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Dressage du chien d’arrêt

Quoique ce que j’ai écrit sur le dressage du Cocker puisse s’utiliser pour celui du chien d’arrêt, je pense, d’après les lettres que j’ai reçues émanant d’utilisateurs du chien d’arrêt, que les notions que je vais énoncer seront les bienvenues pour beaucoup d’entre eux.

Il est vrai que des livres d’auteurs très compétents ont déjà été publiés sur ce sujet, mais ils ne sont pas dans les mains de tous les chasseurs.

Les articles qui vont être publiés par Le Chasseur Français y suppléeront un peu.

Je diviserai le dressage du chien d’arrêt en trois parties : down, rapport, quête.

Down ou terre.

— Cette phase du dressage, quoique négligée par bon nombre de chasseurs, en est pourtant la clef.

Le down servira à assouplir l’élève et à le mettre toujours sous la dépendance de son conducteur.

De plus, il sera un moyen de correction sans brutalité. Il sera aussi utile aux chasseurs obligés de chasser en société ; il permettra d’immobiliser le chien quand celui d’un voisin de chasse sera à l’arrêt ou quand une pièce de gibier sera abattue par ce voisin.

Il faudra commencer ce dressage dès le sevrage.

Chaque fois que l’on donnera à manger à l’élève, il faudra le faire coucher à côté du récipient contenant viande ou lait. Pour cela, on lui prendra les pattes de devant dans la main gauche, et, de la main droite, on lui appuiera sur les reins, puis on lui fera baisser la tête jusqu’à ce qu’elle repose à terre entre les pattes, cela tout en répétant : « Down » ou « Terre », suivant que l’on aura choisi l’un ou l’autre terme.

Quand le chiot sera bien aplati, on le maintiendra dans la position une minute ou deux, puis on le laissera se relever et prendre son repas en lui disant : « Allez. »

Quand cet exercice sera bien exécuté, on ne manquera pas de le faire exécuter soit dans la cour, soit à la promenade, mais en joignant au commandement le lever du bras.

Il en sera de même si l’élève, au sortir du chenil, veut sauter après son maître, ce qui est toujours désagréable.

À la promenade, si des volailles, poules ou pigeons, sont rencontrées, faire coucher l’élève aussitôt qu’il les aperçoit ; cela évitera bien des ennuis.

En cas d’envol de pigeons ou même d’oiseaux, faire mettre à terre.

De même, toutes les fois que l’on redoutera un conflit avec d’autres chiens ... et même des chats.

Je suppose l’élève, arrivé à l’âge de sept ou huit mois, bien confirmé dans l’exercice du down ; à ce moment, on se procure un sifflet dit à roulette. En commandant le down au bras levé, on articulera un coup de sifflet un peu allongé : tu-u-u. ; si l’ordre n’a pas été exécuté, on prendra le chien par le collier et on le reconduira à l’endroit où il aurait dû le faire ; on le fera coucher en donnant le coup de sifflet, puis l’on reviendra à la place que l’on occupait en donnant l’ordre ; on ne permettra au chien de se relever qu’après être resté couché une bonne minute. Alors, on le rappellera en lui faisant signe de la main accompagné de deux coups de sifflet brefs : dug, dug.

Quand cet exercice sera bien exécuté, nous passerons au down à la détonation.

Vu la cherté des cartouches du fusil de chasse, si l’on peut se procurer un revolver avec des cartouches à blanc ou même un pistolet à baguette, cela suffira.

Je suppose que le chien d’arrêt a été habitué à la détonation et qu’il n’a pas peur.

On se rendra dans un terrain enclos, si possible, on mettra le chien en liberté, et, au moment où il passera à peu de distance de son conducteur, celui-ci tirera le coup de feu en commandant un down énergique ; de même que précédemment, si l’ordre n’a pas été exécuté, le ramener à la place où il aurait dû l’être. Répéter l’exercice jusqu’à parfaite exécution.

Il ne restera plus alors qu’à obtenir le down au départ ou à l’envol du gibier, ce qui ne pourra se faire qu’à la chasse.

Les propriétaires d’un colombier pourront commencer à l’obtenir en capturant des pigeons et en leur faisant prendre l’envol d’un endroit hors de la vue du chien. De même avec un lapin domestique vigoureux, mais alors il sera prudent, les premières fois, de mettre au collier du chien une laisse de retenue ou un cordeau ; En cas d’emballement du chien, le faire coucher pendant cinq minutes sans lui permettre aucun mouvement (correction). Recommencer jusqu’à l’immobilité (down) au départ du lapin.

On pourra ajouter le coup de feu à ce départ.

Quand le chien exécutera ces exercices automatiquement, on aura un sujet souple, et ceux des chasseurs qui auront pris la peine d’y astreindre leur élève ne voudront plus en utiliser d’autres.

A. ROHARD.

Le Chasseur Français N°610 Octobre 1946 Page 286