La désinfection a pour but d’enlever à l’air, au sol, aux
objets et aux corps les éléments microbiens ou parasitaires qui les infectent.
Elle s’effectue au moyen des désinfectants et des parasiticides.
L’étude des désinfectants est très utile puisqu’elle est le
complément indispensable des mesures hygiéniques que l’éleveur doit connaître.
L’usage de la désinfection est nécessaire dans tout élevage. Ainsi, aucun sujet
nouvellement acquis venant d’un autre élevage ou sortant d’une exposition
canine, ne doit être admis dans le chenil d’un éleveur sérieux, sans avoir été
préalablement traité en suspect, c’est-à-dire sans avoir été lavé et savonné
dans un bain désinfectant et mis en observation. Nous recommandons plus
spécialement le bain hygiénique suivant :
Carbonate de soude |
200 |
grammes |
Savon noir |
200 |
— |
Extrait de Javel |
300 |
— |
Eau chaude de 30 à 36° |
60 |
litres |
Le savon noir ne doit pas être appliqué sur la peau, mais
dissous dans de l’eau bouillante avec le carbonate de soude et ajouté au bain
ainsi que, l’extrait de Javel. Par l’emploi de ce bain, on évitera la
transmission aux autres chiens de nombreuses maladies microbiennes ou
parasitaires, internes ou externes.
De même, en cas d’épidémie, la cour, le préau, les objets
appartenant aux chiens, les couchettes, les locaux doivent être soigneusement
désinfectés. En ce qui concerne les niches, on sait avec quelles difficultés on
les débarrasse des tiques, ricins ou poux de bois qui y ont élu domicile ;
une femelle pleine d’œufs, importée par un chien en automne est capable
d’infester la niche pour tout l’hiver. La désinfection pratiquée comme nous
l’indiquerons est seule en mesure de l’assainir.
La désinfection des locaux, chenils, etc., se fait par les
désinfectants gazeux ou avec les désinfectants liquides, par exemple avec les
vapeurs de soufre en combustion (acide sulfureux), ou avec les solutions de
sublimé, de crésyl, etc. Les lavages avec les désinfectants liquides se font
avec une éponge ou un pulvérisateur d’un système analogue à celui employé pour
combattre les maladies de la vigne.
Voici deux procédés de désinfection par les vapeurs
antiseptiques.
1° Par le soufre.
— Il convient très bien aux locaux et se pratique de la
façon suivante : on cube exactement la pièce, on en bouche aussi
complètement que possible toutes les ouvertures et on brûle 50 grammes de
soufre par mètre cube. À cet effet, on se sert d’un vieux récipient en fer ou
en fonte dans lequel on dépose des bougies de soufre préalablement arrosées
d’alcool. On chauffe avec une lampe à alcool et, lorsque le soufre est en
fusion, on l’enflamme. On laisse la pièce hermétiquement fermée pendant
quarante-huit heures et on pratique ensuite un lavage très complet de toutes
les parties du local.
2° Par le crésyl.
— On peut avec avantage substituer à l’anhydride
sulfureux, comme désinfectant gazeux, les vapeurs de crésyl, produites en
évaporant du crésyl pur (5 grammes par mètre cube), dans des bassines en
fer étamé, à bords élevés (pour protéger la masse crésylique, qui
devient goudronneuse et très combustible, contre le léchage des flammes) et
chauffées directement, par exemple sur un réchaud à charbon de bois. Les
vapeurs, très diffusibles, ont une puissance antiseptique et insecticide
extrêmement élevée ; elles sont inoffensives pour l’homme et les animaux
et provoquent simplement, surtout en fin de chauffe, une irritation légère et
fugace de la conjonctive. Elles ne détériorent pas les objets métalliques.
D’autre part, c’est un procédé économique, très et rapidement efficace, d’une
application facile ; son innocuité rend la surveillance de la désinfection
aisée. Il doit être utilisé de préférence à tout autre.
Dans tout chenil bien tenu, tant en temps ordinaire qu’en
temps d’épidémie, mais surtout en temps d’épidémie et de parasitisme des voies
digestives (ascarides, ténias) et urinaires, il est extrêmement important de
désinfecter les matières fécales et les urines. On emploie en lavage, de
préférence, la solution suivante :
Chlorure de sodium |
300 |
grammes |
Sulfate de cuivre |
500 |
— |
Eau bouillante |
10 |
litres |
Le vulgaire sel de cuisine, en solution à 30 grammes
par litre d’eau chaude, détruit très bien les embryons de vers.
Voici le procédé à employer plus spécialement pour
désinfecter les niches et les chenils envahis par les tiques. Laver les murs,
le plancher et le plafond avec de l’eau crésylée à 5 pour 100, bouillante,
et saupoudrer la litière avec un mélange composé de naphtaline, une partie, et
de fleur de soufre, cinq parties. Les vapeurs sulfureuses indiquées ci-dessus
sont aussi à recommander.
La désinfection du chien lui-même se fait par le brossage et
le savonnage dans un bain désinfectant, notamment celui dont nous avons indiqué
la composition au début de cette causerie. Il ne faut jamais employer comme
désinfectant, pour les bains ou les lavages du chien, des substances toxiques
et surtout des sels mercuriels, comme le sublimé, car l’animal, outre qu’il
peut facilement s’empoisonner en se léchant, peut être aussi intoxiqué par
absorption cutanée, surtout s’il a des plaies.
Pour les chiens d’appartement et de luxe, qui portent des
vêtements, si l’on ne veut pas sacrifier ceux-ci, en cas d’infection, en les
brûlant, on les laissera séjourner, pendant quarante-huit heures, dans une
solution de sublimé à 1 pour 1.000 ou de formol à 3 pour 100, puis sécher.
Tous les objets de literie, de toilette, le linge et la vaisselle seront
également désinfectés.
MOREL.
Médecin vétérinaire.
|