Les erreurs de piégeage peuvent provenir soit du fait de
l’emploi d’un matériel mal conditionné ou de mauvaise qualité, soit de fautes
imputables au piégeur lui-même.
Parmi les erreurs provenant du matériel, les dimensions des
pièges jouent un rôle très important. Un piège trop grand exige un terrassement
inutile qui risque d’éveiller la méfiance des animaux. Si ces dimensions sont
par trop disproportionnées, le poids de l’animal peut même n’être pas suffisant
pour amener la détente à fonctionner, ou bien encore, si le piège se ferme,
l’animal peut très bien passer sous les mâchoires sans aucun dommage pour lui.
Au contraire, si les mâchoires l’enserrent, il sera littéralement coupé en
deux.
Trop petit, et ce cas est assez rare chez les débutants, les
inconvénients sont aussi grands. Un novice se figure que plus la surface de la
palette est grande, plus l’animal aura de chances de se faire prendre. Il
semble transposer en piégeage la phrase connue : plus la culotte est large
et plus l’homme est fort ... Un piège trop petit est le plus souvent
trouvé détendu avec une touffe de « poils souvenirs » entre les
mâchoires. Si le piégeur n’a pas pris ses précautions, le piège restera
éternellement tendu, l’animal se contentant de l’enjamber à chaque passage. Enfin,
un piège de dimensions réduites fait rarement des prises hautes sur la patte.
En résumé, il faut savoir proportionner les dimensions de ses pièges en
fonction des animaux qu’on désire leur faire capturer. Et ceci est très facile
en France. Avec trois dimensions, on peut capturer tous les nuisibles de notre
pays. Avec des palettes de 12 à 15 centimètres, on prendra renards,
blaireaux, loutres ; avec des palettes de 6 à 8 centimètres, on
prendra martres, fouines, chats, genettes, putois ; et, enfin, avec des
palettes de 4 à 5 centimètres, on prendra hermines, belettes, écureuils,
surmulots.
Si le piège est de mauvaise qualité, le nombre d’avatars est
assez considérable. Du côté du ressort, il peut se casser net s’il a été trempé
trop sec. Au contraire, pas assez trempé, il devient très vite inutilisable, ne
fermant plus les mâchoires ou le faisant d’une manière insuffisante. Ajoutons,
en outre, qu’un ressort de « bonne maison » doit, lui aussi, être de
force proportionnée à la capture : trop puissant, il coupe ou brise les
pattes, trop mou, il ne tient pas la capture. Du côté des mâchoires également,
il y a lieu de refuser celles à tranches trop minces qui agissent comme de
véritables couteaux. On refusera également celles qui sont mal ajustées, et on
portera ses préférences aux mâchoires à dents, particulièrement sur celles
opposant une dent arrondie à une encoche triangulaire.
La palette offre des inconvénients moindres en ce sens qu’on
peut toujours la changer ou la retailler. Bordant de près les mâchoires, elle
risque d’être coincée par le moindre petit caillou ou morceau de bois. Parfois
même, dans un engin mal conditionné ou ayant pris du jeu avec l’âge, elle
viendra se caler sur l’une des mâchoires, empêchant ainsi toute fermeture.
Enfin, elle n’aura jamais la chute nécessaire pour assurer une prise haute qui
est toujours à rechercher. Trop loin des mâchoires, elle n’offre, à mon avis,
que très peu d’inconvénients, dont celui de compliquer le camouflage du piège
tendu. Mais de telles palettes sont à recommander pour la capture du blaireau
et de la loutre. Enfin, il est bon de rappeler que, pour qu’un piège soit bien
réglé, il faut que la palette soit au niveau : des mâchoires, celles-ci
étant ouvertes. Trop haute, on est obligé d’enfouir le piège en terre, trop
basse, la couche de camouflage devient trop importante et risque de bloquer les
mâchoires. Je n’aurais garde de terminer ces quelques lignes sans rappeler que
plus la chute de la palette est totale, plus les captures seront abondantes.
Cette chute est facile à obtenir en découpant la palette, de façon qu’elle ne
bute ni sur la sole du piège, ni sur l’œil du ressort, ce qui se fait aisément
avec une cisaille coupante.
A. CHAIGNEAU.
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