Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°609 Août 1946  > Page 249 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Soins aux arbres fruitiers en formation

Le palissage.

— Les arbres en formation demandent à être surveillés dans leur développement, afin que la tige, les charpentières prennent chacune la direction qu’elles doivent avoir pour obtenir la forme désirée.

Le palissage est une opération que l’on ne doit pas négliger si l’on veut obtenir une forme harmonieuse, se dessinant rapidement, pour occuper aussi vite que possible l’espace qui lui est réservé.

Les arbres en espalier seront fixés contre un mur sur un treillage, en plein carré sur un contre-espalier. En hiver, on procède au palissage en sec ou dressage. On continue, au moment de la végétation, par le palissage en vert. Le palissage en sec se fait avec des ligatures d’osier (osier jaune), tandis que le palissage en vert utilise le jonc de jardiniers (Juncus glaucus).

Le palissage en sec a pour but de dresser la charpente de l’arbre et de donner aux branches, suivant leur forme, les directions : verticales, obliques, horizontales, en évitant les courbes prononcées pour celles qui passent de la direction verticale à l’horizontale, ou inversement. Les branches seront dressées bien droites, la sève, ne rencontrant pas des coudes brusques formant des points d’arrêt, circulera librement sur tout son parcours. C’est par le palissage en sec qu’on donne à l’arbre la forme qu’il doit avoir définitivement. Ce résultat sera atteint en amenant, chaque année, la branche à prendre graduellement la direction voulue, jusqu’à la position qu’elle doit occuper définitivement. Cette opération sera facilitée en l’effectuant par temps humide, au moment où le sujet est en pleine végétation. Exécuté par temps sec, par grand vent, il arrive de trouver, après ce travail, des branches cassées. Les rameaux à croissance faible ne seront pas palissés dans leur direction définitive ; le cas se présente lorsqu’une branche doit prendre l’horizontale ; palissée dans cette position, le rameau serait arrêté dans sa croissance. Pour lui permettre d’avoir une végétation plus rapide, il faudra l’attacher obliquement et l’amener dans la position qu’il doit avoir quand son développement lui permettra de couvrir toute la longueur de la charpentière ; à ce moment, ménager à son sommet un prolongement palissé obliquement qui sera renouvelé chaque année, pour activer la circulation de la sève sur toute sa longueur. Lorsqu’une branche doit passer de l’horizontale à la verticale, le sommet sera redressé, quand sa longueur lui permettra d’être placée dans cette position et que l’extrémité du rameau sera relevé sur 10 centimètres de longueur en lui faisant décrire une courbe allongée. Il sera facile de l’obtenir sans casser le rameau, en le palissant horizontalement à 10 centimètres du point de courbure. Le relever ensuite verticalement en l’accompagnant avec la main, afin de briser les fibres du bois ; on l’attache sur un liteau vertical après lui avoir fait décrire la courbe et on le maintient en place par une ligature placée à 10 centimètres au-dessus. Quand le rameau se casse en partie sur la courbure, les tissus brisés sont remis en contact avec une ligature au raphia ; le tout sera recouvert de mastic à greffer, enveloppé avec un papier sulfurisé. Le tissu de soudure se formera, et la branche qui en sera issue retrouvera sa croissance sans altération dans sa vigueur.

Le palissage est un procédé très énergique pour maintenir l’équilibre entre les divers organes de l’arbre. Un palissage sévère atténuera la végétation, son action sera d’autant plus efficace qu’il rapprochera plus le rameau de l’horizontale. Il faut donc palisser tard les rameaux faibles, ou ceux dont on a intérêt à favoriser l’accroissement. Ceux que l’on désire affaiblir seront palissés de bonne heure.

Le palissage en vert se pratique pendant toute la végétation. Il a pour but de soutenir les bourgeons à l’aide de liens de jonc et de les diriger de manière qu’ils ne se gênent point entre eux, d’éviter l’étiolement des feuilles inférieures, l’avortement des yeux. Les bourgeons ayant tendance à croître avec trop de vigueur seront palissés plus tôt que ceux qui sont faibles ; ceux-ci seront, au contraire, laissés en liberté, de manière qu’ils puissent pousser à leur aise. Avant de les attacher, il faut qu’ils aient acquis assez de consistance pour être placés dans la position qu’ils doivent occuper sans se casser ; éviter de les faire croiser les uns sur les autres ou de les tordre ; les tenir en ligne droite, sans prendre les feuilles dans le lien, en laissant l’extrémité libre ; les ranger symétriquement sans découvrir les fruits. Les bourgeons de prolongement des charpentières seront maintenus bien droits dans le sens suivi par ces derniers.

Les treillages sur lesquels on palissera les rameaux seront formés de liteaux trempés dans une solution de 2 p. 100 de sulfate de cuivre pour prolonger leur durée. Ces liteaux seront recouverts d’une peinture à l’huile et attachés sur trois ou quatre fils de fer galvanisés tendus sur les côtés du mur. Ils seront espacés entre eux selon les essences fruitières palissées. Pour les poiriers et pommiers, un espace de 30 centimètres entre chacun d’eux constituera la meilleure distance, et 15 centimètres pour les pêchers.

E. DEAUX.

Le Chasseur Français N°609 Août 1946 Page 249