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Causerie vétérinaire

La « maladie » des chats

Il existe chez les chats, surtout chez les jeunes, une maladie extrêmement grave, comparable à la maladie des chiens, fort redoutée des éleveurs et qui a pris, en France, une extension considérable : la gastro-entérite infectieuse.

Malgré que cette infection ait déjà fait, de notre part, l’objet d’une très ancienne causerie, nous donnerons volontiers satisfaction à M. Delavoix, de Saint-Symphorien (Indre-et-Loire), qui nous écrit : « Ne pourrait-on pas, dans votre revue, traiter de la terrible maladie des jeunes chats, la gastrite infectieuse, qui, au dire des vétérinaires, fait tant de victimes parmi eux, car on n’en sauve pour ainsi dire pas Vous rendriez bien service à beaucoup de gens qui ont une grande affection pour ces gentils et utiles animaux. »

En France, la maladie fut signalée d’abord dans la région de Paris, puis s’étendit à tout le territoire, envahissant successivement le Centre, le Midi, etc. Elle est spéciale au chat, les autres carnivores y sont réfractaires. Contagieuse et transmissible de chat à chat, elle est inoculable et due à un agent virulent invisible : un virus filtrant.

L’âge joue un rôle prépondérant : les chats à la mamelle ne sont pas sensibles au virus ; les plus fréquemment atteints sont les chats âgée de trois à six mois. Les sujets adultes, de plus de deux ans, sont particulièrement résistants. Les chats de races exotiques, plus délicats, tels que les persans et les siamois, sont plus particulièrement atteints.

Les symptômes de la gastro-entérite infectieuse peuvent se résumer ainsi : le malade jeune est triste et ne mange pas souvent ; il flaire longuement le lait qu’on lui présente, mais ne boit pas. Ce refus absolu de sa boisson préférée doit être considéré comme un signe caractéristique de la maladie. Bientôt la température s’élève et atteint 40°,5-41°, en même temps qu’apparaissent des vomissements ; le chat ne déglutit plus sa salive qui mousse autour des lèvres ; la température, baisse rapidement : 36°, 35° ... Un signe frappant est l’amaigrissement qui est rapide et peut atteindre des proportions considérables, jusqu’à 500 grammes pour un chat de 2 kilogrammes, par exemple.

D’une manière générale, on peut dire que le pronostic de la gastro-entérite infectieuse est grave : 80 à 100 p. 100 des chats atteints succombent rapidement, malgré tous les soins dont ils sont l’objet.

La gravité de la maladie réside aussi dans ce fait qu’elle est épizootique et peut frapper tous les jeunes chats d’un hameau ou d’une commune. Elle se révèle donc extrêmement contagieuse et prend rapidement une allure envahissante. Le virus étant présent, de façon précoce, dans le sang, les sécrétions et excrétions (salive, urine, excréments), on s’explique l’extension si rapide de la maladie.

Dans les conditions naturelles, le virus pénètre dans l’organisme par les voies respiratoires et digestives, soit directement par contact d’un chat infecté avec un sujet sain, soit indirectement à la faveur de l’ingestion d’aliments souillés par un malade ou du séjour dans des appartements contaminés et non désinfectés. Aussi, comme mesures propres à éviter l’apparition et surtout la propagation de la maladie, doit-on isoler et séquestrer les malades, désinfecter les ustensiles et les locaux à l’aide d’une solution d’eau de Javel à 4 p. 100, lessiver le linge du panier ou de la couchette qui a pu être souillé par la salive, les vomissements et les déjections des précédents malades. Ces mesures ont une importance capitale pour réussir l’élevage d’un nouveau chat, s’il n’a été préalablement vacciné contre la maladie.

Traitement.

— La gastro-entérite infectieuse étant déclarée, l’intervention thérapeutique échoue fort souvent à cause de l’évolution rapide de la maladie. Les traitements préconisés se résumant à l’administration d’antiseptiques généraux tels que l’urotropine à haute dose : 10 à 20 centigrammes par kilogramme du poids du malade, dans du lait qu’au besoin on fait avaler de force, deux à trois fois le premier jour, deux fois ou une fois le lendemain et les jours suivants, pendant cinq à six jours. Les antiseptiques intestinaux (calomel) et les diurétiques (lactose) peuvent aussi être employés.

On a aussi recommandé les injections intraveineuses de formol (3 à 5 gouttes de la solution commerciale dans 2 centimètres cubes de sérum physiologique). Mais ces injections intraveineuses étant difficiles et délicates à faire chez le chat, on devra recourir de toute nécessité au vétérinaire.

Au moment de la baisse de température, du refroidissement du malade, il convient de le réchauffer en le plaçant entre deux bouillottes d’eau chaude, et de soutenir l’action du cœur par des injections sous-cutanées de caféine ou d’huile camphrée, 1 centimètre cube deux à trois fois par jour, suivant le rythme cardiaque. Mais, nous le répétons, le traitement le mieux ordonné reste souvent inefficace. Aussi est-il préférable de prémunir les chats non infectés, au moyen d’un vaccin formolé que les intéressés pourront se procurer en s’adressant à leur vétérinaire, les établissements producteurs de ces vaccins ne les délivrant qu’aux vétérinaires. En revanche, lorsque la maladie a fait son apparition, la vaccination des sujets infectés est vouée à l’échec et risque, au contraire, de précipiter l’évolution des phénomènes morbides.

La vaccination comprend deux injections sous-cutanées (poitrail) à huit jours d’intervalle, avec un premier, puis un deuxième vaccin. On peut vacciner les chats à partir de deux mois et à tout âge de leur vie. Ne doivent être vaccinés que les animaux exempts de toute affection fébrile et en bon état général.

Employée strictement à titre préventif, la pratique a démontré que la vaccination confère l’immunité complète dans 80 p. 100 des cas, même lorsque les sujets vaccinés sont mis en contact avec des malades ou nourris avec des aliments souillés de matières virulentes, à condition, toutefois, que les animaux vaccinés aient été soustraits à toute contamination spécifique pendant les quinze jours qui précèdent la première injection et pendant les huit jours qui suivent la seconde injection, afin de laisser, en toute sûreté, l’immunité s’établir.

Enfin, contre la toux, on donnera, dans du miel ou du lait, un paquet, matin et soir, de 10 centigrammes de terpine. Pour calmer les vomissements, on fera prendre, matin, midi et soir, une cuillerée à café de sirop d’opium.

MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°612 Février 1947 Page 403