L’extension, des réseaux de notre flotte commerciale ne pose
pas seulement des problèmes de matériel, elle exige également le recrutement et
la formation d’un personnel qualifié, dont les effectifs ont été portés de
2.000 en 1944, à plus de 7.000 en septembre 1946.
Ce personnel est formé dans des écoles spéciales de la
Société. Notons, en premier lieu, le C. P. P. N. (Centre de
Perfectionnement du Personnel navigant) au Bourget. Ce centre possède les
installations les plus modernes pour l’entraînement des navigants. On y trouve,
en particulier, une salle aménagée avec 9 link trainers pour les pilotes, une
salle de links spécialement conçue pour les radios navigants, une salle de
cinéma pour la projection de films d’instruction. Le centre comporte également
une trentaine d’appareils de types divers équipés en double commande et des
dispositifs spéciaux pour habituer les pilotes au vol aveugle.
Puis le C. P. P. N. de Blagnac, près de
Toulouse ; le centre de Maligny, dans l’Yonne ; celui de Montjean,
près d’Orly, spécialisé dans la formation des hôtesses ; celui de Vilgenis,
près de Massy-Palaiseau, pour les apprentis mécaniciens.
Personnel navigant, technique et commercial.
— Une sélection sévère est à la base du recrutement du
personnel navigant. Les candidats pilotes doivent justifier d’une expérience
professionnelle (700 heures de vol et 50 heures d’entraînement en P. S. V.),
de conditions physiques parfaites (la visite du pilote de ligne est plus sévère
que celle de l’armée) ; enfin ils doivent présenter des garanties d’ordre
intellectuel et moral (culture générale, connaissance de l’anglais, énergie,
sens de la responsabilité, etc.). Les limites d’âge à l’embauche sont de
vingt-deux à trente ans.
Après avoir satisfait à une série d’épreuves dont la diversité
n’a d’égal que la difficulté, afin de juger de leur valeur, les candidats
retenus sont admis au stage de formation professionnelle. Parmi 2.500 candidats
qui se sont présentés en 1945 et 1946, 250 seulement ont été admis. La
grosse majorité d’entre eux étaient d’anciens élèves des écoles des États-Unis,
du Canada, de la Grande-Bretagne. Beaucoup avaient à leur actif de magnifiques
états de guerre.
En cours de stage, les futurs pilotes subissent
périodiquement des examens médicaux très complets et des épreuves
psychotechniques conçues pour contrôler leurs réflexes et vérifier leurs
qualités physiques et intellectuelles.
Ils suivent des cours de mathématiques, de navigation, de
géographie, etc., très détaillés. Ils participent, d’autre part, à des vols d’entraînement
sous la direction de chefs pilotes qui ont fait leurs preuves, et ils sont
maintenus en contact permanent avec des équipages expérimentés. Toute faute
d’ordre technique, psychotechnique ou moral permettant de déceler quelque
inaptitude au point de vue métier ou caractère est sanctionnée par un renvoi
définitif.
Les stagiaires doivent encore accomplir un minimum, de
50.000 kilomètres de vol sur les lignes en qualité de second pilote à bord
des différents types d’appareils » Le stage dure un an.
Tous les pilotes vont, du reste, accomplir régulièrement des
périodes d’entraînement dans ce même centre, au fur et à mesure que des
appareils d’ordre nouveau entreront en service.
Les radios navigants, brevetés des P. T. T.,
subissent des épreuves analogues et accomplissent de même un stage au Bourget
avant d’être promus radios d’Air-France.
Les mécaniciens navigants sont instruits au centre-école de
Blagnac.
Ajoutons ici qu’un nombre important à la fois de navigants
et de techniciens ont été envoyés aux États-Unis pour étudier les méthodes
d’exploitation et d’entretien sur matériel américain.
Les commissaires de bord et les hôtesses chargés
d’accueillir les passagers et de veiller à leur confort à bord sont recrutés
parmi des candidats hautement qualifiés. Ils doivent justifier d’une culture
générale solide (diplômes universitaires, connaissances pratiques de langues
vivantes, etc.), d’une parfaite présentation, de qualités d’ordre moral et
d’ordre physique (condition de taille, poids, âge, santé, acuité visuelle). Ces
diverses aptitudes, sanctionnées au cours d’épreuves orales et écrites et d’un
examen médical très poussé, déterminent leur droit d’admission au stage de
formation du centre de Montjean.
En cours de stage, le programme de chaque journée comporte
des épreuves éliminatoires.
Les stagiaires commissaires de bord approfondissent leurs
connaissances générales (géographie, histoire, économie politique et droit,
langues-vivantes, commerce, tourisme, etc.) et reçoivent une formation
aéronautique spéciale comportant, à côté d’exercices théoriques, des exercices
pratiques (vols d’essai, service).
Les hôtesses reçoivent une formation analogue, qui comporte,
en particulier, l’étude poussée de l’économie domestique, de la puériculture,
de l’hygiène et du service à bord.
Le stage, où les sports tiennent aussi leur place, dure
environ six semaines. Il permet de ne retenir que les sujets de premier ordre
susceptibles d’accomplir parfaitement la tâche qui leur sera confiée.
Il n’est jusqu’au personnel des services hôteliers qui ne
fasse l’objet d’une sélection et d’une formation.
Les stewards sont choisis avec soin, et des chefs cuisiniers
réputés sont entrés au service d’Air-France, afin de préparer les repas sur les
lignes long-courriers.
La « cuisine française » aura en effet son rôle à
jouer dans notre trafic.
Déjà les passagers de Paris-New-York, de
Paris-Rio-de-Janeiro et Paris-Buenos-Aires peuvent déguster des plats chauds de
haute qualité, tandis que, sur la plupart des autres lignes, des paniers-repas
soignés sont servis aux voyageurs. Les services hôteliers veillent à ce que la
« cave » des avions soit bien garnie, surtout en Champagne,
particulièrement apprécié par la clientèle.
D’autres dispositions sont prévues pour rendre aussi
attrayant que possible le séjour à bord des avions : distribution de
revues de luxe, d’itinéraires illustrés, de diverses brochures et, à échéance
plus lointaine, projection de films.
Le personnel au sol.
— Il est nécessaire d’augmenter, parallèlement à
l’extension du trafic, les effectifs d’un personnel capable d’assurer au mieux
le service des passagers et d’accomplir ou de contrôler avec compétence les
diverses opérations d’une exploitation toujours plus intense.
La formation professionnelle ne se limite pas aux seuls
navigants : Air-France assure l’éducation de ses futurs techniciens à
l’école d’apprentissage de Vilgenis. Un équilibre judicieux entre l’instruction
générale, l’enseignement technique et l’éducation physique doit aboutir au
recrutement des ouvriers d’élite que réclame l’entretien du matériel.
Des instructeurs spécialisés forment, de manière analogue,
les divers agents commerciaux employés dans les agences et sur les aérodromes,
ainsi que les agents d’exploitation chargés d’assurer la régularité et la
sécurité de ses lignes.
Armand AVRONSART.
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