Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°606 Février 1942  > Page 120 Tous droits réservés

Enseignement supérieur de l’agriculture coloniale

L’École supérieure d’Application d’Agriculture tropicale a ouvert son enseignement à Paris, provisoirement, 2, avenue de l’Observatoire, dans les locaux de l’École coloniale, sous la direction de M. Louis Retaud, précédemment directeur des Services économiques de l’Indochine.

Cet établissement est l’ancien Institut national d’Agronomie de la France d’Outre-Mer, 2, avenue de la Belle-Gabrielle, à Nogent-sur-Marne, réorganisé par un décret du 29 juillet 1939.

À la fin du siècle dernier, Dybowski, ancien commandant d’un détachement de renfort pour la Mission de Paul Crampel, créa l’École coloniale d’Agriculture de Tunis. Puis, lors de l’Exposition Universelle de 1900, montrant la nécessité de préparer des agriculteurs pour les Colonies, il proposa la fondation du jardin colonial de Nogent-sur-Marne, sur les terrains que le Muséum d’Histoire naturelle de Paris possédait au Bois de Vincennes. Il en fut nommé directeur, réussit à faire attribuer à ce Jardin colonial du matériel provenant de l’Exposition de 1900, en particulier une pagode de Cochinchine, des collections provenant de l’ancienne exposition coloniale permanente du Palais de l’Industrie, etc. ...

Les cours, professés par des maîtres qualifiés, furent ouverts devant des élèves d’origines diverses, formant un ensemble peu homogène ; on y trouvait depuis des ingénieurs agronomes jusqu’à des anciens élèves de l’École d’horticulture de Versailles.

Certains diplômés du Jardin colonial se distinguèrent dans les services agricoles des colonies, d’autres dans des entreprises privées, mais ceux qui ne purent se placer furent trop nombreux.

Peu à peu cette école, passée sous la direction de M. Prudhomme, ingénieur agronome, ancien chef du service de l’Agriculture à Madagascar, se transforma, changea plusieurs fois de nom, mais elle souffrait toujours du même manque d’homogénéité dans son recrutement, qu’accentuait le manque de débouchés pour les anciens élèves n’ayant pu se faire admettre dans les services de l’Agriculture des diverses colonies, les entreprises privées prenant peu de débutants, ne tenant point à faire les frais de leur apprentissage colonial. Par contre, des inspecteurs d’Agriculture ayant une expérience souvent longue des cultures coloniales et des indigènes reçurent des offres intéressantes ou fondèrent des plantations.

L’Institut national d’Agronomie coloniale s’intéressait aussi aux recherches concernant les cultures à préconiser dans nos possessions. Il publiait une revue mensuelle technique.

La nouvelle organisation de l’École supérieure d’Application d’Agriculture tropicale est instituée pour former les cadres de direction des entreprises agricoles coloniales et le personnel des services techniques et scientifiques de l’agriculture des colonies, en complétant la spécialisation des élèves qui possèdent des diplômes d’enseignement supérieur exigés pour la section qu’ils envisagent.

Le recrutement se fait sur titres ; l’admission est prononcée par le ministre des Colonies sur la proposition du directeur des Affaires économiques dans la limite des places ouvertes par un arrêté ministériel. Des auditeurs libres peuvent être autorisés à suivre tout ou partie de l’enseignement par décision du directeur des Affaires économiques prise sur la proposition du directeur de l’école.

Les sections sont au nombre de quatre.

La première traite du génie rural et des améliorations agricoles. Peuvent être admis : les anciens élèves de l’École Polytechnique, les ingénieurs agronomes remplissant les conditions d’admissibilité à l’École supérieure du Génie rural.

La seconde section s’intéresse aux recherches agronomiques. Elle peut recevoir les anciens élèves de l’École Normale supérieure (sciences), les ingénieurs agronomes classés dans la première moitié de leur promotion, les ingénieurs agricoles sortis dans le premier tiers de leur promotion et titulaires du P. C. B., les licenciés ès sciences pouvant avoir accès au doctorat d’État, les anciens élèves de l’École municipale de physique et chimie industrielle de la Ville de Paris, les pharmaciens de première classe.

La troisième section étudie l’économie, le crédit et la mutualité agricoles ; y ont accès les ingénieurs agronomes, les ingénieurs agricoles ayant la moyenne de 15 à la sortie d’une École nationale d’Agriculture et classés dans le premier tiers ; les élèves diplômés de l’École des Hautes-Études commerciales, les élèves diplômés de l’École libre des sciences politiques classés dans la première moitié de leur section.

La quatrième section s’occupe d’agriculture indigène et de vulgarisation agricole. Elle peut recevoir : les ingénieurs agronomes, les ingénieurs agricoles, les ingénieurs de l’Institut agricole d’Algérie et de l’École coloniale d’Agriculture de Tunis ayant été classés dans le premier quart de leur promotion.

Les demandes d’admission doivent être adressées au ministre des Colonies, Direction des Affaires économiques, École supérieure d’Application d’Agriculture tropicale. Elles indiquent les diplômes que possède le postulant, son adresse ainsi que celle de ses parents. Des copies certifiées, des certificats de diplômes, du classement et de la moyenne obtenue sont jointes ainsi que les pièces habituelles d’un dossier de demande d’emploi administratif, extrait de naissance, casier judiciaire, certificat de bonne vie et mœurs récent.

Souhaitons tout le succès que mérite un semblable établissement. Le passé nous indique qu’il dépendra en grande partie du nombre de postes offerts aux élèves sortants. Si tous sont placés convenablement, la réussite est certaine, car la sélection est sérieusement faite et la direction assumée par un homme de haute valeur.

Victor TILLINAC.

Le Chasseur Français N°606 Février 1942 Page 120