Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°613 Avril 1947  > Page 438 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Chronique aéronautique

Le personnel navigant de notre flotte commerciale

L’extension, des réseaux de notre flotte commerciale ne pose pas seulement des problèmes de matériel, elle exige également le recrutement et la formation d’un personnel qualifié, dont les effectifs ont été portés de 2.000 en 1944, à plus de 7.000 en septembre 1946.

Ce personnel est formé dans des écoles spéciales de la Société. Notons, en premier lieu, le C. P. P. N. (Centre de Perfectionnement du Personnel navigant) au Bourget. Ce centre possède les installations les plus modernes pour l’entraînement des navigants. On y trouve, en particulier, une salle aménagée avec 9 link trainers pour les pilotes, une salle de links spécialement conçue pour les radios navigants, une salle de cinéma pour la projection de films d’instruction. Le centre comporte également une trentaine d’appareils de types divers équipés en double commande et des dispositifs spéciaux pour habituer les pilotes au vol aveugle.

Puis le C. P. P. N. de Blagnac, près de Toulouse ; le centre de Maligny, dans l’Yonne ; celui de Montjean, près d’Orly, spécialisé dans la formation des hôtesses ; celui de Vilgenis, près de Massy-Palaiseau, pour les apprentis mécaniciens.

Personnel navigant, technique et commercial.

— Une sélection sévère est à la base du recrutement du personnel navigant. Les candidats pilotes doivent justifier d’une expérience professionnelle (700 heures de vol et 50 heures d’entraînement en P. S. V.), de conditions physiques parfaites (la visite du pilote de ligne est plus sévère que celle de l’armée) ; enfin ils doivent présenter des garanties d’ordre intellectuel et moral (culture générale, connaissance de l’anglais, énergie, sens de la responsabilité, etc.). Les limites d’âge à l’embauche sont de vingt-deux à trente ans.

Après avoir satisfait à une série d’épreuves dont la diversité n’a d’égal que la difficulté, afin de juger de leur valeur, les candidats retenus sont admis au stage de formation professionnelle. Parmi 2.500 candidats qui se sont présentés en 1945 et 1946, 250 seulement ont été admis. La grosse majorité d’entre eux étaient d’anciens élèves des écoles des États-Unis, du Canada, de la Grande-Bretagne. Beaucoup avaient à leur actif de magnifiques états de guerre.

En cours de stage, les futurs pilotes subissent périodiquement des examens médicaux très complets et des épreuves psychotechniques conçues pour contrôler leurs réflexes et vérifier leurs qualités physiques et intellectuelles.

Ils suivent des cours de mathématiques, de navigation, de géographie, etc., très détaillés. Ils participent, d’autre part, à des vols d’entraînement sous la direction de chefs pilotes qui ont fait leurs preuves, et ils sont maintenus en contact permanent avec des équipages expérimentés. Toute faute d’ordre technique, psychotechnique ou moral permettant de déceler quelque inaptitude au point de vue métier ou caractère est sanctionnée par un renvoi définitif.

Les stagiaires doivent encore accomplir un minimum, de 50.000 kilomètres de vol sur les lignes en qualité de second pilote à bord des différents types d’appareils » Le stage dure un an.

Tous les pilotes vont, du reste, accomplir régulièrement des périodes d’entraînement dans ce même centre, au fur et à mesure que des appareils d’ordre nouveau entreront en service.

Les radios navigants, brevetés des P. T. T., subissent des épreuves analogues et accomplissent de même un stage au Bourget avant d’être promus radios d’Air-France.

Les mécaniciens navigants sont instruits au centre-école de Blagnac.

Ajoutons ici qu’un nombre important à la fois de navigants et de techniciens ont été envoyés aux États-Unis pour étudier les méthodes d’exploitation et d’entretien sur matériel américain.

Les commissaires de bord et les hôtesses chargés d’accueillir les passagers et de veiller à leur confort à bord sont recrutés parmi des candidats hautement qualifiés. Ils doivent justifier d’une culture générale solide (diplômes universitaires, connaissances pratiques de langues vivantes, etc.), d’une parfaite présentation, de qualités d’ordre moral et d’ordre physique (condition de taille, poids, âge, santé, acuité visuelle). Ces diverses aptitudes, sanctionnées au cours d’épreuves orales et écrites et d’un examen médical très poussé, déterminent leur droit d’admission au stage de formation du centre de Montjean.

En cours de stage, le programme de chaque journée comporte des épreuves éliminatoires.

Les stagiaires commissaires de bord approfondissent leurs connaissances générales (géographie, histoire, économie politique et droit, langues-vivantes, commerce, tourisme, etc.) et reçoivent une formation aéronautique spéciale comportant, à côté d’exercices théoriques, des exercices pratiques (vols d’essai, service).

Les hôtesses reçoivent une formation analogue, qui comporte, en particulier, l’étude poussée de l’économie domestique, de la puériculture, de l’hygiène et du service à bord.

Le stage, où les sports tiennent aussi leur place, dure environ six semaines. Il permet de ne retenir que les sujets de premier ordre susceptibles d’accomplir parfaitement la tâche qui leur sera confiée.

Il n’est jusqu’au personnel des services hôteliers qui ne fasse l’objet d’une sélection et d’une formation.

Les stewards sont choisis avec soin, et des chefs cuisiniers réputés sont entrés au service d’Air-France, afin de préparer les repas sur les lignes long-courriers.

La « cuisine française » aura en effet son rôle à jouer dans notre trafic.

Déjà les passagers de Paris-New-York, de Paris-Rio-de-Janeiro et Paris-Buenos-Aires peuvent déguster des plats chauds de haute qualité, tandis que, sur la plupart des autres lignes, des paniers-repas soignés sont servis aux voyageurs. Les services hôteliers veillent à ce que la « cave » des avions soit bien garnie, surtout en Champagne, particulièrement apprécié par la clientèle.

D’autres dispositions sont prévues pour rendre aussi attrayant que possible le séjour à bord des avions : distribution de revues de luxe, d’itinéraires illustrés, de diverses brochures et, à échéance plus lointaine, projection de films.

Le personnel au sol.

— Il est nécessaire d’augmenter, parallèlement à l’extension du trafic, les effectifs d’un personnel capable d’assurer au mieux le service des passagers et d’accomplir ou de contrôler avec compétence les diverses opérations d’une exploitation toujours plus intense.

La formation professionnelle ne se limite pas aux seuls navigants : Air-France assure l’éducation de ses futurs techniciens à l’école d’apprentissage de Vilgenis. Un équilibre judicieux entre l’instruction générale, l’enseignement technique et l’éducation physique doit aboutir au recrutement des ouvriers d’élite que réclame l’entretien du matériel.

Des instructeurs spécialisés forment, de manière analogue, les divers agents commerciaux employés dans les agences et sur les aérodromes, ainsi que les agents d’exploitation chargés d’assurer la régularité et la sécurité de ses lignes.

Armand AVRONSART.

Le Chasseur Français N°613 Avril 1947 Page 438