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Les métis intéressants

Qu’est-ce qu’un métis ? On appelle métis le résultat de l’accouplement d’animaux différents, mais de même espèce. On ne peut donc pas le confondre avec les hybrides, qui sont issus d’espèces différentes.

Ainsi, quand on fait cocher une poule landaise par un coq Leghorn, on fait du métissage. Quant à l’hybridation, elle ne s’applique qu’à quelques rares espèces et d’une manière accidentelle, par exemple entre le lièvre et la lapine, le coq et la pintade, le pigeon et la palombe, le barbarie et la cane, etc. ... À l’exception du dernier accouplement, qui fournit les mulards réputés pour la fabrication du pâté de Nérac, tous les autres n’ont qu’un intérêt d’ordre scientifique, sans applications utilitaires, puisque les hybrides sont invariablement inféconds.

Mais le métissage, croisement de races, a ceci de particulier, c’est qu’il stimule la productivité des animaux domestiques plus ou moins abâtardis par un excès de consanguinité, ou de parenté, ce qui nuit à la précocité, à la rusticité, à la fécondité, à l’engraissement et, en général, à l’activité physiologique de toutes les fonctions. Toutefois, pour éviter de faire jouer les lois de la dominance et la disjonction des caractères, on fera bien de s’en tenir aux métis de première génération, qu’il s’agisse de poules, de canards, de porcs, de lapins, etc. ..., en revenant toujours aux races pures, au titre de reproducteurs.

Une bonne pondeuse d’hiver.

— Les bonnes pondeuses d’hiver, celles que Smart a classées dans la catégorie L2, capables de pondre 30 à 60 œufs pendant les trois mois froids, comprenant novembre, décembre et janvier, ne peuvent provenir que de poulettes bien constituées et de races étoffées, qui se rencontrent principalement chez les Orpingtons, les Plymouth-Rock, les Wyandottes, les Sussex, les Rhode-Island, etc. ...

Les métis provenant de l’accouplement de ces races, par exemple :

Coq Rhode-Island rouge x Poule Wyandotte argentée ;

Coq Orpington fauve x Poule Sussex herminée,

donneront des produits encore plus précoces que les races pures, ainsi que l’on peut s’en rendre compte en comparant les poulettes de souche pure et croisées, provenant des mêmes couvées et ayant été élevées de la même manière.

Un autre avantage du croisement.

— En faisant cocher une poule Wyandotte argentée ou herminée par un coq rouge, jaune ou fauve, il se produit une scission sexuelle des coloris, qui permet de reconnaître à la naissance les poussins mâles des poussins femelles, ce qui est un grand avantage.

En effet, les coquelets ayant sur les poulettes une puissance d’assimilation plus grande, on peut obtenir, surtout dans les élevages en batterie destinés à la consommation, des sujets plus lourds de 200 à 300 grammes à douze semaines (poids vif) que les femelles de la même couvée.

D’autre part, du fait que les poulettes sont destinées à la production intensive des œufs en hiver, on comprend l’intérêt que l’on a à les élever à part, d’une façon libre, sans les engraisser, afin de ne pas nuire à la précocité de leur ponte.

Pour la distinction des sexes, sans avoir recours à la méthode japonaise du Dr Matsui, il suffira donc de se procurer un coq Orpington fauve ou un Rhode-Island rouge, auxquels on fera cocher des poules Wyandottes argentées ou des Sussex herminées. Les poussins mâles issus du croisement auront la couleur argentée de leur mère et les poussins femelles le plumage fauve de leur père. Rien de plus facile, par conséquent, d’en effectuer le tri aussitôt l’éclosion.

Il en sera de même avec d’autres races fixées, par exemple, en accouplant des Leghorns fauves avec des poules Bourbonnaises ou d’autres volailles argentées, et vice versa.

Influence du métissage sur la précocité et la rusticité.

— La précocité des volailles porte sur leur développement musculaire et charpentier, l’éveil des instincts génésiques, le déclenchement de la ponte, etc. ... En principe, une poulette précoce devrait toujours pondre son premier œuf avant l’âge de cinq mois. Il s’agit là d’une aptitude héréditaire qui ne se transmet fidèlement que de poulette à poulette, les coqs ayant une puissance héréditaire qui peut parfois s’exercer à rebours des fonctions sélectives.

C’est pour cela que Smart conseille de changer le mâle lorsque, à la suite d’accouplement entre volailles appartenant à la catégorie L2, il survient, dans les descendances, des femelles régressant dans la catégorie L1 c’est-à-dire pondant seulement de 1 à 30 œufs pendant la saison hivernale au lieu de 31 à 60 œufs dans la catégorie L2.

Le décalage dû à la dégénérescence du mâle sera toujours évité, grâce au métissage qui stimule le courant sanguin, en forçant la maturité des oocytes. Cette action revigorante, portant sur la précocité et le détachement des ovules, fait que l’on peut gagner trois semaines et même un mois, de sorte que le premier œuf peut être pondu à quatre mois par les métisses.

Le fait peut être vérifié en faisant cocher des poules de race pondeuse, Leghorn ou Bresse noire, par un coq de Bresse ou un Leghorn ; bien entendu, que les poulettes soient développées suffisamment tôt pour qu’elles n’aient pas à souffrir des froids au moment où la ponte se déclenchera et que les soins et la nourriture soient bien ordonnés.

Ce qui précède s’applique non seulement aux poules, mais aussi aux autres volailles, canards, pigeons, oies, etc. ... Il en est de même pour les mammifères, qu’il s’agisse de suidés, d’ovidés, de bovidés, etc. ...

Toutes les races sélectionnées ayant une propension marquée pour la formation de leurs tissus osseux, viandeux et adipeux, étayée par des aptitudes héréditaires, gagnent toujours en précocité, lorsqu’on les croise avec des animaux de races différentes. On remarquera que les métis ont les os plus courts et plus petits, surtout ceux des membres, ce qui fait que le rendement en viande nette est proportionnellement plus élevé que chez les races tardives.

Malheureusement, il y a une limite dans la précocité qui ne peut se faire qu’au détriment de la rusticité, de la qualité de la viande, et même de la prolificité, notamment chez les porcs. C’est ainsi que, si l’on fait couvrir par un verrat yorkshire une truie normande ou craonnaise, on obtiendra des métis qui, par suite d’un allaitement copieux, la femelle étant bonne laitière, seront toujours de bonne venue, plus précoces que les races pures. Tout en gagnant plus d’un mois sur l’engraissement des craonnais, les sujets ayant un poids plus élevé que celui des yorkshire, on réalisera un double profit, sans compter que la viande sera mieux appréciée, étant moins imprégnée de tissu adipeux.

On peut en dire autant des lapins, les races géantes gagnant à être croisées avec des sujets de races communes améliorées, au triple point de vue précocité, prolificité, qualité de la chair, ce qui fait la vogue du Gros Normand.

Pour ces diverses raisons, les éleveurs qui travaillent pour le marché ou pour la consommation ont intérêt à pratiquer le métissage, mais ils devront néanmoins conserver leurs races pures, pour le recrutement de leurs géniteurs.

Mondiage d’ARCHES.

Le Chasseur Français N°605 Janvier 1942 Page 41