Nous avons montré dans un récent article comment se posait
actuellement le problème des formats, aussi bien pour la prise de vues que pour
la projection ; il est certain que les différents films réduits ne peuvent
permettre d’obtenir sur l’écran des images de mêmes dimensions.
Pour obtenir aisément des images de 2 à 4 mètres de
base, il est indispensable d’avoir recours, à la rigueur, au 9mm,5
et surtout au 16 millimètres. Ce dernier est devenu, rappelons-le encore,
le véritable format sub-standard, employé normalement pour la petite
exploitation régulière, et il existe des salles de projection, même dans les
grandes villes, dans lesquelles on emploie désormais uniquement des films 16 millimètres.
Les spectateurs ne peuvent guère se rendre compte des différences optiques et
sonores existant avec le film de 35 millimètres ordinaire.
Le développement de l’emploi du film de 16 millimètres
est lié étroitement au développement même de l’exploitation cinématographique
dans les campagnes, parce que toutes les installations mobiles des exploitants
utilisent désormais ce film.
Le format du film choisi entraîne évidemment l’emploi de
projecteurs de caractéristiques correspondantes. Les appareils de 16 millimètres
sont plus complets, et généralement aussi plus coûteux que ceux de 8 millimètres,
et ils sont de plus en plus normalement adoptés, dans tous les cas où un
service régulier est nécessaire : écoles, foyers, centres de propagande et
d’enseignement artistique, technique ou professionnel, etc. Pendant la guerre,
le film de 16 millimètres a été largement employé, en particulier, aux
États-Unis, pour l’instruction militaire des jeunes recrues, et l’instruction
de la population civile contre les raids aériens, par exemple.
Dans ces conditions, quel doit être le rôle du 8 millimètres,
en particulier en ce qui concerne la projection ? Plus la largeur du film
est réduite, plus la surface de l’image portée par le film est faible. Les
progrès des émulsions et la finesse du grain sont de plus en plus
remarquables ; si l’on veut maintenir la qualité de la projection, tant
comme éclairement que comme définition, la surface de l’image projetée ne peut
cependant être aussi grande avec le 8 millimètres qu’avec le 16 millimètres.
Rationnellement, avec un film de 8 millimètres, il est préférable
de se contenter d’une largeur d’écran de l’ordre du mètre, ce qui est très
suffisant pour une projection d’amateur normale. D’ailleurs, il est également
recommandable d’effectuer des prises de vues de 8 millimètres surtout en
premiers plans.
La limite maximum admissible pour le grossissement de
l’image dépend essentiellement de la finesse du « grain » de
l’émulsion sensible. Actuellement, la limite pour le 9mm,5 est de
l’ordre de 2m,30 sur 3m,50 ; pour le 8 millimètres,
elle est de l’ordre de 1m,90 de base, ce qui correspond à un
grossissement de l’ordre de 150.000, résultat vraiment remarquable, si l’on
songe que l’image du film standard ne subit normalement qu’un grossissement de
27.770, dans des salles moyennes de 25 mètres de profondeur.
Quant au 16 millimètres, l’emploi de lampes à
incandescence de 750 ou 1.000 watts, ou même de petits arcs électriques
automatiques combinés avec des souffleries de refroidissement très efficaces,
permet d’obtenir des images de près de 6 mètres de base. Nous reviendrons,
d’ailleurs, sur l’importance du problème de l’éclairage pour la projection sur
films réduits.
Les dimensions normales de l’image doivent encore être
déterminées par les dimensions de la salle où a lieu la projection, et, par
conséquent, par le nombre des spectateurs. Une bonne image n’est pas
nécessairement une grande image. Les conditions essentielles sont la
stabilité, l’éclairement, le contraste et l’absence de scintillement.
Dans une petite salle, lorsque le recul des spectateurs par
rapport à l’écran est nécessairement réduit, une projection de grande surface
n’est aucunement désirable ; elle est, au contraire, nuisible.
Les spectateurs, forcément très rapprochés de l’écran,
jouissent d’un pouvoir séparateur optique beaucoup trop accentué ; ils
distinguent avec précision les moindres défauts de l’image, dont l’observation
devient fort désagréable.
Pour cette raison, rappelons-le, dans les salles de
projection publique, ce sont les fauteuils les plus éloignés de l’écran qui
sont aussi les plus coûteux.
La distance minimum du spectateur à l’écran est de deux ou
trois fois la largeur de l’image ; les meilleurs résultats sont obtenus à
une distance de six à sept largeurs d’image.
La largeur maximum de l’écran doit être environ le huitième
de la longueur de la salle. Pour une salle de 10 à 12 mètres, ce qui
correspond déjà à des dimensions que l’on rencontre rarement dans les
appartements ordinaires, l’écran ne devrait guère avoir que 1m,50 de
large. On voit combien il est inutile d’envisager des écrans de l’ordre de 2 mètres
pour des projections d’appartement.
D’ailleurs, les difficultés de projection sont
proportionnelles, avec un certain coefficient de multiplication, à la dimension
de l’image ; elles ne sont pas dues seulement aux irrégularités de l’émulsion
et aux défauts, d’autant plus sensibles que le grossissement est plus accentué,
mais encore au problème de l’éclairage, rendu d’autant plus difficile que la
surface est plus grande.
Si l’on veut doubler la largeur d’une image, les difficultés
d’éclairement ne sont pas doublées, mais amplifiées dans des proportions
beaucoup plus considérables. Il faut employer des sources lumineuses plus
puissantes et, en correspondance, des systèmes de refroidissement bien étudiés.
Notons, que, contrairement à l’opinion commune, pour une
même dimension d’image, l’éclairement ne varie pas suivant la distance du
projecteur à l’écran. Il ne peut en être ainsi que si l’atmosphère de la salle
réduit la transmission de la lumière, par suite de la suspension de fumées de
tabac, par exemple.
R. SINGER.
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