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Les laitues

La laitue (Lactuca saliva), famille des composées, tribu des lactucées, est d’origine incertaine. Elle fut très anciennement cultivée par les Égyptiens qui la mangeaient pour se rafraîchir ; par les Hébreux, où elle accompagnait l’agneau pascal ; par les Romains dont elle constituait le principal légume. De nos jours, elle est sur toutes les tables, c’est la salade la plus populaire.

La culture de la laitue est facile et nos producteurs de graines de semence ont, par semis et sélections, transformé complètement le type primitif auquel le lait amer de sa sève a donné son nom de laitue.

La laitue cultivée actuelle a un suc beaucoup moins amer, mais elle est peu nourrissante ; son usage en est particulièrement recommandé aux diabétiques et ses propriétés calmantes sont universellement connues.

C’est généralement une erreur que de consommer la laitue braisée, quoi qu’en puissent penser gourmets et gourmands. La cuisson lui ôte, en effet, une grande partie des précieuses vitamines qu’elle renferme. Ce ne sont d’ailleurs pas les feuilles blanches du cœur qui sont les meilleures sous ce rapport, mais les feuilles vertes qui ont reçu toutes les radiations solaires ; ce sont elles surtout qui contiennent les vitamines.

Nous voudrions ici donner quelques conseils aux débutants qui ont été légion en 1941 et seront aussi nombreux encore cette année-ci.

Vous vous désolez parfois devant vos laitues qui montent prématurément à graines et vous incriminez à tort le fournisseur qui vous a vendu les semences : ce n’est pas la variété demandée, ou ce sont de vieilles graines ; il n’est pas jusqu’à la lune elle-même que vous ne rendiez responsable. Erreur, grosse erreur ! Il vous faut un bouc émissaire alors que vous êtes seul coupable !

Vous ne devez pas ignorer, en effet, que vous avez quatre races de laitues bien différentes, qui correspondent aux différentes saisons et sont susceptibles par leur culture échelonnée de pourvoir toute l’année à tous les besoins de la table familiale.

    1° Les laitues printanières conviennent pour la première saison ; peu volumineuses, on les utilise pour la culture sous cloche, sous châssis, ou sur couche chaude. Les variétés Gotte et Reine de mai en sont les types connus, la récolte se poursuit jusque vers la fin de mai ou juin, suivant les régions ;

    Laitues pommées d’été et d’automne, qui peuvent se semer depuis mars jusqu’en juillet. Si vous avez le temps de repiquer les plants avant de mettre en place, vous y gagnerez, espacez de 25 à 40 centimètres. Des variétés ont des pommes énormes, telle la Bossin géante dorée ou la Monstrueuse d’été, arrivant à peser 2 kilos, les laitues Batavia, Craquante de Pierre-Bénite, la Savoyarde, blonde paresseuse, etc. ..., sont parmi les plus connues et les plus cultivées ; elles se récoltent jusqu’aux gros froids ;

    Laitues pommées d’hiver, se sèment depuis la moitié d’août jusqu’à la fin de septembre. Mettre en place sur côtières, sous châssis, à froid ou dans une situation abritée ; donner de l’engrais et un binage aux premiers beaux jours, Vous pourrez commencer à récolter en février mars. La laitue brune et la rouge d’hiver, la Passion, la Bioride de Trémont, de Sélestat, sont bien connues ;

    Laitues à couper en toutes saisons, pas d’époques, vous semez depuis février jusqu’en septembre ; assez dru, puisque vous les coupez et ne comptez pas sur les pommes. Laitue à feuilles de chêne, frisée à couper, des quatre saisons, sont les plus estimées.

En tenant bien compte des époques, des variétés qui y correspondent, en plantant en terre fumée et terreautée, vous aurez au cours de l’année de forts spécimens, qui feront votre orgueil et la joie de votre famille.

M. E.

Le Chasseur Français N°606 Février 1942 Page 94