Le daim était autrefois un animal de vénerie, il venait dans
l’estime des chasseurs après le cerf et avant le chevreuil ; aujourd’hui,
il n’existe plus en France à l’état sauvage ; tout au plus le
conserve-t-on dans quelques grands parcs entourés de murs.
Peut-être en existe-t-il encore quelques-uns dans les forêts
de Compiègne, de Laigue et d’Ourscamp. Sous le second Empire, le prince
Napoléon avait là un équipage exclusivement consacré à la chasse du daim.
Aujourd’hui, le daim peuple les grands parcs d’Angleterre,
car il s’accommode mieux que le cerf de cette demi-domesticité dans un espace
relativement resserré.
On l’y chasse quelquefois, car on estime fort sa venaison,
mais c’est le plus souvent à tir.
Il est regrettable que ce bel animal ne se trouve plus dans
nos forêts ; nous devons certainement cette disparition à son naturel
moins méfiant, à sa course moins rapide, à son intelligence moins développée
que celle du cerf.
C’est un bel animal, et sa silhouette se découpant sur le
fond vert d’une lisière est du plus bel effet.
Son pelage est plus brun que celui du cerf, mais, ce qui
l’en distingue surtout, c’est que, pendant toute sa vie, il porte la livrée,
c’est-à-dire qu’il est moucheté de blanc.
Sa taille tient le milieu entre celle du cerf et celle
du chevreuil, ses formes sont plus arrondies, moins anguleuses ; enfin ses
jambes paraissent plus courtes relativement à la longueur du corps ; en
outre, la queue du daim descend jusqu’à la moitié de la cuisse.
De même que le cerf, il porte des bois qui tombent chaque
année, et il prend, à mesure qu’il avance en âge, des noms différents comme le
cerf ; son bois est de même nature et pousse dans les mêmes conditions,
mais il n’a pas la même forme.
L’extrémité de chaque bois ne forme pas d’empaumure comme
chez le cerf, elle s’aplatit en palette. En outre, au lieu d’aller en s’évasant
comme celui du cerf, son bois se rapproche vers son extrémité supérieure, en
s’arrondissant avec grâce.
Quoique le cerf et le daim aient entre eux de nombreuses
analogies, ils ne vivent pas ensemble, ou plutôt ils ne vivaient pas ensemble
au temps où ils peuplaient nos forêts. Les daims vont généralement par petites
troupes et sont en toute saison plus sociables que le cerf. Mais, comme ce
dernier, ils se hardent à l’époque des amours et se constituent un sérail dont
ils sont excessivement jaloux.
La daine porte huit mois et met bas deux faons, quelquefois
trois, vers la fin de mai.
Nous croyons bien inutile de parler de la chasse à courre du
daim, puisque ce bel animal ne sert plus qu’à l’ornementation de nos parcs.
Nous pouvons trouver dans les vieux livres de vénerie des
traités complets à ce sujet et d’excellents conseils.
Gaston Phœbus a dit là-dessus de fort bonnes choses, qui ne
valent que comme curiosités.
Le dernier veneur qui ait couru le daim en France, et avec
succès, car il entendait merveilleusement cette chasse, est le marquis de
l’Aigle, qui chassait dans les forêts d’Ourscamp.
Jetons un pleur sur ce beau sport disparu, et ajoutons, pour
terminer cette courte notice, qu’il existe des daims blancs. Ce sont
certainement aujourd’hui des animaux de luxe, qu’on ne peut guère rencontrer
que derrière le grillage d’un parc, ou dans un jardin zoologique.
J. B. S.
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