L’École supérieure d’Application d’Agriculture tropicale a
ouvert son enseignement à Paris, provisoirement, 2, avenue de l’Observatoire,
dans les locaux de l’École coloniale, sous la direction de M. Louis Retaud,
précédemment directeur des Services économiques de l’Indochine.
Cet établissement est l’ancien Institut national d’Agronomie
de la France d’Outre-Mer, 2, avenue de la Belle-Gabrielle, à Nogent-sur-Marne,
réorganisé par un décret du 29 juillet 1939.
À la fin du siècle dernier, Dybowski, ancien commandant d’un
détachement de renfort pour la Mission de Paul Crampel, créa l’École coloniale
d’Agriculture de Tunis. Puis, lors de l’Exposition Universelle de 1900,
montrant la nécessité de préparer des agriculteurs pour les Colonies, il
proposa la fondation du jardin colonial de Nogent-sur-Marne, sur les terrains
que le Muséum d’Histoire naturelle de Paris possédait au Bois de Vincennes. Il
en fut nommé directeur, réussit à faire attribuer à ce Jardin colonial du
matériel provenant de l’Exposition de 1900, en particulier une pagode de
Cochinchine, des collections provenant de l’ancienne exposition coloniale
permanente du Palais de l’Industrie, etc. ...
Les cours, professés par des maîtres qualifiés, furent
ouverts devant des élèves d’origines diverses, formant un ensemble peu
homogène ; on y trouvait depuis des ingénieurs agronomes jusqu’à des
anciens élèves de l’École d’horticulture de Versailles.
Certains diplômés du Jardin colonial se distinguèrent dans
les services agricoles des colonies, d’autres dans des entreprises privées,
mais ceux qui ne purent se placer furent trop nombreux.
Peu à peu cette école, passée sous la direction de M. Prudhomme,
ingénieur agronome, ancien chef du service de l’Agriculture à Madagascar, se
transforma, changea plusieurs fois de nom, mais elle souffrait toujours du même
manque d’homogénéité dans son recrutement, qu’accentuait le manque de débouchés
pour les anciens élèves n’ayant pu se faire admettre dans les services de
l’Agriculture des diverses colonies, les entreprises privées prenant peu de
débutants, ne tenant point à faire les frais de leur apprentissage colonial.
Par contre, des inspecteurs d’Agriculture ayant une expérience souvent longue
des cultures coloniales et des indigènes reçurent des offres intéressantes ou
fondèrent des plantations.
L’Institut national d’Agronomie coloniale s’intéressait
aussi aux recherches concernant les cultures à préconiser dans nos possessions.
Il publiait une revue mensuelle technique.
La nouvelle organisation de l’École supérieure d’Application
d’Agriculture tropicale est instituée pour former les cadres de direction des
entreprises agricoles coloniales et le personnel des services techniques et
scientifiques de l’agriculture des colonies, en complétant la spécialisation
des élèves qui possèdent des diplômes d’enseignement supérieur exigés pour la
section qu’ils envisagent.
Le recrutement se fait sur titres ; l’admission est
prononcée par le ministre des Colonies sur la proposition du directeur des
Affaires économiques dans la limite des places ouvertes par un arrêté
ministériel. Des auditeurs libres peuvent être autorisés à suivre tout ou
partie de l’enseignement par décision du directeur des Affaires économiques
prise sur la proposition du directeur de l’école.
Les sections sont au nombre de quatre.
La première traite du génie rural et des améliorations
agricoles. Peuvent être admis : les anciens élèves de l’École
Polytechnique, les ingénieurs agronomes remplissant les conditions
d’admissibilité à l’École supérieure du Génie rural.
La seconde section s’intéresse aux recherches agronomiques.
Elle peut recevoir les anciens élèves de l’École Normale supérieure (sciences),
les ingénieurs agronomes classés dans la première moitié de leur promotion, les
ingénieurs agricoles sortis dans le premier tiers de leur promotion et
titulaires du P. C. B., les licenciés ès sciences pouvant avoir accès
au doctorat d’État, les anciens élèves de l’École municipale de physique et
chimie industrielle de la Ville de Paris, les pharmaciens de première classe.
La troisième section étudie l’économie, le crédit et la
mutualité agricoles ; y ont accès les ingénieurs agronomes, les ingénieurs
agricoles ayant la moyenne de 15 à la sortie d’une École nationale
d’Agriculture et classés dans le premier tiers ; les élèves diplômés de
l’École des Hautes-Études commerciales, les élèves diplômés de l’École libre
des sciences politiques classés dans la première moitié de leur section.
La quatrième section s’occupe d’agriculture indigène et de
vulgarisation agricole. Elle peut recevoir : les ingénieurs agronomes, les
ingénieurs agricoles, les ingénieurs de l’Institut agricole d’Algérie et de
l’École coloniale d’Agriculture de Tunis ayant été classés dans le premier
quart de leur promotion.
Les demandes d’admission doivent être adressées au ministre
des Colonies, Direction des Affaires économiques, École supérieure
d’Application d’Agriculture tropicale. Elles indiquent les diplômes que possède
le postulant, son adresse ainsi que celle de ses parents. Des copies
certifiées, des certificats de diplômes, du classement et de la moyenne obtenue
sont jointes ainsi que les pièces habituelles d’un dossier de demande d’emploi
administratif, extrait de naissance, casier judiciaire, certificat de bonne vie
et mœurs récent.
Souhaitons tout le succès que mérite un semblable
établissement. Le passé nous indique qu’il dépendra en grande partie du nombre
de postes offerts aux élèves sortants. Si tous sont placés convenablement, la
réussite est certaine, car la sélection est sérieusement faite et la direction
assumée par un homme de haute valeur.
Victor TILLINAC.
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