L’atmosphère plus ou moins confinée des villes n’est pas, en
général, favorable aux végétaux.
Les fumées des usines, les vapeurs chargées de gaz nocifs,
les poussières et émanations de toute nature sont, en effet, susceptibles
d’apporter des troubles dans la végétation des plantes en entravant leur
respiration et leur assimilation normales.
Les arbres d’ornement, sur lesquels on compte pour meubler
les espaces libres et pour fournir l’ombrage bienfaisant à l’abri duquel
viendront se reposer petits et grands, n’échappent malheureusement pas à la
règle commune, et nombreux sont ceux qui, en ville, ne peuvent être utilisés,
parce que insuffisamment rustiques.
Aussi est-il indispensable de connaître celles des essences
d’agrément qui, possédant un tempérament robuste, sont à même de résister
davantage et de donner, à défaut d’une perfection irréalisable en la
circonstance, un résultat encore appréciable.
Parmi celles-ci, on fera choix d’arbres s’accommodant du
sol, mais il faudra également tenir compte de l’étendue du jardin, la taille
des arbres devant, autant que possible, être proportionnée aux dimensions de la
propriété.
On peut, en première ligne, citer le platane d’Orient,
arbre très vigoureux, poussant rapidement dans la plupart des terrains et ne redoutant
pas une proportion même assez élevée de calcaire. Sa place n’est évidemment que
dans les grands jardins, car ses racines, très puissantes, s’en vont au loin
fouiller le sol et passent même souvent sous les fondations des murs. Mais
l’arbre a un grand mérite, celui de se prêter docilement aux tailles les plus
sévères. Il est, en outre, de reprise extrêmement facile et peut, en bon
terrain, se transplanter en exemplaires d’une certaine force avec toutes
chances de succès.
L’érable-sycomore est également très accommodant sous
le rapport du terrain. Ses racines sont moins envahissantes, sa végétation
moins puissante, et ses caractères le font préférer dans des propriétés de
moindre étendue. Son développement est, cependant, plus considérable dans les terrains
riches, où il fait de belles avenues et fournit, de bonne heure, un ombrage
agréable.
Une variété, le sycomore à feuilles pourpres, est
particulièrement décorative. La formation en rideau en est, peut-être, un peu
moins facile à réaliser qu’avec le platane, mais, en la commençant de bonne
heure, on peut cependant la mener à bien sans trop de difficulté.
Le marronnier d’Inde à fleurs blanches est un très
bel arbre, peu exigeant quant à la nature du sol. Son port régulier,
majestueux, ses larges feuilles d’un vert gai, ses grandes panicules de fleurs
blanches, sa végétation rapide et sa grande longévité constituent autant de
qualités qui le font apprécier. Soumis à une taille régulière, il peut former
des rideaux, des salles de verdure et border des avenues. Dans ce cas, on est
malheureusement privé de sa remarquable floraison.
Au contraire, non taillé, il fleurit abondamment et fait de
très beaux arbres. Son seul inconvénient, qui, d’ailleurs, n’existe pas dans la
variété à fleurs doubles, est la grande quantité de marrons qu’il produit
chaque automne et dont beaucoup germent dans les endroits où ils tombent.
Le tilleul argenté, l’une des plus jolies espèces du
genre, est encore un bien bel arbre, soit pour constituer des avenues, soit
pour faire rideaux et salles de verdure, soit pour faire des isolés sur
pelouses et des groupes de toute beauté.
C’est, à coup sûr, l’arbre qui supporte le mieux la taille.
Aussi est-il extrêmement recherché, surtout pour meubler les parties
françaises.
Lorsqu’on le plante isolément, il se fait remarquer par son
port régulier, élancé, touffu et par sa végétation rapide. Au printemps et
pendant la première partie de l’été, ses feuilles amples, argentées au revers,
sont des plus remarquables. Il se plaît dans les terrains légers et frais, mais
ne redoute cependant pas le calcaire.
Son seul inconvénient est de reprendre assez difficilement
lorsqu’il est transplanté un peu gros. Aussi, dans ce cas, est-il bon de
prendre, avec lui, des précautions spéciales et, notamment, d’exiger du
pépiniériste qu’une transformation préalable ait été effectuée en pépinière. Ce
travail préliminaire augmente très sensiblement le prix de l’arbre, mais
contribue dans une large mesure à assurer le succès de la transplantation.
Quelques espèces de taille plus faible peuvent encore
trouver leur emploi dans les petits jardins de ville. Ce sont surtout les
suivantes :
Le prunier de Pissard, très décoratif en mars par ses
nombreuses fleurs blanc rosé, et plus tard par son feuillage rouge brillant,
passant au pourpre foncé et persistant jusqu’à l’entrée de l’hiver. Peu délicat
sur la qualité du sol, il est précieux pour isoler ou pour grouper dans le but
de créer des contrastes avec d’autres arbres à feuillage vert clair ou blanc,
comme l’érable negundo, par exemple.
Le sorbier des oiseaux, fort joli avec ses feuilles
composées pennées, ses fleurs blanches, ses fruits rouge-corail, persistant une
partie de l’hiver, qui se plaît fort bien dans les terrains frais et légers.
Le cytise faux-ébénier, ou acacia jaune, qui se plaît
surtout bien à l’ombre et en terrain calcaire, où il est fort décoratif par ses
longues grappes de fleurs jaune vif, répandant en mai une odeur suave dans le
jardin.
L’acacia boule, qui est en réalité un robinier
et se fait remarquer par son port touffu, son feuillage élégant d’un beau vert
gai. Son défaut est d’avoir un bois très cassant, ce qui oblige à le planter en
situation abritée des grands vents, mais sa rusticité est parfaite, et il
s’accommode de tous terrains.
L’alisier de Fontainebleau, dont la tête arrondie et
le port compact, les larges feuilles, grises en dessous, les nombreux fruits
jaunes ponctués de roux, font encore une des plus belles espèces ornementales
de notre région.
L. DELPLACE.
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