Par suite de la pénurie croissante de lainages, il n’est pas
absurde de prévoir une demande toujours plus considérable de fourrures de
lapin.
Pour obtenir de beaux bénéfices de vos clapiers, n’adoptez
qu’une race de lapins, vous pourrez ainsi fournir des lots importants de peaux
semblables. Ne perdez pas de vue, d’autre part, qu’une peau doit, pour
conserver toute sa valeur, provenir d’un animal dépouillé correctement.
Le sacrifice.
— Ne sacrifiez les sujets dont vous attendez une
fourrure qu’à partir de sept mois minimum, il est toujours vrai que les peaux
de grands sujets, donc de sujets âgés, se vendent plus cher.
Opérez pendant l’hiver, d’octobre à mars, après la deuxième
mue et avant la mue d’été. Les mues provoquent des plaques d’épilation d’où le poil
tombe.
Tuez le lapin en le frappant d’un coup sec derrière la tête
avec le tranchant de la main droite.
Saignez-le à blanc, en lui enlevant un œil (si vous l’avez
complètement assommé, il ne souffrira pas), ou bien en lui enfonçant un couteau
mince et pointu à la jointure de la tête et du cou, au niveau des vertèbres, ce
qui provoque la rupture de la carotide.
Le dépouillement.
— Utilisez le procédé en fourreau. Aussitôt qu’il a
fini de saigner, attachez aux pattes du lapin une ficelle solide, d’environ 50 centimètres
de long. Cette ficelle, dont chaque extrémité est fixée à une patte de la bête
par un nœud coulant, est elle-même passée sur deux clous distants de 30 centimètres
sur la même horizontale (poutre, porte, tronc d’arbre, etc.). Cette disposition
écarte les pattes du lapin, ce qui facilite grandement le travail suivant.
Avec un couteau bien aiguisé, faites une incision circulaire
au-dessus de chaque jarret. Faites-la bien superficielle, sans cela vous
risqueriez de couper le muscle et de provoquer le décollement de toute la masse
charnue. Puis, en passant par la face interne des cuisses et sous la queue,
fendez la peau de l’une à l’autre des incisions (croquis A).
Sans saccades, bien droit, tirez alors la peau vers le bas,
elle se décolle très facilement.
Mise sur tendeurs.
— Aussitôt après le dépouillement, pour éviter les faux
plis, tendez la peau, retournée ventre contre dos, de sorte que les quatre
pattes soient du même côté.
Voici la description de quatre tendeurs très simples :
1° Avec une baguette de bois flexible (noisetier par
exemple), courbée en forme de fourche que vous glissez dans la fourrure, le
cintre en haut (croquis B) ;
2° Avec un brin de fil de fer assez fort (5 à 8 millimètres
de section et de 1m,50 de long environ, en confectionnant un ressort
écarteur au milieu du fil de fer (croquis C) ;
3° Avec une planchette de 2 centimètres
d’épaisseur environ dont vous avez abattu soigneusement et poncé les arêtes.
Cette planchette épouse la forme de la dépouille. La queue est clouée sur la
planchette (croquis D) ;
4° Avec un petit châssis réglable que vous confectionnerez
vous-même (croquis E).
Séchage.
— Les peaux ainsi tendues doivent sécher huit à quinze jours
à l’abri du soleil et de la pluie, mais bien à l’air. Et surtout ne bourrez
jamais les peaux avec de la paille ou du foin ; elles perdraient ainsi
toute valeur marchande.
Vente.
— Vendez directement aux fourreurs de votre région.
Faites-leur des offres par écrit en indiquant race, époque du sacrifice, âge du
sujet, quantités.
Attendez pour vendre d’avoir un lot important ; pour
cela, empilez les peaux bien sèches dans des boîtes bien closes. Saupoudrez
chaque couche de naphtaline, puis fermez la boîte en collant sur les jointures
une bande de papier.
Georges CAILLE.
|