Voici, d’après des renseignements recueillis à différentes
sources, les connaissances que l’on avait en France, il y a quatre siècles
environ, sur le chien de chasse.
Les chiens courants sont surtout utilisés pour le cerf, le
sanglier et le lièvre. Chaque prince et grand seigneur a ainsi une meute qui
lui permet de se distraire à la chasse et d’en tirer plutôt un plaisir qu’un
profit.
Les chiens courants sont classés, selon leur pelage, en
quatre catégories : blancs, jaunes, gris et noirs.
Les blancs sont les meilleurs, ils ont bon nez, sont vifs et
ardents, ne se lassent pas de chasser malgré la chaleur ; en outre, ils ne
craignent ni le bruit, ni les cris des hommes. Ils gardent mieux le change
qu’aucune autre espèce de chiens. Cependant, ils ont un peu peur de l’eau,
surtout en hiver, quand il fait froid. Certains de ces chiens ont le fond
blanc, mais sont marquetés de rouge ou de gris ; ceux-ci sont de moindre
valeur que les premiers.
Les jaunes sont un peu semblables aux blancs, mais ils
supportent moins bien la chaleur et sont plus craintifs. Par contre, l’eau et
le froid ne les arrêtent pas. Les meilleurs parmi les jaunes sont ceux ayant le
poil vif tirant sur le rouge et une tache blanche au front. Ceux marquetés de
gris ou de noir sont de valeur moindre.
Ces deux sortes de chiens sont principalement utilisées pour
la chasse du cerf.
Les gris chassent n’importe quelles bêtes, mais ils ne sont
pas si vifs ni si vigoureux que ceux mentionnés ci-dessus. En principe, ils
n’abandonnent jamais la bête qu’ils poursuivent avant que celle-ci ne soit
morte. Ils sont parmi les plus rapides et craignent la chaleur et le bruit.
Les noirs ont la poitrine puissante, les jambes basses, ce
qui a pour effet de réduire leur vitesse. Ils peuvent être utilisés de
préférence pour le sanglier plutôt que pour les bêtes légères.
Toutefois, cette classification selon le pelage n’exclut pas
totalement d’autres chiens aux couleurs diverses qui peuvent également posséder
de sérieuses qualités.
En règle générale, un bon chien de chasse doit présenter les
signes suivants :
Tête forte, plutôt longue, narines grosses et ouvertes,
oreilles larges et d’épaisseur moyenne, reins courbés, hanches larges, jarrets
droits, jambes robustes, pieds secs et semblables à ceux du renard, ongles
épais, queue grosse à la base et longue, poil de dessous le ventre rude, devant
et derrière à hauteur égale. En outre, le mâle doit être plus court que la
femelle.
Chacun de ces signes correspond à des avantages qui peuvent
se résumer ainsi :
Narines grosses et ouvertes : bon nez ; reins
courbés et jarrets droits : vitesse ; jambes robustes, pieds de
renard et ongles épais : peut courir longtemps sans fatigue ; queue
grosse à la base et longue : force des reins ; poil rude sous le
ventre : ne craint ni l’eau ni le froid.
L’entretien de ces chiens nécessite un chenil vaste, propre
et commode, afin qu’ils se connaissent et forment une meute unie.
Leur nourriture est constituée principalement d’un pain
préparé avec parties égales de farines de froment, d’orge et de seigle, ce qui
les entretient frais et gras et les préserve de certaines maladies. Le seigle
seul fatiguerait l’intestin, et le froment est difficile à digérer. Par contre,
le mélange de ces trois farines présente le maximum d’avantages.
La viande leur est distribuée surtout en hiver, sauf à ceux
destinés à la chasse du lièvre. La viande utilisée est celle du cheval, de
l’âne ou du mulet, de préférence à celle du bœuf, qui leur convient moins. Pour
les chiens maigres, la viande de brebis ou de chèvre est très profitable
additionnée d’un peu de soufre.
Celui qui prend soin des chiens de chasse doit les aimer et
savoir les dresser convenablement. Il doit les promener à travers champs et
prairies pour leur apprendre à courir et les faire passer à travers des troupeaux
de chèvres, brebis et autre bétail, afin de les accoutumer à ces animaux.
Si les chiens sont malades, les remèdes suivants doivent
leur être appliqués :
Morsure de serpents : faire boire du jus de feuilles de
frêne ou un verre de décoction de bouillon blanc, menthe, genêt, à laquelle on
ajoute le poids d’un écu de thériaque.
Morsure de chien enragé : plonger le chien mordu neuf
fois de suite dans une cuve pleine d’eau de mer, ou, à défaut, d’eau dans
laquelle on aura fait dissoudre quatre « boisseaux » de sel. Si ce
remède n’est pas appliqué aussitôt la morsure, il est impossible de sauver le
chien, et ce dernier doit être abattu.
Galles, dartres, etc. : après avoir lavé les plaies à
l’eau salée, appliquer dessus un onguent composé ainsi qu’il suit : faire
bouillir, jusqu’à réduction de moitié, huile de noix et autres, miel et
vinaigre en proportion sensiblement égale, y ajouter ensuite paraffine, poix et
cire, fondre le tout ensemble, puis y jeter du soufre et de l’oxyde de cuivre
(vert-de-gris).
Vers : faire avaler des pilules composées de poudre de
corne de cerf, soufre, aloès et jus d’absinthe.
Plaies diverses : y appliquer du jus de feuilles de
choux rouges ou de tabac.
Difficultés d’uriner : faire boire une décoction de
mauve, guimauve, racines de fenouil et de ronce dans du vin blanc.
Plusieurs autres maladies ou blessures courantes aux chiens
sont soignées, selon les mêmes principes, à l’aide de remèdes aux formules plus
ou moins complexes, le plus souvent à base de plantes.
GENDRY.
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