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Calendrier du pêcheur

Il se peut que février soit un peu meilleur que son prédécesseur et nous le souhaitons pour nos confrères. Malheureusement, ce n’est pas souvent ainsi que les choses se passent, et ce mois est réputé pour ses changements brusques et ses intempéries. Néanmoins, le soleil un peu plus haut sur l’horizon, les jours moins courts avivent l’espoir au cœur du pêcheur qui, avec le printemps, voit s’approcher le terme de son inaction forcée.

Si des alternatives de chutes de neige, suivies de fonte, se font voir à plusieurs reprises, à peu près nulle sera la pêche et rester chez soi serait sage. Au contraire, si le soleil se montre, malgré les gelées nocturnes, on aura quelques chances de ne pas rentrer constamment bredouille.

Avant leur frai qui s’approche, on pourra prendre quelques beaux brochets en pêchant au vif, au poisson mort tournant ou ondoyant, ou avec les leurres métalliques. La préférence des bons pêcheurs pour les cuillères allongées et brillantes, dont le mouvement spiraloïde et irrégulier est fort attirant, se justifie pleinement par des résultats probants. Autant que possible, il siéra de maintenir tous appâts, naturels ou artificiels, à une profondeur raisonnable, car les brochets, quand il fait froid, ont une tendance manifeste à garder un niveau assez inférieur.

La perche, de même, ne chassera guère à proximité de la surface et ne s’éloignera que par exception de son gîte habituel. Les vers, les petits poissons vivants, les petites cuillères brillantes, les devons de petite taille et surtout le poisson d’étain, qui se manœuvre verticalement ou obliquement, et non dans le sens horizontal, pourront donner les jours propices de bons résultats, si le pêcheur est habile, connaît bien sa rivière et les places affectionnées de ce poisson carnassier.

S’il devait, dans une rivière inconnue, le rechercher à l’aveuglette, à moins d’une chance extraordinaire, les résultats obtenus seraient, à coup sûr, moins brillants que ceux des pêcheurs du pays.

Les gros chevesnes seront d’autant mieux portés à mordre que la température de l’eau sera moins glaciale. Ils n’ont pas encore quitté les parties lentes et profondes des cours d’eau, et ce sera avec les mêmes esches qu’en janvier qu’il conviendra de les tenter.

La pêche dite « au sac », qui n’est ni très propre, ni précisément agréable, est une de celles qui rapportent le plus de belles pièces, mais on peut avec avantage la remplacer par la pêche au sang caillé, le sang servant d’amorce et l’hameçon étant esché d’une belle noquette de sang desséché, dont le chevesne se montre friand.

R. PORTIER.

Le Chasseur Français N°606 Février 1942 Page 81