Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°612 Février 1947  > Page 382 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Le chien de chasse au XVIe siècle

Voici, d’après des renseignements recueillis à différentes sources, les connaissances que l’on avait en France, il y a quatre siècles environ, sur le chien de chasse.

Les chiens courants sont surtout utilisés pour le cerf, le sanglier et le lièvre. Chaque prince et grand seigneur a ainsi une meute qui lui permet de se distraire à la chasse et d’en tirer plutôt un plaisir qu’un profit.

Les chiens courants sont classés, selon leur pelage, en quatre catégories : blancs, jaunes, gris et noirs.

Les blancs sont les meilleurs, ils ont bon nez, sont vifs et ardents, ne se lassent pas de chasser malgré la chaleur ; en outre, ils ne craignent ni le bruit, ni les cris des hommes. Ils gardent mieux le change qu’aucune autre espèce de chiens. Cependant, ils ont un peu peur de l’eau, surtout en hiver, quand il fait froid. Certains de ces chiens ont le fond blanc, mais sont marquetés de rouge ou de gris ; ceux-ci sont de moindre valeur que les premiers.

Les jaunes sont un peu semblables aux blancs, mais ils supportent moins bien la chaleur et sont plus craintifs. Par contre, l’eau et le froid ne les arrêtent pas. Les meilleurs parmi les jaunes sont ceux ayant le poil vif tirant sur le rouge et une tache blanche au front. Ceux marquetés de gris ou de noir sont de valeur moindre.

Ces deux sortes de chiens sont principalement utilisées pour la chasse du cerf.

Les gris chassent n’importe quelles bêtes, mais ils ne sont pas si vifs ni si vigoureux que ceux mentionnés ci-dessus. En principe, ils n’abandonnent jamais la bête qu’ils poursuivent avant que celle-ci ne soit morte. Ils sont parmi les plus rapides et craignent la chaleur et le bruit.

Les noirs ont la poitrine puissante, les jambes basses, ce qui a pour effet de réduire leur vitesse. Ils peuvent être utilisés de préférence pour le sanglier plutôt que pour les bêtes légères.

Toutefois, cette classification selon le pelage n’exclut pas totalement d’autres chiens aux couleurs diverses qui peuvent également posséder de sérieuses qualités.

En règle générale, un bon chien de chasse doit présenter les signes suivants :

Tête forte, plutôt longue, narines grosses et ouvertes, oreilles larges et d’épaisseur moyenne, reins courbés, hanches larges, jarrets droits, jambes robustes, pieds secs et semblables à ceux du renard, ongles épais, queue grosse à la base et longue, poil de dessous le ventre rude, devant et derrière à hauteur égale. En outre, le mâle doit être plus court que la femelle.

Chacun de ces signes correspond à des avantages qui peuvent se résumer ainsi :

Narines grosses et ouvertes : bon nez ; reins courbés et jarrets droits : vitesse ; jambes robustes, pieds de renard et ongles épais : peut courir longtemps sans fatigue ; queue grosse à la base et longue : force des reins ; poil rude sous le ventre : ne craint ni l’eau ni le froid.

L’entretien de ces chiens nécessite un chenil vaste, propre et commode, afin qu’ils se connaissent et forment une meute unie.

Leur nourriture est constituée principalement d’un pain préparé avec parties égales de farines de froment, d’orge et de seigle, ce qui les entretient frais et gras et les préserve de certaines maladies. Le seigle seul fatiguerait l’intestin, et le froment est difficile à digérer. Par contre, le mélange de ces trois farines présente le maximum d’avantages.

La viande leur est distribuée surtout en hiver, sauf à ceux destinés à la chasse du lièvre. La viande utilisée est celle du cheval, de l’âne ou du mulet, de préférence à celle du bœuf, qui leur convient moins. Pour les chiens maigres, la viande de brebis ou de chèvre est très profitable additionnée d’un peu de soufre.

Celui qui prend soin des chiens de chasse doit les aimer et savoir les dresser convenablement. Il doit les promener à travers champs et prairies pour leur apprendre à courir et les faire passer à travers des troupeaux de chèvres, brebis et autre bétail, afin de les accoutumer à ces animaux.

Si les chiens sont malades, les remèdes suivants doivent leur être appliqués :

Morsure de serpents : faire boire du jus de feuilles de frêne ou un verre de décoction de bouillon blanc, menthe, genêt, à laquelle on ajoute le poids d’un écu de thériaque.

Morsure de chien enragé : plonger le chien mordu neuf fois de suite dans une cuve pleine d’eau de mer, ou, à défaut, d’eau dans laquelle on aura fait dissoudre quatre « boisseaux » de sel. Si ce remède n’est pas appliqué aussitôt la morsure, il est impossible de sauver le chien, et ce dernier doit être abattu.

Galles, dartres, etc. : après avoir lavé les plaies à l’eau salée, appliquer dessus un onguent composé ainsi qu’il suit : faire bouillir, jusqu’à réduction de moitié, huile de noix et autres, miel et vinaigre en proportion sensiblement égale, y ajouter ensuite paraffine, poix et cire, fondre le tout ensemble, puis y jeter du soufre et de l’oxyde de cuivre (vert-de-gris).

Vers : faire avaler des pilules composées de poudre de corne de cerf, soufre, aloès et jus d’absinthe.

Plaies diverses : y appliquer du jus de feuilles de choux rouges ou de tabac.

Difficultés d’uriner : faire boire une décoction de mauve, guimauve, racines de fenouil et de ronce dans du vin blanc.

Plusieurs autres maladies ou blessures courantes aux chiens sont soignées, selon les mêmes principes, à l’aide de remèdes aux formules plus ou moins complexes, le plus souvent à base de plantes.

GENDRY.

Le Chasseur Français N°612 Février 1947 Page 382