Janvier étant dans la période de refroidissement du sol, il
ne peut être effectué, en arboriculture fruitière, que des travaux ne portant
pas atteinte au passage de la vie ralentie à la vie active des arbres et
arbustes cultivés.
Défense des essences fruitières contre leurs parasites.
— La vie latente dans laquelle se trouvent les arbres
permet aux praticiens d’utiliser des produits insecticides ou fongicides plus
concentrés, qui, sans détruire les tissus, ont une efficacité plus certaine
contre les parasites.
Destruction des vers blancs.
— On mettra à profit ce qui précède pour purger les
carrés d’arbres fruitiers qui ont souffert des vers blancs, en injectant, dans
le sol, avec un pal, du sulfure de carbone. Le maximum d’effet sera obtenu
lorsque le sol sera ressuyé, pour permettre aux vapeurs de sulfure de carbone
de se diffuser plus difficilement. En terrain léger, quatre injections par
mètre carré de 15 grammes chacune suffiront. Dans les sols argileux où la
diffusion des gaz est plus difficile, le nombre des trous sera porté à huit et
la dose à 8 grammes. Avoir la précaution de bien reboucher les trous du
pal après l’injection. Le mélange d’air avec le sulfure de carbone produisant
un mélange détonant, éviter de fumer pendant les manipulations.
Traitement d’hiver.
— Par temps doux, les pulvérisations hivernales seront
reprises ou mises en marche. La rareté des huiles minérales va obliger
l’arboriculteur à utiliser les produits à base d’huiles de bois sélectionnées.
Répandre la solution avec forte pression sur les tiges, branches, rameaux,
insister particulièrement sur les parties recouvertes d’écorces crevassées,
dans les anfractuosités, afin de bien faire pénétrer le liquide.
Nettoyage des plaies sur les arbres.
— Les plaies peuvent résulter de blessures par les
instruments, de chancres ou de maladies organiques (gomme). Enlever avec une
serpette les tissus nécrosés jusqu’aux parties saines, la plaie sera lavée avec
une solution de 30 grammes de sulfate de fer dans 1 litre d’eau.
Appliquer ensuite du mastic cicatrisant du commerce, ou la composition
suivante : 1 kilogramme de goudron de houille et chaux grasse en
poudre, quantité suffisante pour donner un mastic onctueux.
Ramassage sur les arbres.
— 1° Des fruits momifiés. Ces fruits sont arrêtés dans
leur croissance, se dessèchent en prenant une teinte brune puis noirâtre,
résultat d’un champignon, le Monilia. Ces momies renferment les germes
d’hiver qui, au printemps, reproduiront la maladie en augmentant les dégâts. En
brûlant ces fruits on détruira le parasite.
— 2° Des nids de chenilles, les œufs de papillons d’où
sortiront des chenilles au printemps prochain. En particulier les bagues
renfermant les œufs du Bombyx neustrien, disposés tout autour des
rameaux en anneau. Toutes ces parties favorisant la reproduction de ces
insectes seront mises en tas et brûlées.
Suppression : 1° Des bois morts sur toutes les
essences fruitières.
— Couper ces bois sur les parties vivantes saines,
rafraîchir la plaie avec une serpe et l’enduire avec du mastic goudron-chaux.
2° Des rejets au pied des arbres.
— Dégagez la terre jusqu’à leur naissance sur les
racines et les couper sur leur base ; par ce procédé, vous éviterez la
production de nouvelles pousses.
Arrachage des arbres périssants et plantation de
nouveaux arbres.
— Ouvrir le trou de plantation quelque temps avant la
mise en place de l’arbre pour utiliser les bons effets de la gelée sur les
parois. Arracher l’arbre avec toutes ses racines, enlever celles qui sont
cassées, vous éviterez la maladie du pourridié et sa propagation en
transportant la terre provenant du trou sur une parcelle ne portant pas de
cultures fruitières. Vous compléterez ces précautions en arrosant les parois et
le fond du trou avec une solution de 3 kilogrammes de permanganate de
potasse et de 6 kilogrammes de chaux pour 100 litres d’eau. Chaque
trou recevra 5 litres de cette solution.
Époque de la plantation.
— La température et l’humidité du sol sont les deux
facteurs déterminant l’époque de la mise en place des arbres. En terre légère
exposée au sud, en Provence, en Algérie, la plantation peut avoir lieu après la
chute des feuilles et avant la période des pluies. Durant tout l’hiver, dans
les conditions indiquées, les racines évoluent et les radicelles sont formées
au débourrement. En sols argileux, lents à se ressuyer, dans les pays où
l’hiver est rigoureux, il vaut mieux laisser les plants en pépinières ou en
jauges, afin qu’il soit possible de les protéger par des buttages, des paillis,
contre les abaissements énormes de température. En outre, le sol se fendille,
se soulève sous l’effet du gel si l’on a planté à l’automne, il faut repasser
après l’hiver pour tasser le sol autour des pieds. Enfin la température est
insuffisante pour former de jeunes racines, les froids de janvier et février
arrêtent la végétation, ce qui ne favorise pas la reprise. Dans le Centre, on
peut planter en mars, dans le Nord, en avril, lorsque le sol est réchauffé.
Ameublissement du sol.
— Les labours sont, pour la culture fruitière, des
opérations de la plus haute importance, en culture intensive il ne faut pas
songer à les supprimer et moins encore en diminuer le nombre. On épand les
engrais, que l’on doit enfouir avant les labours.
En culture commerciale à plantation dense le buttage des
pieds amène une quantité de terre qui, pendant les froids, protège la greffe.
En sol humide, les labours établissent entre les lignes de plantations des
dérayeurs facilitant l’écoulement des eaux et drainent superficiellement le
sol, tout en permettant son réchauffement plus rapide. Enfin, les plantes
d’automne sont détruites par les labours, avant qu’elles forment leurs graines,
ceux-ci contribuent au nettoyage des terres. Ils empêchent que les vents
rassemblent en tas les feuilles aux pieds des arbres, ce sont autant d’abris supprimés
qui ne seront plus à la portée de tous les parasites. La terre retournée par la
charrue ramène les larves d’insectes à la surface et les expose aux
intempéries. Les labours d’hiver présentent à l’action des agents
atmosphériques la plus grande surface de terre possible. Ils rendent le sol
poreux, facilitent l’infiltration de l’eau. La terre est réduite en fines
particules par l’effet des gelées.
Taille des arbres en plein vent, applicable à toutes les
espèces fruitières.
— Dégager l’intérieur de l’arbre afin de laisser
pénétrer la lumière et circuler l’air, dans le but de favoriser la floraison et
la nouaison des fruits et de les placer dans un milieu contraire à la
propagation des parasites.
Ce but sera atteint en taillant sur leur base : 1° les
rameaux à bois prenant naissance à l’intérieur de l’arbre, se dirigeant
verticalement ; 2° les rameaux à bois qui poussent sur le dessus de la
branche charpentière, réservant, pour constituer les coursonnes (rameau taillé
en vue de la fructification), les rameaux situés de chaque côté à droite et à
gauche de la branche. Ces coursonnes en formation seront taillées selon leur
longueur : les rameaux de 20 centimètres seront coupés à la moitié, ceux
de 30 centimètres au tiers et de 40 centimètres et au-dessus aux deux tiers.
Les petits rameaux de 10 centimètres ne seront pas taillés.
Diriger les branches charpentières sous un angle de
45°. Lorsqu’elles ont tendance à se rapprocher de la verticale, ramener leur
direction en choisissant pour prolongement un rameau poussant au-dessous de la
branche.
Les charpentières doivent conserver entre elles une distance
de 30 à 40 centimètres, celles s’écartant de ces dimensions y seront
amenées en prenant le prolongement du côté où l’on désire la voir se
développer.
Les branches seront autant que possible de même dimension,
grosseur et longueur. Quand il se produit des différences, la plus faible aura
son prolongement taillé au tiers de sa longueur, toutes les autres
charpentières seront ramenées à ce niveau.
Chaque charpentière doit être garnie, de la base au sommet,
de coursonnes. Lorsque les coursonnes de la base sont faibles et tendent à
périr, les favoriser en taillant le prolongement court. Au contraire, si elles
sont vigoureuses, produisant deux à trois rameaux à bois et aucun bourgeon
fructifère, le prolongement se coupera long à la moitié ou aux deux tiers de sa
longueur.
Laisser sur chaque coursonne deux rameaux apposés, les plus
faibles, qui seront taillés à 1,5.
Dans le cas où les coursonnes auraient toutes des bourgeons
fructifères, on laisserait sur chacune d’elles, sur un arbre vigoureux,
quatre yeux à fruits ; sur un arbre faible, laisser fructifier une
coursonne sur deux en réservant un seul bourgeon à fruit.
E. DEAUX.
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