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Prélude à l’automne

De nombreuses vacances étant prises dès juillet, une chronique sur les modes de plein été n’intéresse déjà plus les lectrices dont l’évasion vers le plein air est chose faite ; celles qui partent ce mois-ci sont prêtes ou en passe de l’être, il n’est plus temps pour elles de préparer leurs toilettes de plage ou de campagne ; d’autre part, pour le plus grand nombre, les vacances se prolongent jusqu’à fin septembre, voici donc que nous apparaît toute l’utilité de ces innombrables « robes-surprises » qui nous furent proposées en mai par la couture parisienne.

De charmantes casaques, des jaquettes, sorte de robes-manteaux ou de redingotes écourtées à basques plissées ou en forme en toile, en lin, en gros tussor ou en jersey, dont la basque assez longue, recouvrant exactement un short, se posent aussi bien sur une jupe d’après-midi que sur une longue jupe pour le soir du même ton ou d’un ton absolument opposé ; des blousons, des chemisiers ou des boléros, découvrant un corsage largement décolleté ou un bain de soleil, et surtout les innombrables et si pratiques paletots droits de couleurs douces ou vives peuvent encore nous rendre d’innombrables services.

Ces paletots, vous pouvez à votre gré les porter longs ou courts ; à manches longues, mi-longues ou courtes ; les plus nouveaux ont une emmanchure raglan ou kimono, large et souple, qui donne, à la ligne du vêtement une légère forme « tonneau » ou entravée. Exécutés en lainage ou en velours côtelé, ils feront encore un excellent premier manteau d’automne ; en les choisissant dans les tons roux, jaunes ou parme, rose soutenu, fraise, buvard, rubis clair, dans toutes les jolies nuances pastellisées qui vont du blanc crayeux ou coquille d’œuf aux tendres bleus lin ou lavande, en passant par le bois de rose ou le vert argenté des eaux dormantes, vous les porterez encore en automne sur des robes foncées noires, marine ou gris sombre ; tant que durera l’été, vous les porterez sur les robes de toile, sur les shorts, sur les pantalons longs et sur les pantalons corsaires, très à la mode cette saison. Si septembre est doux et beau, n’hésitez pas à prolonger la vie de votre tailleur ou de votre deux-pièces imprimés si élégants avec les grands chapeaux dont la mode s’est nettement imposée. Au reste, les modistes ont gagné définitivement la partie, le chapeau a fait une rentrée triomphante cet été à Paris ; dans toutes les réunions élégantes, les femmes les mieux habillées, mais tête nue, semblaient déplacées.

Les grands coiffeurs et les grandes modistes ont travaillé dans ce sens et en complète union, les cheveux raccourcissant se disciplinent en larges ondes, bien massés autour de la tête ; aucune femme élégante ne supporte aujourd’hui une coiffure en hauteur, crêpée ou compliquée ; les boucles légères sont disposées sur la nuque et derrière les oreilles ; on voit, en revanche, réapparaître de légères franges sur le front, tandis que les nattes et les torsades, postiches ou non, se font plus rares, plus discrètes et presque uniquement réservées comme ornement de coiffures du soir. Les cheveux brillants et très soignés se portent cendrés grâce à des rinçages subtils bleutés ou roses, nuances qui s’harmonisent d’ailleurs avec les maquillages légers sur des peaux qu’on veut saines, claires, vivantes, libérées du masque asphyxiant des fonds de teint que j’ai toujours déplorés.

Je ne veux pas finir cet article sans me réjouir également de la fin des semelles compensées et du retour aux spirituels « chaussants » d’avant guerre. Nos grands bottiers ont gardé ce qu’elles avaient de bon, un patin assez épais qui grandit les petites femmes et protège la marche des autres, mais sont tous revenus au talon évidé qui fait la marche élégante et légère.

Tout ceci nous promet de belles et élégantes collections d’automne.

G. P. DE ROUVILLE.

Le Chasseur Français N°615 Août 1947 Page 549