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Causerie vétérinaire

Plaies d’été

Ainsi que leur qualificatif suffit à l’indiquer, ce sont des plaies saisonnières, se manifestant ordinairement du mois d’avril à octobre, surtout au cours des journées les plus chaudes de l’été. Ce qu’elles ont surtout de caractéristique, c’est leur nature parasitaire, leur aspect granuleux, bourgeonnant, et surtout la production de violentes démangeaisons ne laissant à l’animal aucun moment de repos.

Ces plaies sont produites et entretenues par des larves de parasites de l’estomac du cheval ou, plus rarement, du chien. Ce sont des vers ronds, cylindriques, de quelques millimètres de longueur (2 à 3 millimètres), connus sous le nom de « spirures » et d’« habronèmes », d’où le nom d’habronémose cutanée qui a encore été donné à l’affection. Leur évolution est la suivante : une plaie banale, ordinaire, de la peau prend un aspect grisâtre, se recouvre d’une sécrétion séro-sanguinolente, et bientôt l’on voit apparaître de multiples granulations crétacées, d’où le nom de dermite granuleuse qui est aussi donné à la maladie. Les bourgeons saignent avec une extrême facilité et la plaie devient rebelle à tout traitement. Il faut souvent attendre l’hiver pour en voir la régression et la cicatrisation. À ce moment, alors, elle cède à n’importe quel traitement, même à celui qui a échoué précédemment.

Ce sont les mouches, ces véritables bourreaux des chevaux, qui ajoutent ce nouveau danger à leur présence désagréable dans les écuries. En séjournant et en se nourrissant sur les crottins, elles absorbent les larves des habronèmes, qu’elles transportent ensuite sur la moindre plaie cutanée. Aussi voit-on la maladie disparaître dans une écurie dès que les mouches n’y existent plus.

Traitement.

— Pour être efficace, le traitement doit remplir deux conditions : être préventif d’abord, puis curatif. La prophylaxie comporte l’emploi d’une médication vermifuge pour tous les chevaux de l’écurie, ou tout au moins pour ceux qui ont été déjà atteints de plaies d’été. La vétérinaire traitant pourra recourir à l’acide arsénieux (arsenic), à l’émétique, à l’essence de térébenthine, etc., qu’il prescrira à doses variables suivant l’âge et le poids des malades.

Dans les fermes ou autres exploitations agricoles, les fumiers, étant à la fois des lieux de prédilection et de refuge pour toutes les espèces de mouches, seront l’objet de mesures particulières destinées à s’opposer à la pullulation de celles-ci et à l’extermination de leurs larves ou asticots. Pour obtenir ce résultat, il suffira de déposer le fumier, dès sa sortie de l’écurie, non à la surface du tas, mais dans une excavation creusée, au moment du dépôt, dans la masse en fermentation. De cette façon, les œufs et les larves de mouches sont rapidement soumis à une température élevée qui les tue vite.

Pour protéger les chevaux contre les mouches et, d’une façon générale, contre les insectes qui les tourmentent en été, on les lotionnera avec des solutions diverses, notamment de crésyl, d’huile empyreumatique, d’assa fœtida, etc. On éloignera les mouches des plaies accidentelles en les recouvrant d’une mince couche de la pommade suivante : huile de cade vraie, 5 grammes ; essence de mirbane, 1gr,5 ; formol, 6 gouttes ; vaseline, 60 grammes. En outre, on devra protéger les animaux en travail au moyen de filets à cordelettes, de queues de renard, d’émouchoirs divers fixés aux harnais, etc.

Le traitement curatif des plaies d’été est du ressort du vétérinaire.

Le plus efficace, sinon le seul efficace, est d’ordre chirurgical. Intervenir hâtivement : exciser les granulations et gratter les parois de la plaie avec la curette, etc. Terminer par un pansement avec une pommade antiseptique à base de thymol, d’huile de cade, etc. ; à défaut, badigeonner la plaie avec une solution d’acide picrique ou salicylique au dixième.

MOREL,

Médecin-vétérinaire.

Le Chasseur Français N°607 Avril 1946 Page 164