Bois de cerf détériorés par l’humidité.
— Voici comment on remet en état des bois de cerf, de
daim ou de chevreuil détériorés par l’humidité : laver les bois à l’eau
tiède savonneuse pour faire disparaître toute trace de moisissure. Laisser
sécher et passer au pinceau une couche peu foncée de brou de noix, couleur
limpide employée par les ébénistes et aussi les ménagères sur leurs parquets.
Quand la teinte est obtenue, laisser sécher et enduire avec une encaustique
très fluide à base d’essence de pétrole ou de térébenthine.
Après un répit de vingt-quatre heures, frotter les bois avec
une brosse à soies douces qui fera luire.
Faut-il se méfier de la petite chevêche ?
— Le 18 janvier 1940, mon chauffeur voit, vers 9 heures,
un oiseau gris posé dans l’ouverture même de l’entrée du pigeonnier qui est
toujours fermée à la nuit par une trappe et rouverte le matin vers 7 h. 30.
À sa vue, cet oiseau s’envole, se pose sur une branche
d’arbre à proximité, puis repart et disparaît.
Le chauffeur, intrigué, monte au pigeonnier et en redescend
avec deux pigeons morts, encore tout chauds, tués par de légères blessures sur
les côtés du crâne, l’un intact, l’autre avec le gésier dévoré.
Je décrète que l’oiseau gris est certainement un épervier et
qu’il faut le guetter.
Le 19, on revoit l’oiseau gris sur le même arbre ; mon
chauffeur le tire, lui enlève un paquet de plumes — que je viens de
constater être identiques à celles de la chevêche — mais sans le blesser
apparemment.
Le 20, dans l’après-midi, vers 16 heures, je constate
de l’affolement chez les pigeons qui, au lieu de rentrer au pigeonnier, se
perchaient en divers points du toit.
J’envoie le chauffeur visiter le pigeonnier, et il en
revient avec un pigeon mort, encore chaud, portant une légère blessure de
chaque côté de la tête, mais, à part cela, intact.
Enfin, le 21, à 10 heures précises, mon chauffeur,
caché, tue une chevêche, perchée sur la même branche que précédemment, à dix
mètres de l’entrée du pigeonnier, où d’ailleurs elle n’avait pu pénétrer, car
j’avais donné l’ordre de maintenir la trappe fermée.
J’ajoute que mes pigeons sont des pigeons-paons, lourdauds
et peu rapides. En somme, si invraisemblable que ce soit, il est incontestable
qu’une chevêche venait en plein jour attaquer à l’intérieur du pigeonnier et
tuer des pigeons deux ou trois fois plus lourds qu’elle, mais que, sur trois
morts, elle n’a pu dévorer, et encore très partiellement, qu’un seul,
pourquoi ? Mystère.
Et je pense enfin que c’est le froid et la faim qui ont
poussé cet oiseau à des entreprises aussi contraires à ses habitudes et aussi
disproportionnées, en apparence, avec ses forces.
Mme X ..., abonnée, Vittel.
Je puis vous assurer que la chevêche s’attaque aux petits
oiseaux, et qu’elle les mange quand elle peut. J’ai une famille de chevêches
sous ma toiture, elles sont très familières, mais, plusieurs fois, j’ai du
intervenir pour chasser une chevêche qui se lançait avec une véritable furie
sur une de mes cages d’oiseaux. Je ne puis rien vous affirmer quant à sa
conduite vis-à-vis des pigeons, mais rien de ce que vous me dites ne m’étonne,
d’autant que vos pigeons sont de taille réduite et incapables de se défendre.
Ceci n’empêche pas d’ailleurs la chevêche d’être, généralement parlant, un
oiseau utile.
J. DHERS.
Une prise de renard.
— Un de mes amis, M. Laclau (Pierre), habitant à
Saint-André-de-Seignanx (Landes), se trouvait un jour derrière son habitation,
dans un champ faisant suite à son potager ; ceci se passait début de
juillet, vers 14 heures, alors qu’il retournait le foin dans cette pièce de
terre formant un triangle incliné aux deux côtés duquel un bois la limite.
Un groupe de poules se trouvait à la pointe, lorsque
l’attention de M. Laclau fut attirée par leurs caquetages inquiets ;
en même temps, il voyait surgir à vingt-cinq mètres de lui un renard qui se
jeta sur le coq, lequel, après une courte lutte, put se dégager de l’emprise.
Le renard se retourna sur une poule, laquelle, prise sous le
jabot, couvrait la tête du renard en se débattant ; mon ami, qui est un
fervent du déterrage, d’un réflexe rapide s’élança sur le renard et le cloua
sur place avec sa fourche.
Certes le renard ne l’avait pas vu, mais il n’en demeure pas
moins un fameux réflexe qui eut sa récompense en purgeant la contrée d’un
malfaiteur dont les méfaits s’étendaient à tout le secteur environnant.
J’ai pensé que ce récit, strictement véridique,
intéresserait vos lecteurs.
Marcel NERVÉ, du groupe de déterrage de la Côte basque.
Phalarope dentelé.
— Les lecteurs du Chasseur Français s’occupant
d’ornithologie seront certainement intéressés par la capture d’un phalarope
dentelé (Phalaropus fulicarius) sur la Dordogne, à
Saint-Capraise-de-Lalinde (Dordogne), en novembre 1940.
Voici une description sommaire de ce petit échassier, réputé
assez rare chez nous :
Sujet femelle, plumage d’hiver, taille 24cm,5 (du
bec à la pointe de la queue). Bec noir, long de 2 centimètres et demi,
aplati à l’extrémité. Les parties supérieures sont gris cendré. Les yeux, à
l’iris brun, sont barrés de noir par un trait qui se prolonge jusqu’à la nuque.
Les ailes sont noirâtres, variées de cendré, barrées en travers, à hauteur des
moyennes couvertures, d’une blanche. Les rémiges sont noires bordées de blanc.
La poitrine est teintée de gris cendré clair. Les autres parties du corps sont d’un
blanc pur. Les sous-caudales sont aussi longues que la queue. Les tarses,
relativement peu élevés pour un échassier (2 centimètres environ), sont
noirâtres, variés de jaunâtre, ainsi que les pieds, ces derniers sont festonnés
à la manière de ceux des foulques.
Cet échassier fréquente les rivages marins et sa présence à
l’intérieur des terres semble assez paradoxale. Il a dû être détourné de sa
route normale de migration par le mauvais temps. Il devait errer depuis
longtemps, car il était fort maigre. Il serait intéressant de savoir si
d’autres spécimens de ces oiseaux, qui ne font chez nous que des apparitions
irrégulières, ont été aperçus ou capturés l’hiver dernier. J’ajoute que j’étais
loin de m’attendre à la rencontre d’un phalarope si loin de l’Océan. Je l’ai
naturalisé et il figure en bonne place dans ma collection.
P. ORNOUIL, abonné.
Doléances.
— J’ai porté grande attention à la nouvelle
réglementation de la chasse en France que vous avez exposée dans votre numéro
d’octobre, mais je crains que, malheureusement, nous ne puissions espérer avant
bien longtemps une amélioration à notre sort de chasseurs communaux, tant que
l’esprit de discipline n’arrivera pas à pénétrer dans le cerveau de la majorité
des disciples de saint Hubert.
Cette année, l’ouverture était fixée dans le Rhône à 8 heures,
ce qui était une amélioration, puisque j’estime, à tort ou à raison, qu’une
ouverture tardive ménage un peu nos quelques lièvres restants en leur donnant
la possibilité de se gîter au lieu de se faire tuer bêtement au milieu des
vignes où ils se promènent avec grande inconscience au lever du soleil. Eh
bien ! nous attendions, mon fils et moi, cette fameuse heure H, mais nous
avons été navrés de constater qu’à 7 h. 30 nous avions déjà entendu
au moins trente-cinq coups de fusil sur la commune ; c’est à vous dégoûter
d’être respectueux des règlements.
Quant à l’ouverture du faisan fixée au 5 octobre, mieux
vaut n’en pas parler ; il serait intéressant de connaître sous quels
différents noms ont été tués tous ceux mis en carnier avant la date
sus-indiquée.
Vous me direz, et cela me paraît parfaitement exact, qu’il
est très difficile de faire respecter les règlements, à moins de disposer d’un
nombre de gardes incalculable. Ne pourrait-on pas trouver un autre moyen ?
Ne délivrer, par exemple, les permis ou cartes de sociétaires qu’une demi-heure
avant l’heure fixée et dans des endroits déterminés, ou tout autre biais qui
pourrait venir à l’esprit d’un Nemrod en veine de réflexion sur ce sujet.
Autre situation inquiétante : on a trouvé, avant
l’ouverture, sur notre chasse communale, cinq cadavres de lièvres occis, fort
probablement, par l’arséniate de plomb ; il existe peut-être des chimistes
chasseurs ; plaise à saint Hubert qu’ils trouvent, pour les pommes de terre,
un autre traitement qui, s’il ne fait pas multiplier les lièvres, ne les fasse
au moins pas crever pour le seul plaisir des rapaces.
André BOST, abonné, à Lyon.
Le héron se perche t-il ?
— La question posée par un de nos abonnés dans un récent
numéro du Chasseur Français nous a valu un très grand nombre de réponses, que
nous nous excusons de ne pouvoir toutes publier. Voici l’une d’elles, qui nous
a paru plus particulièrement caractéristique et qui résume à peu près toutes
les autres.
Oui, bien sûr, le héron se perche et se pose dans les
champs. Les sources de la Noye prennent naissance dans ma propriété, où j’ai
une pièce d’eau qui ne gèle jamais, même par 20° en dessous. Depuis cinquante
ans et plus, chaque année, les hérons se succèdent et viennent piller les truites
de ma pièce d’eau. On les voit sans cesse perchés sur des peupliers et des
platanes de 18 à 20 mètres. Ils viennent aussi en juin, mais sont moins
nombreux et séjournent moins longtemps. Jamais ils ne nichent. Pour les
chasser, il faut une grande patience, car ils ont l’œil perçant et l’ouïe très
fine. Les meilleures heures pour en tuer sont au petit jour ou à la tombée de
la nuit. Je me rappelle en avoir tué de superbes ; ils faisaient deux
mètres et plus d’envergure, et avaient une belle aigrette sur la tête. Mon
frère, qui chassait avec moi, ayant un jour voulu aller en ramasser un qui était
blessé, a failli être éborgné. L’animal, s’étant redressé, lui envoya un coup
de bec dans la joue. Seul leur plumage peut être utile quand la mode le désire.
Ce sont avec leurs pattes qu’ils se dirigent en vol. Perchés, ils ont le cou
sorti et, au moment de l’envol, ils le rentrent comme dans une gaine. Ils
dévastent tout dans les étangs, et les poissons piqués et non pris vont mourir
peu après.
Jean DE MAISTRE, abonné.
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