc qu’elle soit seule dans sa cage, car elle ne supporterait aucun compagnon, fût-il même de son espèce.

La calandre porte le nom scientifique de Melanocarypha calandra.

La lulu, ou alouette des bois (Lululla orbizea), est l’opposé de la calandre au point de vue de la taille, car c’est le plus petit de tous les Alaudidés. Sa livrée est bien modeste, mais elle a pour elle ses charmantes manières et son chant. C’est l’oiseau des bruyères, des hauts plateaux des montagnes. Elle se nourrit de graines et d’insectes, aussi, en captivité, la nourrit-on comme la calandre, de graines et de la pâtée de rossignol. Mais, si elle paraît s’habituer à sa cage, elle ne vit pas longtemps en captivité. Dommage, car son chant est vraiment délicieux. À l’état sauvage, la lulu perche quelquefois.

L’alouette des champs, ou alouette commune (Alauda arvensis), est bien connue des chasseurs. On la chasse au miroir et au cul levé, où elle présente un tir particulièrement difficile. C’est avec elle qu’on confectionne en Beauce les fameux pâtés de Pithiviers, d’une renommée universelle. Le chant de l’alouette est très agréable, quoique assez peu varié, et on peut dire que cet oiseau chante du matin au soir. Elles chantent un peu moins en captivité, mais la gaieté de leur chant, leur vivacité et leur gentillesse en font des sujets très estimés de l’amateur d’oiseaux. Elles s’habituent d’ailleurs rapidement et fort bien à la captivité, et vivent assez longtemps en cage.

L’étourneau, ou sansonnet, est un oiseau fort différent de tous ceux que nous avons étudiés jusqu’à présent. Cet oiseau (Sturnus vulgaris) est le type de la famille des Sturnidés. Il est connu de tous et dans toute la France, bien qu’il soit plus abondant dans certaines régions que dans d’autres. Selon les contrées qu’il habite, il est qualifié d’oiseau utile ou d’oiseau nuisible. La convention internationale a nettement tranché la question dans le premier sens, un peu trop catégoriquement à mon sens, car, s’il est aimé en certains lieux, il est honni dans d’autres, et non sans de sérieuses raisons.

Le chant de l’étourneau ne nous charme pas, il est même plutôt désagréable, mais l’oiseau devient cocasse et amusant par ses imitations. Il imite tous les chants et tous les bruits, il arrive même à articuler très bien certains mots. On ne voit cependant pas souvent un étourneau en cage. La raison en est, je crois, dans la difficulté qu’on a de tenir la cage propre. C’est là l’inconvénient de tous les oiseaux qui ne sont pas exclusivement granivores. L’étourneau est curieux, très remuant et très observateur. Il se familiarise vite si on s’occupe de lui. Il est intelligent, mais tracassier, et il n’est pas indiqué de lui donner des compagnons de cage. Mais il a une grande facilité à retenir tout ce qu’on lui enseigne, et cela le fait apprécier comme oiseau d’appartement.

J. DHERS.

Le Chasseur Français N°604 Décembre 1941 Page 635