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Dressage et entrainement du chien courant

Ceci n’est pas écrit pour les propriétaires de meutes qui ont un personnel au courant de ces questions, mais plutôt pour les propriétaires de trois ou quatre chiens et même d’un seul.

Si ce dressage est moins compliqué que celui du chien d’arrêt, il n’en est pas moins certain qu’il faut arriver à obtenir une obéissance relative. Pour l’obtenir, l’usage du fouet est absolument indispensable.

Dès le jeune âge, armé de cet instrument, on présentera la soupe ou la pâtée aux jeunes et on les fera arrêter à quelques mètres du récipient en faisant claquer le fouet et leur disant : « Arrête ».

Si, malgré cela, l’un d’eux veut s’en approcher, un coup de lanière sur le dos l’arrêtera.

Après quelques minutes où l’expectative a été respectés, on laissera le fouet en disant « allez » ou « soupe » et les appelant par leur nom.

Quand on aura obtenu cette obéissance et qu’à la chasse les chiens partiront sur un gibier que l’on ne veut ou ne doit pas chasser, il sera facile de les arrêter en criant : « Arrête ». Également, si l’animal de chasse vient à passer sur une propriété où l’on n’a pas le droit de chasser.

Certains amateurs arrivent à obtenir le rapport de leurs chiens courants. La méthode est ici la même que pour le chien d’arrêt.

Étant plus jeune, j’avais à M ...-sur-Oise un ami possédant trois chiens rapportant parfaitement. Ces chiens étaient d’une obéissance absolue. Mon ami chassait en plaine avec eux et, s’il démontait un perdreau, celui-ci était vite retrouvé et rapporté. Au bois, il en était de même d’un lapin blessé.

Ces chiens étaient des briquets d’Artois d’une bonne taille et d’un train assez rapide.

J’élevai un jeune de ces chiens, ce fut le meilleur courant que j’utilisai. Je ne l’avais pas mis au rapport, mais, quand je blessais un lapin ou un lièvre et qu’il arrivait à le prendre, il l’enterrait et revenait me trouver. À la façon joyeuse dont il m’abordait, je savais à quoi m’en tenir et le suivais ; arrivé à l’endroit où le gibier était caché, il le déterrait.

Traversant une allée ou un chemin à même 100 mètres de moi, si je désirais le couper il me suffisait de lui crier une seule fois : « Arrête », et il revenait immédiatement ainsi. Quel bon chien !

Si l’on en possède un vieux pour l’entraînement des jeunes, ceux-ci, en suivant l’ancien, se mettront tout seuls à la chasse.

Au contraire, si l’on n’a que des jeunes, on les emmènera le soir un peu avant la nuit en bordure de bois où l’on connaît des lapins, là on s’assoira et les laissera courir. À un moment donné, il sera bien rare qu’ils n’aperçoivent pas un lapereau sur lequel ils partiront à vue, puis dont ils rechercheront la piste et essaieront de la suivre.

En répétant cette sortie quelquefois avant l’ouverture de la chasse, on aura à ce moment des auxiliaires pouvant rendre déjà de bons services.

Si ces jeunes ont été élevés exclusivement au chenil, il ne faudra pas s’étonner de les voir tituber puis tomber avec de la bave aux lèvres comme s’ils étaient atteints d’épilepsie. Cela leur passera au bout de deux ou trois sorties, d’ailleurs cela leur passe assez vite, c’est souvent l’affaire de dix minutes.

On n’est pas bien fixé sur la cause de ce malaise passager et il n’atteint pas les jeunes élevés en liberté ou promenés souvent.

La race à choisir dépend du terrain où l’on chasse.

Des bassets à jambes torses pourront rendre de bons services en pays plat où les bois sont clairs et propres, mais seront contre-indiqués en montagne et en pays à bois fourrés.

Dans ces derniers, le briquet ou le basset à jambes droites doit leur être préféré. Les beagles, petits ou grands, également.

Il faut aussi tenir compte du gibier que l’on est appelé à chasser. Tous les chiens chassent le lapin, mais il n’est pas nécessaire d’employer de grands chiens pour le chasser, cependant pour débuter avec ceux-ci on pourra les y conduire ; il est vrai que plus tard, si l’on veut chasser le lièvre ou le gros gibier, il faudra les arrêter sur ce lapin.

Comme pour les chiens d’arrêt, des épreuves sont organisées pour les chiens courants.

En février dernier, deux l’ont été : une dans la Sarthe au château du Resteau, l’autre à La Roche-sur-Yon.

Ces épreuves, où le brevet de chasse est attribué à ceux qui le méritent, sont de deux sortes : épreuves sur lièvres et épreuves sur lapins.

J’ai assisté autrefois à une épreuve du Resteau : le parc, d’une centaine d’hectares, se prête d’une façon toute spéciale à ces concours.

Les assistants, en contournant les constructions du château, peuvent en suivre toutes les péripéties.

L’année où j’y assistai, plusieurs lièvres furent forcés.

L’équipage de douze beagles appartenant à M. Servet, d’Auxerre, y remporta le prix d’honneur.

Avaient pris part aux concours sur lièvres deux meutes de beagles harriers, une de beagles, une de chiens du Midi, une d’anglo-français et une de griffons vendéens.

À celui sur lapins, une meute d’artésiens normands, une d’artésiens et une de petits beagles.

A. ROHARD.

Le Chasseur Français N°613 Avril 1947 Page 430