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Élevage

Le porc familial

Une ressource appréciable.

— Par ces temps de pénurie alimentaire, notamment en ce qui concerne la viande, la majeure partie des ruraux pourraient y obvier en élevant tous les ans un cochon pour la consommation familiale. Ce n’est pas une affaire qui exige des connaissances spéciales, le porc étant un omnivore, faisant ventre de tout, puisqu’il mange indistinctement des fourrages verts, des racines, des tubercules et toutes sortes de déchets ménagers et industriels que l’on peut se procurer dans toutes les situations.

Il s’accommode fort bien d’une pâtée analogue à celle que l’on distribue aux volailles, mais rendue plus volumineuse en y incorporant des herbes et des résidus fournis par le potager, le verger, la cuisine, etc., les cochons ayant une puissance d’assimilation qui leur permet de digérer des denrées même cellulosiques.

Avec un porc élevé dans le cours de la belle saison, et que l’on sacrifie à l’approche des froids, on approvisionne la maison en petit salé, en lard, jambons, sans compter le boudin, les andouilles, les saucissons, le fromage de tête, le fromage d’Italie, les pâtés de foie, les rillettes et autres charcuteries que l’on peut fabriquer par les procédés ménagers. C’est une précieuse réserve dans laquelle on puise pour parer aux restrictions alimentaires.

La réussite est assurée, dès l’instant que l’on observe les directives du bon éleveur, et que l’on sait nourrir rationnellement et économiquement ses pensionnaires.

Le logement.

— La question du logement ne doit pas arrêter les initiatives, car le porc est un animal rustique, celui qui résiste le mieux aux intempéries, craignant moins le froid que l’excès de chaleur et aimant vivre au grand air.

Par conséquent, à défaut de réduit ou de remise en tenant lieu, on le logera sous un simple appentis, établi avec de solides pieux en grume, que l’on fermera sur trois côtés avec des planches ou des chons cloués après les montants, sur trois faces seulement. Une épaisse couverture en chaume, en genêts ou en fougère constituera la plus hygiénique des couvertures.

C’est sous cet appentis que l’on servira le boire et le manger, dans de vieux chaudrons par exemple, ainsi que les racines et les fourrages en vrac qui constituent la moitié de la nourriture.

Si, à ce dispositif, on peut annexer un petit enclos pris dans le jardin et complanté d’arbres donnant de l’ombre, les meilleures règles de confort et de salubrité seront réalisées, à condition, bien entendu, que l’on renouvelle souvent la litière.

L’accroissement.

— En achetant un porcelet castré, pesant 20 à 25 kilogrammes, on choisira une race à croissance rapide, de préférence un métis Craonnais-Yorkshire, qui fournira une viande entrelardée d’excellente qualité, ni trop maigre ni trop grasse.

Le tableau ci-dessous donne les variations alimentaires à observer, suivant le poids de l’animal, en farineux associés et en plantes vertes (racines, choux, salades, fourrages divers), ainsi que le croît quotidien.

Poids des porcs. Croît journalier. Farineux associés. Verdures diverses. Matières azotées. Matières A. C. et grasses. Relation nutritive.
en grammes.
De 20 à 25 kg.
De 25 à 30 —
De 30 à 40 —
De 40 à 50 —
De 50 à 75 —
De 75 à 100 —
De 100 à 125 —
De 125 à 150 —
500
600
650
725
800
775
750
700
800
900
1.200
1.500
2.000
2.250
2.500
2.650
400
800
1.200
1.500
2.000
2.000
2.000
2.000
105
127
168
209
275
295
310
310
472
568
780
980
1.260
1.450
1.650
1.765
1 / 4,5
1 / 4,5
1 / 4,6
1 / 4,7
1 / 4,8
1 / 4,9
1 / 5,4
1 / 5,7

Rationnement.

— La pâtée qui convient aux porcs est la même que celle distribuée aux gallinacés (poules, dindons, pintades, ainsi qu’aux canards). Il suffit d’observer que, pendant son jeune âge (accroissement), le porc doit recevoir une proportion plus élevée d’azote que pendant son engraissement proprement dit. Cela se comprend puisque, pendant la première phase, il doit constituer ses muscles et sa charpente, qui exigent beaucoup de protides, tandis que, durant la deuxième phase, il doit élaborer des tissus adipeux. C’est donc aux matières amylacées et grasses que l’on aura recours.

Ci-après quelques modèles de rations humides et sèches, que l’on distribuera, avec de l’eau à discrétion : un repas de pâtée, matin et soir ; distribution de verdures, à midi.

Pâtée humide pour gorets de 35 kilogrammes.
Denrées. Quantités. M. Az. M. H. C. M. G.
en grammes
Pommes de terre cuites
Sons toutes cases
Farine d’orge
Lait écrémé
À midi verdures
2.000
300
250
3.000
1.000
41
33
21
105
20
426
131
141
150
100
4
6
6
15
4
Totaux 6.550 220 948 35

La relation nutritive de cette ration est de 1/4,7. À défaut de lait écrémé, on comblera le déficit de protéine avec des farines de légumineuses, des tourteaux ou de la poudre de viande.

Pâtée sèche pour porcs de 65 kilogrammes.
Denrées. Quantités. M. Az. M. H. C. M. G.
en grammes
Farine d’orge
Sons mélangés
Farine de féverole
Minéraux composés
Verdures ou racines
1.000
500
450
50
2.000
85
55
99
-
40
566
224
220
-
200
23
10
6
-
8
Totaux 4.000 279 1.210 47

Relation nutritive 1/4,8.

Pâtée sèche pour porcs de 100 kilogrammes.
Denrées. Quantités. M. Az. M. H. C. M. G.
en grammes
Farine de maïs
Sons mélangés
Farine de féverole
Minéraux
Verdures, racines
1.700
500
250
50
2.000
136
55
66
-
40
1.071
224
150
-
200
68
10
4
-
8
Totaux 4.700 297 1.645 90

Relation nutritive 1/6.

Pâtée humide pour porcs de 125 kilogrammes.
Denrées. Quantités. M. Az. M. H. C. M. G.
en grammes
Pommes de terre
Sons toutes cases
Farine de maïs
Lait écrémé
Verdures
4.000
500
1.000
4.000
2.000
82
54
80
140
40
872
252
631
200
200
8
12
40
20
8
Totaux 11.500 396 2.155 88

Relation nutritive 1/6.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°610 Octobre 1946 Page 303