Élagage des formes en plein vent.
— Les arbres fruitiers vont entrer dans leur période de
repos. Leurs fonctions diminuent jusqu’au repos complet. Pendant ce laps de
temps, il est possible de leur faire subir des suppressions d’organes sans
désorganiser la vie du végétal. Le moment est propice pour aérer la tête des
arbres en plein vent, afin de favoriser la pénétration de l’air et de la
lumière. Il sera facile d’arriver à ce résultat en coupant toutes les branches
qui se gênent en chevauchant les unes sur les autres. On dégarnit le centre en
supprimant tous les rameaux se développant verticalement. L’air, la lumière
pénétrant directement, la nouaison des fleurs se trouvera favorisée, les fruits
seront plus abondants et plus gros.
Égaliser ensuite les branches charpentières pour donner à
l’arbre une forme régulière de manière que le côté droit égale celui de gauche.
La distribution de la sève deviendra plus abondante, les productions
fruitières, mieux alimentées, donneront des récoltes constantes de gros et bons
fruits. On profitera de cette opération pour supprimer toutes les branches
mortes en faisant la coupe sur le bois vivant. Facile à reconnaître par sa
couleur blanchâtre, sans taches, brunes ou noirâtres à sa surface, la coupe
sera entourée au-dessous de l’écorce d’un liséré vert foncé exsudant un liquide
sirupeux. Quand on est obligé de couper la branche à sa naissance, la coupe
doit toujours être tangentielle à son insertion sur le tronc. Étendre sur la
coupe un mélange de chaux grasse éteinte avec du goudron de houille, en
quantité suffisante des deux composants pour obtenir une pâte facile à
recouvrir la plaie avec une spatule. Cette précaution évitera la nécrose du
bois.
Porter ensuite toute son attention sur l’état de santé des
écorces, du bois des branches et du tronc, afin d’intervenir au début de
l’infection. À ce moment, l’arbre n’étant pas épuisé par la maladie, il sera
facile de juguler la cause par la suppression des organes malades, éviter sa
dissémination et donner aux traitements une efficacité complète.
Chancre.
— À cette époque apparaissent, sur les branches, le
tronc, de petites taches déprimées, l’écorce brunit sur le point infecté, se
crevasse et laisse le bois à découvert. La partie nécrosée s’étend en longueur.
Un premier bourrelet se forme tout autour du point attaqué, bientôt suivi par
un deuxième prenant naissance sur la partie périphérique du premier. Celui-ci
est suivi d’un troisième bourrelet, qui sera remplacé par un quatrième, jusqu’à
l’envahissement complet de la branche. Il est nécessaire d’appliquer un
traitement le plus tôt possible, avant que l’invasion soit trop profonde ou
trop étendue.
Traitement.
— Mettre à nu le tissu vivant ; badigeonner avec
une solution de sulfate de fer à 50 p. 100 dont l’acidité est augmentée
par 1 p. 100 d’acide sulfurique. Recouvrir la plaie avec du goudron et de
la chaux.
Maladie des cerisiers. Gnomonia.
— Les feuilles sont attaquées par un champignon, elles
s’enroulent sur elles-mêmes, se dessèchent et restent adhérentes à l’arbre. Les
fruits sont arrêtés dans leur développement, mûrissent mal, subissent des
déformations.
Traitement.
— Couper sur les parties vivantes les branches malades,
badigeonner les plaies avec du goudron et de la chaux.
Pulvériser à la bouillie bordelaise à 3 p. 100 de
sulfate de cuivre toutes les branches à la chute des feuilles et un deuxième
traitement au printemps à la sortie des bourgeons avec une bouillie à
l’oxychlorure de cuivre à 1 p. 100.
Maladie des arbres à fruits à noyau.
— Pêcher, prunier, cerisier, abricotier.
MALADIE CRIBLÉE, CORYNEUM : champignon qui provoque sur
les feuilles des taches ; celles-ci se desséchant, les tissus contaminés
disparaissent, laissent sur les feuilles des taches nettement délimitées, qui
sèchent et disparaissent, laissant la feuille trouée à leur endroit comme à
l’emporte-pièce. C’est pendant l’hiver que le champignon est le plus
dangereux ; il détruit un grand nombre d’yeux, sur les pêchers notamment.
Il provoque ainsi le dégarnissement de coursonnes, ou tout au moins une
répartition très arbitraire de bourgeons et de fruits. La récolte est non
seulement diminuée, mais le champignon pénètre dans l’œil terminal, se développe
dans son intérieur au moment où il s’allonge. La partie contaminée meure, se
dessèche, et tous les rameaux de l’année sont mortifiés entièrement ou en
partie.
Traitement.
— Cette maladie se trouvera enrayée en pulvérisant, à
la chute des feuilles, une bouillie cuprique. La dose moyenne est de 1 kilogramme
de sulfate de cuivre par hecto, avec 2 kilogrammes de chaux grasse pour en
neutraliser l’acidité.
Elle est obtenue en versant le lait de chaux dans la
solution de sulfate de cuivre et non inversement (on obtiendrait un hydrate de
cuivre beaucoup moins soluble). On complète ensuite à 100 litres d’eau. Les
bouillies sont d’autant plus adhérentes qu’elles sont préparées depuis moins
longtemps.
BLANC DU PÊCHER ou MEUNIER. — Cette maladie est
provoquée par un champignon dont l’appareil végétatif est superficiel ; il
recouvre les jeunes feuilles, les rameaux non lignifiés, leur donne une teinte
grisâtre caractéristique avec une odeur de moisissure. Cette maladie est
enrayée dans son développement par des poudrages au soufre sublimé, lorsque la
température est au-dessus de 20° C. Quand le thermomètre est au-dessous de
15° C, employer une bouillie au permanganate de potasse.
Faire dissoudre 15 grammes de permanganate de potasse
dans 2 litres d’eau chaude non bouillante. Préparer un lait de chaux avec
250 grammes de chaux grasse dans 10 litres d’eau. Verser la dissolution
de permanganate dans le lait de chaux. Cette préparation devra être pulvérisée
le plus tôt possible. Éviter d’utiliser des récipients en bois.
Fruits momifiés sur l’arbre pour les espèces à noyaux et
à pépins.
— LE MONILIA, champignon parasite, attaque les fruits
au voisinage de leur maturité. Le début se révèle par une tache brune, qui
s’agrandit rapidement pour envahir la totalité du fruit. À mesure que la tache
s’agrandit, des coussinets gris cendré apparaissent, disposés en cercles
concentriques.
La pénétration du parasite s’opère par les piqûres
d’insectes, les blessures ; le contact d’un fruit malade suffit pour
infecter les fruits voisins. Après s’être ramollis, les fruits se dessèchent et
se momifient.
Les fleurs et les rameaux restés sur l’arbre émettent des
spores. Une période humide à la floraison suffit à déclencher l’infection. Les
fleurs se dessèchent, et l’attaque d’une fleur amène la dessiccation du rameau
situé au-dessus.
Moyens de lutte.
— 1° Débarrasser soigneusement les arbres fruitiers des
fruits momifiés ;
— 2° enlever tous les rameaux desséchés, cureter le chancre
jusqu’au bois sain et les badigeonner au goudron mélangé de chaux au départ de
la végétation.
Traitements.
— Pulvériser au débourrement, les arbres ayant porté
des fruits momifiés avec une bouillie à 2 p. 100 de sulfate de cuivre ou à
1 p. 100 d’oxychlorure de cuivre. Compléter l’effet du traitement
précédent, si le temps est humide, par une deuxième application avec les
diverses bouillies citées, à l’ouverture des premières fleurs.
Pendant la végétation, traiter après la chute de la
collerette, et une deuxième fois six semaines à un mois avant la maturité. Se
servir pour ces traitements de l’oxychlorure de cuivre, pour éviter les
brûlures et la chute des feuilles.
A. DÉAUX.
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