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Calendrier du pêcheur

Dans nos régions du Centre et probablement aussi en d’autres parties du territoire, janvier est certainement le plus mauvais de tous nos mois de pêche. C’est l’époque des neiges, des glaces et des froids intenses dont nous avons eu un exemple en 1940.

Malgré leur résistance bien connue aux basses températures, nos poissons carnivores, les seuls à pêcher, sont peu enclins à rechercher activement leur nourriture, ils se contentent de ce qu’ils peuvent glaner dans leurs environs immédiats. Toutefois, si la glace ne recouvre pas complètement la rivière, certains confrères trouvent encore le moyen de ne pas rentrer bredouilles.

Le brochet, bien qu’un peu engourdi lors des grands froids, a néanmoins conservé un certain appétit. Son mimétisme aidant et l’immobilité presque complète qu’il sait garder pendant des heures lui permettent d’attendre le passage d’une proie qu’il attaquera aussitôt avec violence dès qu’elle passera à courte distance de sa cachette. Il se lancera avec impétuosité sur le petit poisson entravé par la monture du pêcheur, lequel lui paraît facile à saisir ; tout aussi bien prendra-t-il la cuillère ondoyante ou le poisson artificiel qu’une main experte promènera devant lui à une allure modérée.

La perche est très dure au froid et, s’il lui répugne de chasser par eau glacée en plein courant, elle va et vient le long des pierres et des enrochements. Là, le poisson d’étain fera merveille si l’eau est assez claire ; il sera en étain pur et poli mat de préférence au nickelé brillant. Il faut que la température soit fort basse pour qu’elle délaisse un beau ver ou le petit vairon vivant. Quant au gros chevesne, toujours éclectique malgré la froidure, il mangera goulûment le fragment de cervelle, de rate, de moelle, de foie, de lard, etc. ..., fixés à l’hameçon triple du pêcheur.

Les boyaux de poulet, de pigeon, de lapin sont parfaitement acceptés par lui et à peu prés aussi bien de gros tubes de macaroni peu cuit dont la blancheur tranche sur la teinte glauque des eaux glaciales. Il apprécie davantage encore le cube de sang caillé, surtout à proximité de l’embouchure des égouts ou déversoirs d’abattoirs, dont les débris divers constituent un admirable amorçage pour l’attirer.

R. PORTIER.

Le Chasseur Français N°605 Janvier 1942 Page 18