Voici ce que j’ai pu lire dans un almanach vieux style
trouvé dans ma bibliothèque : nous sommes en 1900 de l’ère chrétienne et
en l’an 5349 de la création du monde. Ajoutez 46 ans, et vous donnerez à
notre univers 5.395 ans.
Les archéologues du temps de Napoléon 1er estimaient
que les Pyramides avaient été bâties peu après la création du monde, qui, pour
eux, comptait quatre mille ans. La célèbre phrase de l’Empereur :
« Du haut de ces Pyramides, quarante siècles vous
contemplent ... », trouve ainsi son explication.
Aujourd’hui, nos savants donnent à la terre au moins deux
mille millions d’années au lieu des quelque cinq mille ans précédemment
accordés. Comment sont-ils arrivés à des résultats si différents ?
Les géologues ont étudié les terrains que l’on peut examiner
dans les tranchées des routes, des chemins de fer, dans les carrières, les
mines, les galeries. Ces terrains sont constitués par des dépôts produits au
fond des eaux, des lacs ou des mers. On les appelle terrains sédimentaires.
Les sédiments contiennent des vestiges d’êtres vivants
aujourd’hui disparus (os, dents, carapaces d’animaux ou bois, racines, graines,
fruits des végétaux, ou encore moulage et empreintes de l’animal ou du
végétal). Tous ces débris, toutes ces empreintes sont désignés du nom général
de « fossiles ». Pour cette raison, ces roches sont appelées
sédimentaires ou fossilifères.
Il se produit actuellement, sous nos yeux, des dépôts marins
ou d’eau douce, et nous pouvons mesurer l’épaisseur du dépôt pendant un nombre
déterminé d’années. Les calculs ont donné 13.000 ans pour que les eaux
aient formé des dépôts de un mètre d’épaisseur.
Comme l’épaisseur des roches sédimentaires est évaluée à
30.000 mètres, il en résulte que le temps nécessaire pour former ces
dépôts correspond à 390 millions d’années.
Mais certains dépôts demandant 20.000 ans pour former
un mètre d’épaisseur, le temps nécessaire à la formation de ces roches pourrait
atteindre 1.000 millions d’années.
Les géographes, eux, ont dit : pendant la formation des
dépôts sédimentaires, la terre a continué à se refroidir, donc à se contracter,
d’où l’explication des plissements de l’écorce terrestre, qui ont fait surgir
les montagnes. Les Alpes et les Pyrénées appartiennent à l’époque tertiaire
dont nous parlons.
Quelle serait la surface de l’écorce terrestre, si elle
était déplissée ?
Avant les plissements, le rayon de la terre était d’environ
un centième plus grand que sa valeur actuelle. Pour arriver à former les plis
des montagnes, il a fallu environ 2.000 millions d’années.
Différence du simple au double dans les calculs des
géographes et des géologues.
Mais, dans ce genre d’évaluations, nous pouvons conclure
néanmoins que l’âge cherché est du même ordre de grandeur.
Enfin, les physiciens ont interprété les phénomènes de
radio-activité et d’émanation. Le radium, l’uranium ont cette particularité de
pouvoir se transformer en un gaz qui existe en petite quantité dans l’air,
appelé hélium.
On a calculé le volume d’hélium émané pendant un an par un
poids déterminé d’uranium.
En cherchant la teneur en hélium d’un minéral naturel trouvé
dans les roches et contenant de l’uranium, on a vu que 400 millions
d’années environ étaient nécessaires pour la formation de ce minéral.
Donc, par des méthodes très différentes, les trois systèmes
donnent des résultats permettant de conclure que l’âge de la terre varie entre
1.000 millions et 2.000 millions d’années.
Il est à remarquer qu’il ne s’agit ici que des roches
sédimentaires, alors qu’il existe aussi une masse énorme de roches cristallines,
plus anciennes, dont les calculs n’ont pas tenu compte.
Parmi les roches cristallines, nous avons les couches de
gneiss et de micaschistes, les masses non stratifiées de granit.
On admet aujourd’hui que le granit proviendrait d’une sorte
de fusion des roches cristallines, lorsque les plissements ont ramené ces
roches dans les parties profondes de l’écorce terrestre où la température est
très élevée.
Ces roches fondues contribueraient à former ensuite de
nouvelles roches éruptives, qui, sous l’action de l’eau extérieure, seraient
elles-mêmes l’origine des roches sédimentaires.
Dès lors, par le jeu de ces transformations, les 2.000 millions
d’années données à la terre ne constitueraient plus qu’une petite fraction
applicable seulement aux terrains récents.
A. J.
|