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Sports nautiques

Dériveur de tourisme « Week-end »

Nous présentons ci-contre un petit dériveur économique, puisque nous sommes toujours condamnés aux séries « restriction ». Il présente l’avantage de pouvoir être construit par un amateur pour 25.000 francs environ. D’une longueur totale de 5m,50, il a une largueur de 2m,20, qui lui assure une grande stabilité et le rend pratiquement inchavirable. Trois cloisons étanches ajoutent à la sécurité de ce petit yacht. Le tirant d’eau normal de 0m,25 donne 1 mètre, dérive abaissée. Le poids total ne dépasse pas 650 kilos. Les aménagements comprennent, de l’avant à l’arrière, un poste avec capot, une cabine à deux couchettes où deux personnes et un enfant peuvent passer la nuit ; sur le puits de dérive, la table classique dont les côtés sont rabattables ; à la tête des couchettes, lavabo, réchaud, placard. Dans le cockpit, on trouve deux banquettes relevables et un coffre pour les filins. Un moteur hors-bord de faible puissance peut être prévu comme auxiliaire de la voilure. L’amateur peut, en outre, choisir, suivant ses goûts, entre deux types de gréement : houari ou marconi.

La coque à angles vifs ne simplifie pas tellement la construction ; elle permet un gain de temps tout simplement. En fait, cet avantage n’est pas d’une grande importance pour le constructeur amateur, qui recherche surtout le minimum de capital à investir. Nous estimons que ce dériveur revient à 25.000 francs environ. Voici d’ailleurs comment se répartit le devis : bois et débit, 6.000 francs ; chevilles et pointes, 1.500 francs ; peintures et vernis, 1.300 francs ; ferrures, 4.500 francs ; voile (houari), 9.000 francs.

Cette construction peut être entreprise par n’importe quel bricoleur assez habile pour pouvoir scier et clouer proprement des bois aux cotes d’un devis.

Les plans pour formes, charpente, montage, voilure, aménagements, sont à l’échelle de 1/10e. Ceux des demi-couples, guirlandes, équerres, courbes, étrave, coupe de la dérive, barrotage, sont en grandeur vraie. La confection de la voilure devra être laissée à un professionnel. Quelques amateurs ont voulu coudre eux-mêmes leurs voiles. Neuf fois sur dix, l’essai se solde par un échec. Il ne faut pas oublier que les voiles se déforment suivant des lois bien définies pour chaque type de voile. Il faut prévenir ces déformations, et c’est là qu’intervient la technique du voilier. Signalons à ce sujet que les voiles en nylon sont de plus en plus demandées par les plaisanciers. Elles sont bien supérieures au coton et à la soie. Il en est de même pour les filins. Les câbles en nylon, très rares, étaient ces derniers temps accaparés par les fervents du vol à voile pour le remorquage des planeurs. On trouve actuellement dans le commerce des filins en nylon pour le yachting. Les prix en sont encore élevés, mais si l’on tient compte des avantages, ne serait-ce que l’imputrescibilité et la durée, on s’aperçoit que le nylon est finalement plus économique que le chanvre ou le coton.

À titre indicatif, voici les prix demandés actuellement pour les câbles en nylon pour yachts (prix portant sur des dimensions extrêmes) :

    Diamètre, 8 millimètres ; poids, 30 grammes au mètre ; résistance, 640 kilos : 78 francs le mètre ;
    Diamètre, 18 millimètres ; poids, 175 grammes au mètre ; résistance, 2.000 kilos : 336 francs le mètre.

Évidemment, si vous proposiez d’équiper ainsi un trois-mâts, il est certain que son armateur vous regarderait de travers. Mais, pour un petit voilier de 5 à 6 mètres ... vous ne risquez qu’une petite réflexion pincée de Madame qui vous fera judicieusement remarquer qu’elle pourrait très bien expérimenter elle-même la résistance du nylon.

Il lui suffirait d’une paire de bas ...

A. PIERRE.

Le Chasseur Français N°615 Août 1947 Page 536