Un certain nombre de sociétés départementales de chasseurs,
nos anciennes fédérations, profitent à bon escient des foires-expositions de
leur département pour y présenter un stand mettant le public au courant de leur
activité. C’est une très louable initiative et qui connaît de réels succès. Les
visiteurs sont attirés par de beaux trophées de chasse autant que par la
diversité des pièces exposées : tenues et boutons des équipages, armes,
mobilier, tableaux, collections.
Parmi ces souvenirs des chasses régionales, l’activité du
groupement est mise en relief par des documents présentés sous forme de résumés
synoptiques et donnant tous détails utiles sur l’importance de la société
départementale, sur le nombre et la répartition de ses affiliés, de ses sociétés
communales, sur les tournées de la brigade mobile, sur ses prises, sur le
piégeage et la destruction des animaux nuisibles, enfin sur les essais de
repeuplement et sur les résultats obtenus en cette matière grâce aux réserves.
Une telle présentation vaut mieux mille fois que tous les bulletins ou comptes
rendus, trop souvent parcourus à la hâte par un petit nombre de lecteurs ;
tandis que, dans un stand bien organisé, la foule toujours dense voit et
apprécie.
Jadis ces présentations se faisaient sous l’égide des
veneurs et des chasseurs ainsi que des lieutenants de louveterie, à l’occasion
des concours agricoles : c’était un à-côté du concours, et l’on ne pouvait
guère opérer autrement puisque les fédérations n’étaient pas nées. Je parle de
ce que j’ai vu au début du siècle actuel, me souvenant en particulier d’une de
ces expositions qui eut pour siège le mail de Blois, bordant le large ruban de
la Loire avec ses grèves de sable où se jouait le soleil, dans un décor
maintenant bien ravagé par la guerre. Les adjudicataires de chasse des forêts
de Blois, de Russy, de Boulogne, les veneurs de ces beaux massifs de futaie,
les habitués des chasses de Chambord, de Sologne, de Beauce et du Perche
blésois avaient gracieusement mis à la disposition des dirigeants une partie de
leurs trophées et même des spécimens de gibier vivant, d’oiseaux de nos forêts,
parmi lesquels un jeune coucou vorace occupait le nid usurpé d’un couple de
fauvettes.
Ce que nous voyons maintenant est plus instructif si
possible, les fédérations ayant parmi leurs membres des collectionneurs qui, de
bon cœur, prêtent dans un local bien aménagé une partie au moins de leurs
pièces les plus rares ou les plus curieuses.
Nous l’avons constaté en bien des régions, et nous venons
d’y applaudir dans une de nos provinces les plus attachées aux traditions de la
vénerie comme de la chasse à tir, le Poitou. C’est sous les ombrages de Blossac
que la société départementale de la Vienne, présidée par un maître d’équipage
renommé, animée par un directeur avec qui j’ai fait mes premières armes et qui
n’a jamais cessé d’être un fervent disciple de saint Hubert, c’est au Rond-Point
du Jet d’Eau que le groupement des chasseurs poitevins avait, en mai dernier,
installé son stand sous la forme d’un « rendez-vous de chasse ».
Rien n’y manquait, pas même un des loups de la Vienne,
naturalisé, face à un vieux solitaire tué au ferme après avoir décousu
plusieurs des chiens devant lesquels il tenait les abois. Les plus beaux cerfs
de Meulière, les sangliers les mieux armés, dont un très gros de teinte isabelle,
les chevreuils, renards, blaireaux y figuraient comme trophées à côté d’une
charmante tête de jeune marcassin et devant des mannequins portant tenues et
boutons des équipages du Poitou. Fusils anciens et précieux, trompes, dagues,
fouets, panoplies, tableaux de choix étaient répartis sur les divers côtés du
stand que meublait un curieux salon dont les éléments : table, chaises et
lustre, sont montés sur bois de cerfs.
Il serait téméraire de penser que les nombreux spectateurs
d’une telle manifestation cynégétique auront été tous convertis à la cause de
la chasse disciplinée. Mais il est certain que tous en ont rapporté
d’excellentes impressions.
Je n’en dirai pas plus puisqu’une vieille et fidèle amitié
me lie au directeur, au réalisateur de ce pavillon de chasse, dont nous
évoquerons entre nous, je l’espère, le succès très mérité, dans le cadre plus
modeste de nos prochaines sorties en plaine et au bois.
Pierre SALVAT.
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