Mon excellent ami de Kermadec, rédacteur attitré et
justement apprécié du Chasseur Français, vous a souvent dit que les
amateurs de petite vénerie employaient de plus en plus les beagles et les
petits anglo-français. Rien n’est plus exact. Entre les deux tendances
extrêmes, celle qui n’admet que le chien courant pur français et celle qui
donne toutes ses préférences aux chiens anglais, est née une tendance
intermédiaire. Beaucoup de petits veneurs se sont dit, en effet :
« Pourquoi ne suivrions-nous pas l’exemple que nous ont donné les maîtres
d’équipages de grande vénerie ? Pour obtenir plus de train et de tenue que
n’en ont les purs français, tout en conservant l’ardeur de la chasse, la gorge
et la finesse de nez, qui sont inégalables en dehors de nos chiens français,
ils ont créé les grands bâtards. Ces chiens-là, bien réussis, sont tellement
supérieurs aux anglais purs et aux français purs, qu’ils constituent l’immense
majorité des effectifs de nos chiens de meute. C’est bien la preuve évidente de
leur supériorité. »
Bon nombre de petits veneurs ont donc fait des croisements
et obtenu de petits anglo-français, souvent bien disparates comme taille et
comme type, mais presque toujours excellents en chasse.
J’ai dû batailler plusieurs années avec les organismes
supérieurs pour obtenir que ces petits anglo-français soient officiellement
reconnus par la Société de Vénerie et la Société centrale. Grâce à la grande
compréhension du regretté comte Henri d’Andigné, qui était alors président de
la Société de Vénerie et vice-président de la Société centrale, le petit
anglo-français a fini par avoir droit de cité parmi les chiens reconnus.
Mais sa situation n’est pas encore très nette, elle a besoin
d’être clarifiée sur plusieurs points.
Dans le livre officiel des standards publié par la Société
centrale et la Société de Vénerie, il est classé dans la deuxième section du
sixième groupe.
Mais, dans la nomenclature officielle que la Société
centrale communique aux sociétés régionales, il a été totalement oublié et ne
figure nulle part. Les sociétés régionales l’ignorent donc et le classent
d’office parmi les anglo-français du quatrième groupe, alors que ce groupe ne
doit comprendre que les chiens dont la taille excède 60 centimètres.
Les petits chiens de lièvre anglo-français vont de 0m,45
à 0m,60, ou plus exactement, dans la réalité, jusqu’à 0m,55.
Il est absolument impossible de juger des chiens de 0m,45
avec des chiens de plus de 0m,60. C’est un casse-tête chinois,
contre lequel tous les juges demandent un remède.
Il y a donc lieu d’obtenir de la Société centrale et de la
Société de Vénerie une solution équitable ... et qui mette en harmonie
leur livre des standards et la nomenclature !
D’autre part, il y aurait grand intérêt à donner plus de
précision sur ce que doivent être ces petits anglo-français, tant au point de
vue de la taille que du point de vue d’un minimum de type français. Peut-être
serait-il encore souhaitable qu’on fît plusieurs catégories, d’abord d’après la
taille (2 par exemple : chiens de moins de 0m,50 et chiens de
plus de 0m,50), ensuite d’après le type de la race française ayant
servi de souche.
Ce sont là des questions qui ne peuvent être résolues que
par un club spécial, qui aura toute l’autorité nécessaire. Un certain nombre
d’amateurs de petits anglo-français seraient partisans de la création de ce
club. Je prie donc tous ceux qui s’intéresseraient à cette question de vouloir
bien me donner leur adhésion de principe en même temps que leurs suggestions.
Paul DAUBIGNÉ,
Saint-Sauveur, par Bruissière (Deux-Sèvres).
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