Nous voulons vous entretenir, aujourd’hui, de la vaisselle
de bois, depuis longtemps tombée en oubli et que la mode vient de rajeunir en
l’introduisant renouvelée et ornée dans le décor de nos intérieurs.
Parmi les multiples objets offerts à notre choix, nous
retiendrons surtout l’assiette, car il est amusant d’en posséder quelques
pièces.
Lorsqu’il s’agit de garnir un buffet, elles offrent un
alignement très agréable ; accrochées au mur, elles plaisent par leur
originalité. Volontiers on s’en sert aussi pour présenter le pain sur table. Si
vous aimez le rustique, une telle mode vous plaira par son aspect paysan.
Bien que certains décors aux couleurs vives rappellent le
moderne, les teintes neutres du bois se prêtent à des ensembles monochromes très
harmonieux.
Le travail que représente la décoration de ces objets
n’offrant aucune difficulté particulière, il vous sera facile de
l’entreprendre. Vous savez toutes broder et coudre et faire de charmants
ouvrages presque sans le vouloir. L’art d’embellir son foyer est sœur de ces
passe-temps féminins.
Il faut se procurer d’abord une assiette de bois très
uni ; s’il ne l’était pas suffisamment, se servir, pour le rendre plus
lisse, de papier de verre ou de ponce en poudre. Avant de commencer le travail,
il est nécessaire de bien essuyer le bois pour enlever aussi complètement que
possible la poudre de verre.
Quand le bois est ainsi prêt, on fera le dessin, soit en
opérant directement sur l’objet qu’il s’agit de décorer, soit en le calquant au
papier mine de plomb, exactement comme on le ferait pour la broderie.
Passons maintenant au travail lui-même. Si vous disposez
d’un appareil à pyrograver, c’est le cas de vous en servir et de dessiner votre
ouvrage avec la pointe à feu : si vous n’en avez pas, vous vous procurerez
un canif à inciser le bois dit « canif à tarso », avec lequel vous
suivrez tous les contours du dessin, donnant à ce tracé une profondeur de 2
millimètres en apportant une grande attention à ce travail, car, une fois le
trait fait, bien que l’on puisse l’atténuer, cela nuit à l’ensemble du travail.
Pour atténuer l’erreur que l’on peut avoir commise, nous nous servirons de
papier de verre, avec lequel nous frotterons légèrement la partie manquée.
Les contours seront naturellement seuls tracés, et
cela très légèrement, de façon à n’avoir qu’un trait qui sépare les divers bois
auxquels nous donnerons ensuite leurs teintes respectives.
Sur notre modèle (fig. 1), le motif épis et feuilles
reste de la couleur du bois ; le fond seul est teinté d’un léger ton brun
Van Dyck, pour lequel l’aquarelle peut suffire, à moins que vous n’employiez
pour ce travail, ce qui vaut mieux, les couleurs liquides pour teinter le bois.
Elles existent en plusieurs nuances : noyer, vieux chêne, courbaril,
acajou, etc. ..., et peuvent se diluer avec l’eau si l’on veut en diminuer
l’intensité.
Mais il y a mille façons de dispenser les teintures sur le
bois, et tout dépend surtout, dans ce genre de travail, de l’intention et du
goût de la personne qui l’exécute ; nous ne pouvons donc guider que d’une
façon un peu générale la main de nos lectrices. Nous pouvons toutefois leur
indiquer divers motifs de décoration qui pourront leur être généralement
utiles.
C’est ainsi que nous leur conseillerons d’introduire
quelques clous fantaisie dans leur décor, comme on en voit dans la marqueterie
ancienne. Cette ornementation, si elle est judicieusement et artistement
exécutée, peut constituer à elle seule une décoration complète (fig. 2).
Sur ce modèle, les clous de diverses formes et de grosseurs différentes sont
alignés de façon géométrique avec une grande exactitude dans la symétrie.
Pour enfoncer ces clous sans endommager le bois, on fait
d’abord leur place au moyen d’un poinçon et on se sert, si possible, d’un
chasse-clou pour ne pas détériorer la tête du clou.
Pour terminer, encaustiquer le bois à l’aide de cire vierge,
afin de donner plus de brillant et plus d’éclat aux couleurs ainsi fixées.
Aimez-vous les nouveautés ? En voici une charmante et
bien personnelle. Elle consiste à orner le fond de l’assiette (fig. 3)
d’un petit dessin significatif : on grave sur le pourtour une devise, un
vers, ou le nom de la maison de campagne ou l’emblème qui la représente, ou
bien, dans le fond, le dessin de la maison elle-même ou l’image d’un cheval, ou
d’un chien, ou d’un animal favori. Toutes les fantaisies sont permises. Il n’y
a qu’à laisser aller l’imagination.
J. M.
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