Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°608 Juin 1946  > Page 203 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Garnitures florales

pour le printemps prochain

Les plantes à fleurs printanières viennent à peine de quitter les corbeilles et les plates-bandes du jardin d’agrément pour faire place aux plantes de garniture d’été que déjà il faut songer à la garniture du printemps prochain.

C’est qu’en effet l’ornementation de la partie d’agrément pendant toute la belle saison ne peut être convenablement assurée que si l’on fait annuellement deux plantations ; l’une, en fin mai ou au début de juin, avec des plantes non rustiques, dites « plantes molles », a pour objet de parer le jardin jusqu’aux gelées d’automne ; l’autre, en octobre-novembre, doit l’agrémenter de mars à mai.

Dans cette dernière plantation, les plantes bulbeuses, les tulipes surtout, sont susceptibles d’entrer pour une part importante. Incontestablement, ce sont elles qui apporteront la note la plus riche dans la garniture du printemps. Elles ont malheureusement l’inconvénient de dégénérer plus ou moins rapidement, et leur remplacement ne laisse pas que d’être fort coûteux.

Aussi s’applique-t-on habituellement à employer, concurremment avec quelques plantes bulbeuses, d’autres plantes à fleurs. On les désigne sous le vocable général de plantes bisannuelles parce qu’elles ne fleurissent normalement que l’année qui suit le semis.

Quelques-unes sont d’emploi très courant, en raison à la fois de leur rusticité et de leur valeur décorative.

Ce sont, d’abord, les nombreuses variétés de pensées à grandes fleurs, notamment les races Parisienne à grandes macules, Idéale, Trimardeau, ainsi que les variétés unicolores à fleurs blanches, jaunes, bleues, noir velouté, dont les fleurs moyennes font, en raison de leur nombre, un effet considérable.

Les pâquerettes à fleurs doubles rouges, roses ou blanches, aux fleurs énormes dans les races modernes, dont la floraison commence, dès les premiers beaux jours, pour se continuer sans interruption jusqu’au début de l’été. Une race à fleurs petites rouge vif ne le cède en rien aux autres comme effet, en raison de la multitude de ses capitules.

Les myosotis des Alpes, aux jolies et innombrables fleurettes bleues, roses ou blanches qui s’épanouissent de bonne heure, sont très rustiques et forment de fort belles bordures ainsi que de remarquables tapis à floraison prolongée.

La giroflée jaune, appelée, suivant les régions, muret ou rameau d’or, plante d’une très grande rusticité qui répand, dans le jardin, dès le début du printemps, une odeur suave. Il en existe des variétés à fleurs jaunes, d’autres à fleurs brunes, les unes naines, les autres plus grandes.

Le silène à fruit pendant (Silene pendula), à fleurs d’un beau rose vif, d’assez longue durée, plante susceptible de former de très belles bordures naines et même des corbeilles restant en fleurs très longtemps.

D’autres plantes s’emploient de façon moins courante, mais peuvent cependant, dans certaines situations spéciales, rendre des services. Telles sont :

La lunaire bisannuelle, plus connue sous le nom de Monnaie du Pape, dont les fleurs violettes sont assez communes, mais dont les nombreux fruits, d’un blanc nacré, qui se prêtent à la confection de bouquets secs de conservation prolongée, sont des plus intéressants.

La giroflée d’hiver ou grosse espèce, dont la floraison est un peu plus tardive et qui redoute beaucoup l’humidité en hiver, mais dont les variétés à fleurs doubles, de diverses nuances, sont des plus décoratives.

La campanule à grosse fleur ou carillon, dont les variétés, à fleurs de coloris divers, fleurissent seulement à partir de la mi-mai et ne peuvent entrer, par conséquent, dans la composition des corbeilles dont on refait la plantation en fin mai, mais n’en sont pas moins très ornementales.

L’époque favorable au semis de ces différentes plantes varie quelque peu. Certaines d’entre elles, en effet, se développent plus vite que d’autres. Il faut, en outre, tenir compte qu’il est nécessaire d’obtenir un développement suffisant pour que les plantes puissent résister aux intempéries de la mauvaise saison, mais cependant éviter un développement excessif dont la conséquence serait une floraison prématurée et une moindre rusticité.

Le résultat cherché est généralement obtenu lorsqu’on sème en pépinière, dès juin, la giroflée jaune, la lunaire bisannuelle et les campanules à grandes fleurs, dont les débuts sont fort lents. En juillet, on les repiquera en pépinière dans une planche bien ameublie et enrichie par un apport de terreau. On les y reprendra pour les planter à demeure en novembre.

Le développement des pensées est un peu plus rapide, de telle sorte que l’on peut attendre juillet, et même parfois août, pour les semer en terre saine et légère dans un endroit mi-ombragé.

Les pâquerettes poussent encore plus vite. Pour elles, le semis d’août suffit largement. Il peut être différé jusqu’en septembre pour le silène à fruit pendant.

Pour effectuer le semis, on prépare d’abord la terre par un bon bêchage et plusieurs crochetages, puis, après l’avoir bien nivelée au râteau, on y établit des compartiments et, dans chacun d’eux, on épand les graines que l’on enterre légèrement à la griffe, puis que l’on recouvre d’un centimètre de terreau fin. On termine par un coup de batte, et la terre est ainsi bien moins exposée à se battre sous l’influence des pluies abondantes ou des arrosages quotidiens.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°608 Juin 1946 Page 203