On nous apprend à l’école que la plante a besoin, pour
végéter : d’eau, d’air et de chaleur. Ces trois conditions indispensables
ne sont pas suffisantes. Il faudra à celle-ci un support-milieu où elle se
développera et trouvera quelques-uns de ses aliments.
Le végétal forme ses tissus et ses réserves avec le carbone
qu’il trouvera dans l’air, l’oxygène qu’il empruntera à l’eau et à
l’air, l’hydrogène qui lui sera fourni par l’eau ; quant à l’azote,
il doit le trouver dans le sol (exception faite pour les légumineuses).
Il lui faudra également des matières minérales, entrant dans
le végétal sous forme de composés complexes, ou servant de catalyseurs,
dont les principales sont : fer, chaux, magnésie, potasse, soude, soufre,
chlore, etc.
En ce qui concerne la vigne, la bouture, greffée ou non, va
être plantée dans un sol bien préparé ; si elle n’est pas introduite
racinée, son premier soin sera de former son système radiculaire.
Nous conseillons à ceux que ce sujet intéresse de lire
l’étude de M. E. Deaux parue dans le numéro d’avril-mai, sous la
rubrique : « L’arbre fruitier. »
Les labours sont pour la vigne de la plus haute importance,
et, dans la culture intensive, il ne faut pas songer à en diminuer le nombre,
ni à les supprimer.
Les labours d’hiver, appelés buttage ou chaussage, protègent
les jeunes ceps contre les gelées, détruisent les mauvaises herbes et nettoient
le vignoble, dispersent les amas de feuilles, ramènent les larves des insectes
à la surface et les exposent aux intempéries, soumettent le terrain retourné
aux agents atmosphériques et facilitent la pénétration de l’eau.
Les façons culturales de printemps, appelées débuttage ou
déchaussage, suivies du décavaillonnage, ont pour but de détruire les herbes
qui ont commencé à germer, d’ameublir et d’aérer le sol.
Les binages qui suivent ont pour effet de ralentir
l’évaporation de l’eau, de maintenir le sol propre et aéré.
N’oublions pas que, dès que la température et l’humidité le
permettent, le sol aéré devient le siège de fermentations intenses dues
aux micro-organismes, véritables démolisseurs des corps minéraux et organiques,
travaillant ainsi au profit de la plante en lui donnant une partie de son
alimentation sous forme assimilable.
D’après les expériences entreprises, il y a quelques années,
à l’École Nationale de Viticulture de Montpellier, les façons culturales de
printemps et d’été doivent être faites en surface ; on obtient
ainsi de meilleurs rendements.
Les outils qui servent à ces travaux sont les plus
divers : on travaille encore à la main dans quelques endroits où la faible
surface ou le terrain accidenté ne permettent pas l’emploi d’un animal ;
on emploie la houe à main, appelée aussi marre dans quelques régions.
Avec la traction animale, on emploie en général de petites
charrues spéciales, dont l’usage est à généraliser partout. Elles sont légères,
maniables, facilement réglables, et ont l’avantage de pouvoir être tractées par
un seul animal ; dans les pays où on travaille avec une paire de bovidés,
on pourrait n’en employer qu’un seul (comme cela se pratique déjà), ce qui
permettrait, dans les nouvelles plantations, de diminuer la largeur des rangs
et d’avoir ainsi plus de plants pour une surface donnée.
Comme instruments d’entretien ; on emploie des
herses-cultivateurs, munies le plus souvent de dents ressort de profondeur
réglable ; à notre avis, ce sont de bons instruments.
Le dernier-né, le pulvérisateur à disques, fait un bon
travail, mais exige une forte traction et tourne mal en bout de rang. Il y a là
un dispositif à étudier pour le rendre adaptable au vignoble.
On parle beaucoup motoculture ; il y a déjà quelques
années que les motoculteurs sont employés dans le maraîchage et au vignoble. Il
y aurait lieu de les faire fonctionner au pétrole au lieu d’essence, afin
d’éviter l’évaporation notable de ce dernier liquide pendant les fortes
chaleurs.
Ces petits appareils rendent dans le vignoble de bons
services, ils sont maniables et assez économiques.
Certains sont montés avec corps de charrue ordinaire,
d’autres ont un dispositif spécial ; les parties travaillantes, sortes de
socs, sont montées sur tambour rotatif directement commandé par moteur. La
largeur et la profondeur du labour sont variables. Découpant la terre, hachant
les racines des mauvaises herbes, ces appareils sont appelés, de ce fait, à
rendre certains services dans les bonnes terres argilo-calcaires, où, comme on
dit, « l’herbe repousse derrière la charrue ».
Dans d’autres systèmes, le tambour porte des griffes
destinées seulement au binage.
Enfin quelques appareils sont transformables en changeant la
forme des pièces travaillantes.
Quel que soit le modèle adopté, il faut que l’outil soit
adapté au terrain et au travail que l’on désire exécuter.
V. ARNOULD,
Ingénieur-agronome.
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