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Lettres de mon perchoir

Acclimatement des volailles.
Les incubations malheureuses.
L’élevage des lapins.

Acclimatement des volailles.

— Du Sénégal on demande : Désireux de remplacer les volailles indigènes, toutes pondeuses très médiocres, fournissant des poulets peu viandeux, manquant de précocité, par des volailles françaises, que conseillez-vous ? Vaut-il mieux importer des sujets reproducteurs de races cotées, ou donner la préférence aux poussins d’un jour transportés par avion, ou encore faire venir des œufs à couver que je ferais incuber à Dakar ?

Cette question été posée à plusieurs reprises par des abonnés du Chasseur Français. Les résultats fournis par des importations de la part des correspondants coloniaux, pour chacun des modes d’acclimatement ci-dessus mentionnés, ayant été décevants, il ne semble pas que l’on puisse les recommander.

C’est ainsi que, si l’on fait venir de France des volailles adultes, même sélectionnées, celles-ci, habituées de longue date à un climat tempéré, souffrent terriblement de la chaleur et, si elles ne succombent pas aux changements brusques de température et d’hygrométrie, leur prolificité tombe rapidement à un chiffre très bas, qui se rapproche sensiblement de celle des poules indigènes d’Afrique.

Les poussins d’un jour ne donnent guère des résultats meilleurs, car ils possèdent les exigences héréditaires de la race dont ils proviennent. Sans compter la mortalité élevée qui résulte de leur transport par avion, toujours trop long, du fait de la prise en charge, les rescapés ne tardent pas à subir une crise morbide qui réduit considérablement leur effectif, et leur acclimatement laisse autant à désirer que celui des adultes.

On pourrait croire que l’importation des œufs à couver n’aurait pas les mêmes inconvénients, mais les embryons de ces œufs, en admettant qu’ils puissent éclore, fourniront des poussins mal adaptés au climat des tropiques, et ils donneront encore bien des déceptions.

Le moyen le plus pratique, celui qui permettrait de revigorer avec le moins de risques les races gallines africaines, tant du côté de l’œuf que de la viande, ce serait de faire cocher les poules indigènes par des coqs d’importation, choisis parmi les races françaises les plus rustiques, telles que Gâtinaise, Caussade, Gasconne, Bresse, etc.

Il suffirait de sélectionner les métisses, issues du croisement de ces coqs avec les poules africaines, pour créer, par la sélection et la fixation des caractères, une lignée de volailles rustiques capables de vivre et de prospérer sous les climats chauds et humides. Mais, pour maintenir la fécondité et la propension à la viande, il faudrait leur infuser de temps à autre un sang nouveau, en important d’autres reproducteurs mâles.

Les incubations malheureuses.

— La première fois que j’ai fait incuber des œufs de poule dans une couveuse artificielle — il y a de cela vingt ans, — j’ai obtenu 90 p. 100 d’éclosions. L’an dernier, le pourcentage de réussite n’a été que de 20 et 26 p. 100. Est-ce une question de microbes ? Pourtant j’ai désinfecté ma couveuse, et tous mes œufs sont fécondés.

La mortalité en coquille peut être attribuée à la contamination des œufs par le Bacillum Pullorum, mais il est plus probable qu’elle provient de l’inobservation des prescriptions à observer pour les bonnes incubations : température débutant à peine à 39° et augmentant progressivement jusqu’à atteindre 40° à la fin de l’incubation. Comme humidité, il faut 70° hygrométriques au début et 80°, voire même 85° à la fin. Les refroidissements et les retournements, doivent être scrupuleusement observés.

Si les œufs n’étaient pas vigoureusement embryonnés, il faudrait incriminer la nourriture, insuffisamment azotée, ou le défaut de vitamines. Dans le cas où le Bacillum Pullorum serait cause de la mortalité en coquille, on devrait prendre les œufs dans une basse-cour où les volailles ne sont pas infectées.

L’élevage des lapins.

— Ma santé laissant à désirer, mon docteur me conseille d’aller me reposer à la campagne, où je pourrais bricoler en élevant des lapins, de manière à subvenir à mes besoins. Quelle race préconisez-vous et comment installer mon clapier ?

Il y a loin de la coupe aux lèvres. Si la vie de plein air est salutaire pour la santé, la conduite d’un clapier de rapport est assujettissante et assez pénible, surtout lorsqu’il s’agit d’assurer son minimum vital.

Je ne voudrais pas vous détourner de votre projet, mais je dois vous dire que sa réalisation n’est pas aussi simple que vous le supposez. En admettant que vous trouviez une propriété convenable, vous devrez vous astreindre à produire la majeure partie des aliments consommés par vos lapins (herbe, foin, racines, tubercules), de façon à ne pas être obligé d’acheter la nourriture, ce qui ne vous laisserait qu’un maigre bénéfice. Cela exige des travaux assez pénibles.

Pour la conduite de votre clapier, prenez vos directives sur un bon manuel et débutez modestement, en faisant tout par vous-même pour réserver vos capitaux. Prenez, pour commencer, une race viandeuse, telle que Vendée ou Gros Normand. Vous verrez, par la suite, si vous avez intérêt à adopter une race à fourrure, ou encore les Angoras, producteurs de soies à filer, dont le prix actuel rend cet élevage particulièrement intéressant.

Mondiage d’ARCHES.

Le Chasseur Français N°613 Avril 1947 Page 448