Le palissage.
— Les arbres en formation demandent à être surveillés
dans leur développement, afin que la tige, les charpentières prennent chacune
la direction qu’elles doivent avoir pour obtenir la forme désirée.
Le palissage est une opération que l’on ne doit pas négliger
si l’on veut obtenir une forme harmonieuse, se dessinant rapidement, pour
occuper aussi vite que possible l’espace qui lui est réservé.
Les arbres en espalier seront fixés contre un mur sur un
treillage, en plein carré sur un contre-espalier. En hiver, on procède au palissage
en sec ou dressage. On continue, au moment de la végétation, par le palissage
en vert. Le palissage en sec se fait avec des ligatures d’osier (osier
jaune), tandis que le palissage en vert utilise le jonc de jardiniers (Juncus
glaucus).
Le palissage en sec a pour but de dresser la charpente
de l’arbre et de donner aux branches, suivant leur forme, les directions :
verticales, obliques, horizontales, en évitant les courbes prononcées pour
celles qui passent de la direction verticale à l’horizontale, ou inversement.
Les branches seront dressées bien droites, la sève, ne rencontrant pas des
coudes brusques formant des points d’arrêt, circulera librement sur tout son
parcours. C’est par le palissage en sec qu’on donne à l’arbre la forme qu’il
doit avoir définitivement. Ce résultat sera atteint en amenant, chaque année,
la branche à prendre graduellement la direction voulue, jusqu’à la position
qu’elle doit occuper définitivement. Cette opération sera facilitée en l’effectuant
par temps humide, au moment où le sujet est en pleine végétation. Exécuté par
temps sec, par grand vent, il arrive de trouver, après ce travail, des branches
cassées. Les rameaux à croissance faible ne seront pas palissés dans leur
direction définitive ; le cas se présente lorsqu’une branche doit prendre
l’horizontale ; palissée dans cette position, le rameau serait arrêté dans
sa croissance. Pour lui permettre d’avoir une végétation plus rapide, il faudra
l’attacher obliquement et l’amener dans la position qu’il doit avoir quand son
développement lui permettra de couvrir toute la longueur de la
charpentière ; à ce moment, ménager à son sommet un prolongement palissé
obliquement qui sera renouvelé chaque année, pour activer la circulation de la sève
sur toute sa longueur. Lorsqu’une branche doit passer de l’horizontale à la
verticale, le sommet sera redressé, quand sa longueur lui permettra d’être
placée dans cette position et que l’extrémité du rameau sera relevé sur 10 centimètres
de longueur en lui faisant décrire une courbe allongée. Il sera facile de
l’obtenir sans casser le rameau, en le palissant horizontalement à 10 centimètres
du point de courbure. Le relever ensuite verticalement en l’accompagnant avec
la main, afin de briser les fibres du bois ; on l’attache sur un liteau
vertical après lui avoir fait décrire la courbe et on le maintient en place par
une ligature placée à 10 centimètres au-dessus. Quand le rameau se casse
en partie sur la courbure, les tissus brisés sont remis en contact avec une
ligature au raphia ; le tout sera recouvert de mastic à greffer, enveloppé
avec un papier sulfurisé. Le tissu de soudure se formera, et la branche qui en
sera issue retrouvera sa croissance sans altération dans sa vigueur.
Le palissage est un procédé très énergique pour maintenir
l’équilibre entre les divers organes de l’arbre. Un palissage sévère atténuera
la végétation, son action sera d’autant plus efficace qu’il rapprochera plus le
rameau de l’horizontale. Il faut donc palisser tard les rameaux faibles, ou
ceux dont on a intérêt à favoriser l’accroissement. Ceux que l’on désire
affaiblir seront palissés de bonne heure.
Le palissage en vert se pratique pendant toute la
végétation. Il a pour but de soutenir les bourgeons à l’aide de liens de jonc
et de les diriger de manière qu’ils ne se gênent point entre eux, d’éviter
l’étiolement des feuilles inférieures, l’avortement des yeux. Les bourgeons
ayant tendance à croître avec trop de vigueur seront palissés plus tôt que ceux
qui sont faibles ; ceux-ci seront, au contraire, laissés en liberté, de
manière qu’ils puissent pousser à leur aise. Avant de les attacher, il faut
qu’ils aient acquis assez de consistance pour être placés dans la position
qu’ils doivent occuper sans se casser ; éviter de les faire croiser les
uns sur les autres ou de les tordre ; les tenir en ligne droite, sans
prendre les feuilles dans le lien, en laissant l’extrémité libre ; les
ranger symétriquement sans découvrir les fruits. Les bourgeons de prolongement
des charpentières seront maintenus bien droits dans le sens suivi par ces
derniers.
Les treillages sur lesquels on palissera les rameaux seront
formés de liteaux trempés dans une solution de 2 p. 100 de sulfate de
cuivre pour prolonger leur durée. Ces liteaux seront recouverts d’une peinture
à l’huile et attachés sur trois ou quatre fils de fer galvanisés tendus sur les
côtés du mur. Ils seront espacés entre eux selon les essences fruitières
palissées. Pour les poiriers et pommiers, un espace de 30 centimètres
entre chacun d’eux constituera la meilleure distance, et 15 centimètres
pour les pêchers.
E. DEAUX.
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