« Être fort pour être utile », telle est la maxime
qu’Hébert énonçait dans l’introduction à sa méthode d’éducation physique. La
société cherchera en effet plus volontiers un défenseur et un soutien chez
l’homme fort que chez le malingre : car l’on peut demander à la force
physique des efforts, des sacrifices, des souffrances, sans l’altérer
notablement ; la débilité, au contraire, ouvre la porte à la maladie et
aux pires fléaux que l’humanité puisse engendrer.
D’autre part, le parfait équilibre psychique d’un individu
dépend étroitement de son équilibre physique, c’est-à-dire de l’intégrité de
ses ressources organiques, de la pleine possession de ses moyens vitaux, tous
biens que l’éducation physique seule peut assurer.
C’est dès son jeune âge que le futur homme se forme
corporellement ; dès l’école primaire il se forge le squelette, l’appareil
pulmonaire, qui seront demain pour lui une mine de santé et de réussite. Et,
puisque actuellement, dans tous les domaines, on remarque un engouement profond
pour les innovations, les plans divers, la « reconstruction »,
essayons si l’on veut de considérer la place que l’éducation physique devrait
tenir dans la vie de l’enfant, dans celle de l’adolescent, dans celle du jeune
homme enfin.
L’école primaire joue un rôle essentiel dans la formation de
l’individu. À ce stade, l’éducation physique doit viser à développer la
souplesse articulaire, la capacité respiratoire, la correction des
attitudes ; il faut proscrire le plus possible les mouvements de force,
dont la répétition trop fréquente freinerait la croissance.
Comme programme, nous retiendrions par semaine :
— une heure d’hébertisme ;
— une heure de gymnastique corrective inspirée de la méthode suédoise ;
— une heure de natation durant l’été.
Chaque citoyen valide devrait obligatoirement savoir nager.
Trop nombreux sont ceux qui se noient faute de ne savoir seulement faire
quelques brasses.
L’école primaire serait un excellent moyen pour toucher la
masse, puisque chaque enfant y effectue un passage plus ou moins long. Pourquoi
ne joindrait-on pas au certificat d’études primaires une partie physique
obligatoire pour tous les élèves normaux ? Chaque candidat aurait à
accomplir une série de performances minima, natation y comprise. Tout élève
admissible aux épreuves intellectuelles et ajourné aux épreuves physiques
devrait les repasser jusqu’à ce qu’il donne satisfaction. Sinon, le bénéfice de
l’admissibilité aux disciplines intellectuelles étant conservé, le diplôme ne
serait finalement attribué qu’après la réussite de la partie physique.
Ainsi, une éducation physique bien comprise doit assurer à
l’enfant un bien-être certain et l’amener en parfaite condition pour affronter
la période difficile de l’adolescence.
Dans le secondaire, les élèves ne sont plus, pour la
plupart, des enfants. On peut leur demander des efforts plus sévères et plus
suivis. Un développement rationnel de toutes les parties du corps,
l’acquisition de l’adresse, de la résistance organique, de la force musculaire,
s’imposent. Cinq heures d’éducation physique ne seraient ni du temps perdu, ni
un surmenage supplémentaire ; car l’élève considérerait l’heure de
« gym » comme un délassement, une détente psychique opposée à
l’attention forcée des heures de cours. Qu’alors thèmes est versions seraient
loin !
Le programme des activités physiques pourrait comprendre par semaine :
a. Deux heures d’hébertisme assurant un travail foncier généralisé ;
b. Une heure de gymnastique aux agrès sollicitant la force et l’adresse ;
c. Une heure d’initiation sportive, remplacée durant
la belle saison par des compétitions entre élèves d’une même classe ;
d. Une heure de natation remplacée par du sauvetage pour les plus forts.
Ayant régulièrement suivi cet entraînement physique, les
élèves pourraient quitter les bancs du lycée sans inquiétude pour leur santé,
et entrer d’un pas assuré dans la vie.
Ceux qui désireraient poursuivre des études universitaires
viendraient ensuite aux exercices corporels d’eux-mêmes et par goût ; car
le pli aurait été donné dès la plus tendre enfance. Ils pourraient alors se
consacrer à une activité sportive de leur choix et fournir de beaux champions.
Si l’on veut redonner au pays une race vigoureuse
physiquement et moralement, il importe d’étager en profondeur un travail guidé
par le bon sens, des études et des résultats physiologiques constants, le souci
de l’avenir de la jeunesse et, au delà, du pays.
José MARTIN.
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